Le major de police Bertin Chirumana, qui avait accompagné le premier redéploiement de policiers loyalistes à Goma après le retrait des rebelles, a été tué samedi 15 décembre au matin.
Un assassinat qui prouve une nouvelle fois l’insécurité qui touche Goma depuis que le Mouvement du 23 mars (M23) a officiellement quitté la ville. Un climat de "psychose" maintenu à dessein par les rebelles, selon Julien Paluku, gouverneur de la province de l'est de la RDC.
Alors que les négociations entre le Mouvement du 23 mars (M23) et le gouvernement congolais se poursuivent à Kampala, la ville de Goma est toujours confrontée à d’importants problèmes d’insécurité. Samedi matin, le major de police Bertin Chirumana, qui avait accompagné le premier redéploiement de policiers loyalistes à Goma après le retrait des rebelles, a été retrouvé mort. « Il était criblé de balles, neuf balles au total, et la jeep était calcinée », a expliqué, lundi 17 décembre, Julien Paluku, gouverneur de la province du Nord-Kivu.
« On vient de mettre la main sur un suspect. C'est un ex-militaire qui aurait des liens avec le M23. Nous sommes encore en train de l'interroger pour qu'il nous dise exactement qui sont les commanditaires de l'assassinat et quel est son mobile », a-t-il précisé. Une parade pour l'inhumation du major doit être organisée « lundi ou mardi ».
Plusieurs braquages, attaques à main armées et assassinats ont été recensés depuis que le M23 a officiellement quitté la capitale du Nord-Kivu, le 2 décembre, sur demande des États de la région des Grands Lacs, et en échange de la promesse de discussions directes avec Kinshasa. « Nous avons deux grands défis : les plus de 1 170 détenus - dont plus de 700 militaires - qui se sont échappés de prison lors de la prise de Goma, et les éléments camouflés du M23 qui veulent rendre la vie invivable pour montrer que la ville est mal gouvernée », a souligné le gouverneur.
Pressions
Julien Paluku accuse les rebelles d'être responsables de la situation. « Le M23 veut maintenir la population de Goma dans une psychose pour faire pression à Kampala ». Selon lui, les rebelles font du chantage consistant à dire « qu'à tout moment, si on ne fait pas ceci ou cela à Kampala, ils prendront Goma ». Les États de la région des Grands Lacs avaient demandé au M23 de se retirer à au moins 20 km au nord de Goma. Mais des rebelles sont restés à 6 km, sur des collines stratégiques.
Le gouverneur a néanmoins démenti les informations faisant état d'habitants quittant Goma pour se rendre notamment à Bukavu, capitale de la province voisine du Sud-Kivu. « Il n'y a pas de déplacement » de population, a-t-il déclaré. Cependant, au port de Goma, un journaliste de l'AFP a constaté que des personnes prenaient des bateaux de nuit ralliant Goma à Bukavu et que sur une plage des pirogues motorisées attendaient pour transporter des familles vers l'île d'Idjwi, au milieu du Lac Kivu. « Je ne comprends pas cette situation. Même si je fais mon travail, ceci me dépasse : chaque jour on amène des gens qui préfèrent revenir à Goma au motif qu'à Idjwi il y a la famine, mais d'autres par contre ne cessent d'affluer » pour partir vers Idjwi, a déclaré un armateur.
(Avec AFP) 18122012 Jeuneafrique
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