Quatre anciens militaires français de la force Licorne en Côte d'Ivoire, dont un colonel, comparaissent mardi devant la cour d'assises de Paris pour le meurtre en 2005 de Firmin Mahé, un jeune Ivoirien qu'ils affirment avoir reçu l'ordre d'éliminer.
Mahé avait été étouffé avec un sac plastique, dans un véhicule blindé français. Le procès est prévu jusqu'au 7 décembre.
Pour les militaires, la victime était un "coupeur de route", un criminel terrorisant les populations dans la "zone de confiance" qu'ils étaient chargés de surveiller, dans un pays à l'époque coupé en deux par une guerre civile.
Pour ses proches, ce n'Ă©tait pas un bandit, il y a eu erreur sur la personne.
Firmin Mahé avait été interpellé le 13 mai 2005 près de Bangolo (ouest), après avoir été blessé à une jambe lors d'un accrochage avec des militaires français. Il avait été conduit à une infirmerie puis dirigé vers la ville de Man sur ordre du général Henri Poncet, alors commandant de la force Licorne. Il était mort en route.
Les accusés sont le colonel Eric Burgaud, chef de corps à l'époque, et les trois militaires présents dans le blindé: l'adjudant-chef Guy Raugel, qui a reconnu avoir étouffé Mahé, le brigadier-chef Johannes Schnier, qui le maintenait, et le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule.
Au début de l'enquête, le général Poncet avait été mis en examen pour complicité d'homicide volontaire, le colonel Burgaud ayant affirmé avoir reçu de lui l'ordre implicite de tuer Mahé, en l'occurrence: "Roulez doucement. . . vous me comprenez". Un ordre qu'il dit avoir transmis à ses hommes.
Henri Poncet a démenti avoir donné cet ordre et a bénéficié d'un non-lieu.
La défense compte mettre en avant la difficulté pour les hommes de la force Licorne, déployée sous mandat de l'Onu, de remplir une mission de maintien de l'ordre sans cadre juridique.
Dans une interview au Dauphiné Libéré de mardi, l'adjudant-chef Raugel dit qu'il "regrette" avoir tué Mahé, tout en se disant certain qu'il s'agissait du "pire criminel de l'ouest de la Côte d'Ivoire".
Mais, ajoute-t-il, "je me suis sali les mains parce qu?il n?y avait pas de solutions. Et s?il n?y avait pas de solutions, c?est la faute de nos politiques qui nous mettent dans des situations comme ça". 27112012 Jeuneafrique
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