Après avoir crû d'un point en 2012 passant à 5,1% contre 4,1% en 2011, la croissance du produit intérieur brut (PIB) du Cameroun devra faire un nouveau bond pour s'établir à 6,1% en 2013, a annoncé le Premier ministre Philemon Yang lors de la présentation lundi à l'Assemblée nationale du prochain programme économique, financier, social et culturel national.
Ce programme économique, financier, social et culturel du gouvernement sera porté par un budget-programme, une nouveauté depuis 50 ans d'indépendance, fixé, d'après les prévisions, à 3. 236 milliards de francs CFA (environ 6,472 milliards USD), en augmentation de 15,6% par rapport au précédent établi à 2.800 milliards (5,6 milliards USD).
Bien qu'en augmentation croissante depuis la reprise de l' économie nationale en 2010 qui avait enregistré 3,2% après un net ralentissement en 2009 à 2% suite à la crise économique et financière mondiale ayant entraîné une baisse de la demande, ce taux de croissance envisagé demeure insuffisant pour favoriser l' atteinte de l'émergence à l'horizon en 2035, a reconnu le chef du gouvernement face aux députés de l'Assemblée nationale (Parlement), lundi soir à Yaoundé.
Pour 2012, l'objectif initial du pouvoir camerounais était de 5, 5% de croissance du PIB, attendue de la mise en oeuvre d'une politique de développement infrastructurel qualifiée d'ambitieuse.
C'est le taux moyen annuel recherché dans le Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE), adopté en 2009 comme cadre de référence de l'action gouvernementale pour la période 2010-2020.
Les performances affichées sont cependant contredites par les statistiques publiées par le Fonds monétaire international (FMI) dont une mission associée à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement de développement (BAD) récemment en visite au Cameroun a annoncé une croissance de 4,7% en 2012 et une projection de 5% en 2013.
En deçà de la moyenne des pays d'Afrique subsaharienne estimée à 5,3% pour les deux années, "le Cameroun résiste bien alors que les perspectives de croissance mondiales ont été revues à la baisse", note le FMI.
Caractérisé par un niveau d'endettement faible (moins de 16%), une diversification géographique des partenaires (avec l' augmentation de la part de l'Asie dans les échanges de 9% en 2004 à 16% en 2010, contre 68% à 38% pour l'Union européenne), le pays n'arrive en revanche pas à tirer suffisamment la croissance dans les secteurs productifs, juge l'institution qui pointe un taux d' investissement relativement faible, de l'ordre de 6% du PIB.
D'où la recommandation d'accroître la qualité de la dépense publique, d'augmenter le taux d'investissement public et privé, de mener une analyse approfondie de la rentabilité (économique, financière, sociale) des grands projets afin de négocier les conditions de financements adéquats avec les partenaires, et d' améliorer davantage l'environnement des affaires et la gouvernance pour soutenir le secteur privé, moteur de croissance.
En 2013, sur les 3.236 milliards de francs CFA préconisés par le projet de budget de l'Etat à l'examen à l'Assemblée nationale, les autorités camerounaises se proposent de mobiliser 2.912 milliards de ressources internes (contre 2.280 milliards en 2012) et 324 milliards de ressources externes, contre 249 milliards en 2012.
Les ressources internes se répartissent entre 1.957 milliards de francs CFA de recettes non pétrolières et 705 milliards de recettes pétrolières, tandis que les ressources externes sont ventilées entre 258 milliards d'emprunts, contre 183 milliards en 2012, et 66 milliards de dons (comme en 2012).
Une grande partie de ces fonds, soit 60,72% (61,42% en 2012), c' est-à -dire 1.965 milliards de francs CFA, devra être consacrée aux dépenses directes de fonctionnement, pendant que 29,57% (28,28% en 2012) devront servir aux dépenses d'investissement, soit une enveloppe de 957 milliards et 9,70% (314 milliards) au règlement de la dette.
S'il se réalise, la croissance du PIB projetée à 6,1% au cours du prochain exercice budgétaire devrait dépasser pour la première fois au cours des dernières années la moyenne régionale de la Communauté et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC, que le Cameroun partage avec le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad), établie à 5,6% par la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC).
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