La coalition rebelle centrafricaine Séléka a annoncé samedi à l'AFP avoir pris deux nouvelles villes en Centrafrique vendredi, au lendemain de l'appel des chefs d'Etats d'Afrique centrale à la négociation.
"Hier (vendredi) soir, une colonne de véhicules des FACA (Forces armées centrafricaines) est venue au contact de nos positions. Nous avons répondu et avons été obligés de prendre Ippy (centre). Nous sommes actuellement postés à Ndassim (centre) que nous avons pris ce (samedi) soir", a affirmé à l'AFP à Libreville le porte-parole du Séléka, Eric Néris Massi, depuis Paris.
Le président centrafricain François "Bozizé n'a pas l'intention de respecter un cessez-le-feu et si ses colonnes viennent au contact, on n'aura d'autre choix que de réagir", a assuré le porte-parole, accusant le chef de l'Etat de "faire s'approcher une colonne de véhicules (des FACA) de Bria (ville diamantifère du centre prise par le Séléka mardi, ndlr) pour lancer une offensive".
Les rebelles de la coalition Séléka ont pris les armes depuis dix jours et se sont emparé de plusieurs villes du nord de la Centrafrique pour revendiquer notamment "le respect" de différents accords de paix signés entre 2007 et 2011, prévoyant un processus de désarmement et de réinsertion des ex-combattants.
Vendredi, les rebelles avaient pourtant assuré qu'ils suspendaient leurs opérations "afin de donner une chance au dialogue", tandis que les chefs d'Etats de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) s'étaient réunis à N'Djamena pour discuter en particulier de la crise centrafricaine.
Selon le communiqué final du sommet, la CEEAC a "exclu toute option militaire au règlement de la crise" et appelé à '"l'ouverture sans délai de négociations à Libreville" entre le Séléka et le gouvernement. Les chefs d'Etat d'Afrique centrale ont demandé "le retrait des rebelles à leur position de départ dans un délai n'excédant pas une semaine".
"Il est difficile pour nous d'effectuer un retrait sans accord préalable de cessez-le-feu", avait réagi vendredi M. Massi.
Le porte-parole s'était cependant dit "satisfait" de voir que les chefs d'Etats se penchaient sur la question nationale et s'était dit prêt à se rendre à Libreville pour des négociations. "Nous voulons la paix, la paix globale. Il nous faut des engagements fermes avec un calendrier d'exécution précis. Ainsi, nous demandons aux chefs d'Etat de la sous-région de nous aider à trouver cette paix globale et définitive", avait déjà annoncé M. Massi dans la journée de vendredi.
Mardi, la ville minière de Bria (centre) était tombée entre les mains des rebelles qui avaient attaqué la semaine dernière plusieurs autres localités du Nord, dont Ndélé. Jeudi, la rébellion a conquis une nouvelle ville, Batangafo, à 300 km au nord de Bangui mais en a perdu une autre, Kabo, à 60 km de là , reprise par les troupes régulières.
Pays enclavé parmi les plus pauvres de la planète, la Centrafrique était engagée depuis 2007 dans un processus de paix après des années d'instabilité, de multiples rébellions, mutineries militaires et putschs qui ont ravagé son tissu économique et l'ont empêché de tirer profit de ses ressources naturelles.
De nombreuses rébellions ont signé des accords et déposé les armes entre 2007 et 2011 mais, depuis septembre, des mouvements dissidents au sein des rébellions signataires sont apparus, tel la coalition Séléka qui regroupe des ailes dissidentes d'au moins deux mouvements. 23122012 Jeuneafrique
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