Dans la capitale tchadienne, N'Djaména, les usagers éprouvent d'énormes difficultés pour se déplacer et les prix des transports en commun ont été augmentés unilatéralement par les conducteurs, au grand dam des pouvoirs publics qui peinent par ailleurs à mettre en circulation les moyens publics de transport.
Début juin 2012, le ministre de la Sécurité publique et de l' Immigration, Ahmat Mahamat Bâchir, a annoncé que, désormais, les conducteurs de véhicules de transport urbain et interurbain devraient respecter le nombre de places assises tel que mentionné sur la carte grise.
Aussitôt, la course de taxi et de minibus a augmenté d'au moins 50 F CFA sur les axes de la capitale: de 100 à 150 F CFA ou de 150 à 200 F CFA pour le minibus, de 150 à 200 F CFA ou de 200 à 250 F CFA pour le taxi.
De N'Djaména vers certaines villes secondaires du pays, les prix du transport en commun ont également subi une hausse vertigineuse, atteignant parfois le double.
"Au lieu de penser à une augmentation, ils (les conducteurs, Ndlr) devraient pourtant baisser les prix des transports, car depuis la mise en exploitation de la raffinerie locale en 2011, le prix de l'essence à la pompe a été réduit de moitié pratiquement", pense Ahmat Moussa, fonctionnaire au ministère des Transports.
Mais selon les chauffeurs, l'augmentation du tarif leur permet de compenser les charges qu'ils couvraient avec un nombre de passagers plus élevé que les places assises prévues et de maintenir ainsi leurs marges de bénéfice.
Cette décision unilatérale a été condamnée par les consommateurs et par les pouvoirs publics.
"Nous avions en son temps appelé les usagers à refuser de prendre les minibus et les taxis aux tarifs fixés par les chauffeurs par leur seul vouloir", se souvient Daouda Alhadj Adam, secrétaire général de l'Association pour la Défense des droits des Consommateurs (ADC).
Mais l'appel au boycott n'a pas été suivi. "Si les usagers acceptent de payer les tarifs fixés par les transporteurs des minibus et taxis, et ne les dénoncent pas, ils partagent cette responsabilité", ajoute le secrétaire général de l'ADC.
Des négociations entre les ministères des Transports et du Commerce, d'une part, et le Syndicat National des Transporteurs Urbains et Interurbains du Tchad (SNTUIT) n'ont pas réussi à trouver une solution à cette hausse unilatérale des tarifs.
Le ministre du Commerce et de l'Industrie a appelé au maintien des anciens tarifs, en vain. "Pour que cette décision soit effective, il faut que les forces de l'ordre descendent sur le terrain pour déceler les brebis galeuses", estime M. Daouda Alhadj Adam.
Face à l'intransigeance des conducteurs et à l'incapacité des pouvoirs publics, les usagers sont tombés dans la résignation. Samedi, ils se plaignaient d'être "entassés comme des sardines"; aujourd'hui, ils plient l'échine face aux mêmes chauffeurs de taxis et de minibus omnipotents.
"Nous sommes obligés. Nous n'avons pas le choix. Quand on est pressé, on doit faire avec. Les chauffeurs de bus nous traitent comme leurs enfants. Mais, que voulez qu'on fasse?", se demande Arthur Masra, un jeune commerçant au Marché central, le plus grand de N'Djamena.
Mise à part cette hausse des prix des courses, les usagers éprouvent toujours des difficultés à se déplacer. Pour se rendre à temps à ses bureaux ou au marché, l'on doit se réveiller très tôt pour se pointer aux abords des grands axes. Empoignades, bousculades et injures sont fréquents dans aux stationnements des taxis ou des minibus.
Dans les marchés, aux heures de pointe, il faut être physiquement fort et rapide pour gagner une place.
Des particuliers ont ainsi pris en otage les transports en commun, un secteur oĂą l'Etat se casse la tĂŞte et n'arrive pas Ă s' affirmer. Diverses tentatives de mise en place de moyens publics de transport, notamment urbain, n'ont pas abouti Ă ce jour.
Quarante gros bus de transport en commun, commandés par l'Etat, la mairie de N'Djaména et la Chambre de Commerce, d'Agriculture, des Mines et d'Artisanat (CCIAMA), pour les transports en commun urbain et interurbain, sont garés depuis plusieurs mois dans le stade municipal, en construction continue, du quartier Klémat, dans la commune du 2ème arrondissement de N'Djaména.
Une Société Moderne de Transport (SOTRAM) a été mise en place par le ministère des Transports et de l'Aviation Civile pour gérer 30 de ces bus pour le transport urbain dans la capitale.
"Le tarif du transport urbain à N'Djaména, avec ces 30 bus ( dont le nombre augmentera avec le temps), est fixé à 100 F CFA, quelle que soit la destination", confie Mahamat Awaré Néissa, secrétaire général du ministère des Transports et de l'Aviation civile. Les dix autres bus serviront au transport interurbain.
Selon M. Mahamat Awaré Néissa, un planning du transport dans la capitale est même établi. Mais des difficultés retardent la mise en circulation des gros bus.
"Le contrat a été signé entre la mairie et la société Goudiaby, avant la création du ministère des Transports et de l'Aviation Civile. Donc, la réception doit se faire entre la marie et la société. Nous en avons informé les nouveaux responsables municipaux, mais ils nous ont signifié qu'ils allaient d'abord prendre connaissance du dossier avant de nous répondre", explique M. Mahamat Awaré Néissa.
Dans l'objectif global d'arrivée à moderniser la ville de N'Djaména, au fur et à mesure que les bus de transport en commun seront mis en circulation, pour un transport approprié, les lignes des minibus et taxis devront être rétrécies et les itinéraires des "clandomen" (conducteurs de moto-taxis) seront déterminés, pour réduire les embouteillages. 12112012 Xinhua
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