Deux journalistes ont été interpellés lundi par la police secrète dans le nord du Nigeria, a annoncé leur journal, affirmant que leur arrestation faisait suite à la publication d'un article sur de présumés abus commis par des militaires dans leur lutte contre les islamistes.
Des agents du service de sécurité d'Etat (SSS, police secrète) sont allés chercher les deux journalistes nigérians, Musa Muhammad Awwal et Aliyu Saleh, chacun à leur domicile, a déclaré à l'AFP le rédacteur en chef du journal Almizan, Ibrahim Musa.
"Des hommes armés des SSS accompagnés de soldats ont fait irruption au domicile de notre directeur et de notre reporter (. . . ) vers 4H00 du matin aujourd'hui et les ont emmenés (. . . ) après les avoir malmenés," a déclaré M. Musa. Les épouses des deux journalistes, ainsi que le fils de l'un d'eux, ont également été arrêtés puis relâchés et les agents ont emporté des ordinateurs et téléphones portables, a-t-il ajouté.
"Nous croyons que ces arrestations sont en lien avec la publication, dans notre dernière édition, d'un article consacré aux arrestations de 84 personnes dans la ville de Potiskum dans l'Etat de Yobe (nord-est) par des soldats qui les soupçonnaient d'appartenir à la secte Boko Haram", a déclaré M. Musa.
L'hebdomadaire Almizan, créé en 1991 et qui publie ses articles en langue Haoussa, est dirigé par le Mouvement islamique du Nigeria, chiite et pro-iranien.
Les responsables de la police secrète n'ont pu être joints pour confirmer ou démentir cette annonce du journal.
Une vague de violences perpétrées par le groupe islamiste Boko Haram secoue le nord et le centre du Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique et premier producteur de pétrole du continent, et les forces de sécurité ont souvent été accusées de riposter brutalement.
Les organisations de défense des droits de l'homme Amnesty International et Human Rights Watch ont accusé les forces de sécurité nigérianes de commettre des abus massifs dans leur campagne de répression contre les islamistes qui veulent créer un Etat islamique dans le nord du Nigeria.
Les violences attribuées à Boko Haram et leur répression sanglante par les forces de l'ordre ont fait, selon les estimations, plus de 3. 000 morts depuis 2009. 25122012 Jeuneafrique
|