Congo, République démocratique : les rebelles du M23 sous pression diplomatique pour quitter Goma
le 26/11/2012 09:21:29
Congo, République démocratique

Les efforts diplomatiques s'accentuent pour une sortie de crise en RD Congo, où les rebelles du M23 sont pressés par l'Union africaine de quitter Goma, principale ville de l'est, alors que le chef du M23 espérait dimanche une nouvelle rencontre avec le président congolais Joseph Kabila.




Le chef politique du Mouvement du 23 mars (M23), Jean-Marie Runiga, a expliqué que de nouveaux pourparlers avec M. Kabila étaient prévus dimanche à Kampala, après une première entrevue samedi, en marge d'un sommet régional de chefs d'Etats africains dans la capitale ougandaise. La tenue de ces pourparlers n'a pas pu être confirmée.

Dimanche, l'Union africaine (UA) a appelé le M23 à se conformer aux décisions du sommet de Kampala d'arrêter les hostilités et de se retirer avant mardi de Goma, la capitale de la riche province minière du Nord-Kivu (est). Le M23 doit prendre "instamment les mesures appropriées, en accord avec les décision de Kampala", a déclaré dans un communiqué la présidente de la commission de l'UA, Nkosazana Dlamini Zuma. Elle a également salué "l'engagement du gouvernement de la RDC à écouter, évaluer et prendre en compte toute revendication légitime du M23". "Le sommet (...) a dressé un plan en dix points qui prévoit le retrait immédiat des éléments du M23 de tous les endroits qu'ils ont récemment occupés ainsi que l'établisssement d'arrangements de sécurité pour suivre la situation sur le terrain", ajoute le communiqué de l'UA. La déclaration finale du sommet demande aux rebelles de se retirer au moins à 20 km au nord de Goma - soit un retour à leurs positions d'avant la prise de la capitale du Nord-Kivu.

Les chefs d'Etats de la région - membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), qui compte 11 pays - ont laissé samedi deux jours aux rebelles pour quitter Goma. Mais le chef du M23 Jean-Marie Runiga a bien spécifié que leur retrait conditionné par des négociations "directes" avec Joseph Kabila. Il a ajouté que la rébellion se défendrait en cas d'attaque de l'armée régulière congolaise.

Le soutien du Rwanda et de l'Ouganda toujours en question

Dimanche à Goma, les rebelles étaient toujours présents et la présence des soldats de la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) - qui appuie l'armée congolaise contre les rebelles - était plus importante dans les rues que les jours précédents, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Un diplomate occidental dans la région a déclaré que le président ougandais Yoweri Museveni avait accepté de rencontrer directement le chef militaire du M23 Sultani Makenga. Cette information n'a pas pu être confirmée dans l'immédiat par la présidence ougandaise ou le M23. Le président du Congo Denis Sassou Nguesso, arrivé samedi à Kigali pour une visite de deux jours, a rencontré son homologue Paul Kagame, qui n'a pas assisté au sommet de Kampala de samedi.

Le président rwandais Paul Kagame et son homologue du Congo-Brazzaville Denis Sassou Nguesso ont appelé dimanche le gouvernement de Kinshasa et les rebelles du M23 à appliquer les décisions prises la veille lors du sommet de Kampala. Les présidents Kagame et Sassou "invitent le gouvernement de la RDC et le M23 à mettre en oeuvre les conclusions de Kampala qui représentent une bonne base pour le réglement de ce conflit", selon les termes d'un communiqué publié par le gouvernement de Kigali.

Paul Kagame a toujours rejeté les accusations de Kinshasa et aussi d'experts de l'ONU affirmant que son pays soutient -- et dirige -- le M23, qui compte dans ses rangs principalement des Congolais d'ethnie tutsi, au pouvoir au Rwanda. Bien que Yoweri Museveni joue un rôle de médiateur depuis ces derniers jours et qu'il ait accueilli le sommet de samedi, les experts de l'ONU ont également accusé son pays de soutenir les rebelles, ce que Kampala dément.

Nkosazana Dlamini Zuma a réitéré la "profonde inquiétude" de l'Union africaine quant à "l'aggravation de la situation humanitaire sur le terrain et aux exactions commises contre les populations civiles", indique le communiqué sde l'UA. Les agences humanitaires craignent que ce dernier développement donne le coup d'envoi d'un autre conflit régional, après de précédents qui ont éclaté en 1996 et 2002.

Le M23 est composé d'anciens rebelles qui, après avoir été intégrés en 2009 dans l'armée, se sont mutinés en avril dernier et combattent depuis l'armée régulière dans la région du Kivu. Ils estiment que Kinshasa n'a pas pleinement appliqué l'accord, ce que dément le gouvernement congolais.
26112012
Jeuneafrique

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