Tunisie : Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaafar visés par des jets de pierre à Sidi Bouzid
le 18/12/2012 09:40:50
Tunisie

Le chef de l'État, Moncef Marzouki, et le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar étaient présents à Sidi Bouzid, lundi 17 décembre, lors des célébrations du deuxième anniversaire du début de la révolution. Mais la fête a tourné court : les dirigeants tunisiens ont été visés par des jets de pierre.


Deux après l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, le divorce entre le peuple tunisien et ses dirigeants semble consommé. C’est par des jets de pierres que les habitants de Sidi Bouzid ont accueilli le chef de l'État, Moncef Marzouki, et le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, lundi 17 décembre, venus se recueillir sur la tombe du jeune homme, lors des célébrations du deuxième anniversaire du début de la révolution.
Les incidents ont commencé après un discours de Moncef Marzouki, et alors que Mustapha Ben Jaafar tentait de s'exprimer devant 5 000 personnes réunies sur la place où le vendeur ambulant a voulu mettre fin à ses jours. Le service d'ordre a évacué les deux dirigeants, qui n'ont pas été touchés. Les manifestants, scandant « le peuple veut la chute du gouvernement » et « dégage, dégage », ont ensuite envahi la tribune. La police n'est pas intervenue et en début d'après-midi, le calme était revenu.

Après avoir été chahuté près de la tombe de Mohamed Bouazizi, Moncef Marzouki a, quant à lui, été copieusement sifflé lors de son allocution. Selon l’AFP, des islamistes radicaux étaient présents en nombre dans la foule qui l'a conspué. Dans son discours, le chef de l’État a demandé aux Tunisiens d'être patients : « Le gouvernement n'a pas de baguette magique pour changer les choses (...). Il a besoin de temps pour solder l'héritage de 50 ans de dictature », a tenté d'argumenter le président. Le Premier ministre islamiste, Hamadi Jebali, grippé, n'a pas assisté aux célébrations de lundi.

ChĂ´mage

Sinistrée depuis des décennies, la région de Sidi Bouzid, à l'instar du reste de l'intérieur de la Tunisie, estime que le gouvernement, dirigé par les islamistes d'Ennahdha, a trahi les engagements de la révolution. « Les gens au gouvernement agissent comme pour nous punir d'avoir déclenché la révolution. Rien n'est fait pour nous, ils ne font que se partager les fauteuils », s'est insurgé Midani Khassemi, un chômeur de 36 ans blessé durant la révolte.

« Ils nous ont donné quelques chantiers provisoires qui ne résolvent pas le problème endémique du chômage », a renchéri Fader Khlifi, 27 ans.

Selon le ministère de l'Industrie, les investissements ont chuté de 36% dans la région de Sidi Bouzid et les offres d'emplois de 24,3% sur les 11 premiers mois de 2012 par rapport à la même période l'année précédente. Au niveau national, le chômage stagne autour de 18%, nourrissant une rancœur qui dégénère régulièrement en affrontements.

(Avec AFP)
18122012
Jeuneafrique

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