AlgĂ©rie : TibĂ©hirine: Hollande en AlgĂ©rie, espoir des familles pour dĂ©bloquer l'enquĂȘte
le 15/12/2012 09:19:12
Algérie

Les proches des moines de TibĂ©hirine comptent sur la visite du prĂ©sident François Hollande en AlgĂ©rie pour dĂ©bloquer l'enquĂȘte sur l'assassinat des religieux et obtenir le feu vert des autoritĂ©s algĂ©riennes au dĂ©placement du juge d'instruction Marc TrĂ©vidic.



A l'approche de la visite d'Etat de M. Hollande les 19 et 20 dĂ©cembre, l'avocat des parties civiles, Me Patrick Baudouin, a adressĂ© une lettre au chef de l'Etat, rendue publique par le journal La Croix, lui demandant d'Ă©voquer lors de ses entretiens "la nĂ©cessaire coopĂ©ration des autoritĂ©s algĂ©riennes" Ă  l'enquĂȘte.

M. Hollande doit en particulier rencontrer son homologue Abdelaziz Bouteflika.

Dans une commission rogatoire internationale (CRI) du 16 dĂ©cembre 2011 adressĂ©e aux autoritĂ©s algĂ©riennes, le juge TrĂ©vidic a demandĂ© Ă  se rendre en AlgĂ©rie pour exhumer et autopsier les tĂȘtes des moines et obtenir des informations sur une vingtaine de tĂ©moins.

"Le dossier d'instruction a connu des avancées significatives ces derniÚres années mais reste aujourd'hui suspendu à la coopération des autorités algériennes", écrit Me Baudouin.

Seule réaction officielle des autorités algériennes en février à la demande du juge, le Premier ministre de l'époque Ahmed Ouyahia avait réaffirmé que l'Algérie n'avait "rien à cacher" sur cette affaire.

"L'Algérie n'a rien à cacher, l'Algérie a des conventions de coopération judiciaire avec la France et elle a toujours coopéré sur ce dossier avec la France", avait déclaré M. Ouyahia.

"Les nouvelles avancĂ©es de l'enquĂȘte ne peuvent venir que de l'AlgĂ©rie", a estimĂ© Me Baudouin auprĂšs de l'AFP.

"L'intĂ©rĂȘt des autoritĂ©s algĂ©riennes, qui disent ne rien avoir Ă  cacher, est de jouer la transparence", a-t-il ajoutĂ©, estimant que le juge doit pouvoir explorer toutes les pistes, y compris les Ă©lĂ©ments du dossier Ă©voquant une implication des services algĂ©riens.

Agent infiltré?

Les sept moines avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastÚre isolé, situé prÚs de Medea. Le Groupe islamique armée (GIA) de Djamel Zitouni, parfois soupçonné d'avoir été un agent infiltré des services algériens, avait revendiqué dans un communiqué l'enlÚvement et l'assassinat des religieux.

Les tĂȘtes des moines avaient Ă©tĂ© retrouvĂ©es le 30 mai au bord d'une route de montagne, mais leurs corps ne l'ont jamais Ă©tĂ©, soulevant l'hypothĂšse que cette absence de dĂ©pouille ait Ă©tĂ© destinĂ©e Ă  masquer les causes de leur mort.

AprĂšs avoir suivi la thĂšse islamiste, l'enquĂȘte judiciaire s'est rĂ©orientĂ©e vers une bavure de l'armĂ©e algĂ©rienne depuis 2009 et le tĂ©moignage d'un ancien attachĂ© de dĂ©fense Ă  l'ambassade de France Ă  Alger.

D'aprĂšs le gĂ©nĂ©ral François Buchwalter, les moines ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans un raid d'hĂ©licoptĂšres militaires tandis qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait ĂȘtre un bivouac de djihadistes.

Une autopsie de tĂȘtes pourrait permettre au juge de recueillir des indices sur les conditions de leur mort.

Aucune autopsie ne figure au dossier d'instruction et deux tĂ©moins -dont le mĂ©decin en poste Ă  l'ambassade de France au moment de la mort des moines- ont livrĂ© sur les conditions d'identification des tĂȘtes des religieux dans un hĂŽpital militaire d'Alger, en mai 1996, une version qui diverge de celles de l'ambassadeur de France de l'Ă©poque.

Par ailleurs, le juge souhaite faire entendre une vingtaine de témoins, cités par des repentis du GIA.

Il demande également des informations sur Abderrazak El Para, un temps présenté comme responsable du GIA, et son éventuelle participation à l'enlÚvement des moines. Décrit comme proche de Djamel Zitouni, l'émir du GIA, et actuellement détenu pour le rapt de touristes européens, El Para est soupçonné d'avoir été proche du contre-espionnage algérien.
15122012
Jeuneafrique

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