Dans une région turbulente secouée par les répercussions du "Printemps arabe", la stabilité continue à caractériser l'Algérie durant l'année 2012. Une stabilité qui est toutefois émaillée par des mouvements de protestation suite aux problèmes socio-économiques, quoique de moindre intensité comparativement à ceux de l'année dernière.
ANNEE ELECTORALE DANS LE CALME
Le pays a organisé, dans le calme, deux élections, dont celle de l'Assemblée nationale et celle des Assemblées municipales et provinciales. Une action qui s'inscrit dans le cadre du processus de réformes lancé par le président Abdelaziz Bouteflika.
Le 10 mai, l'Algérie a organisé des élections législatives, qui a engagé un total de 24.916 candidats, dont 7.700 femmes, représentant 44 partis et 186 listes d'indépendants. Le scrutin s'est soldé par la victoire de deux partis de l'alliance gouvernementale, à savoir le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), qui ont obtenu la majorité absolue des 462 sièges que compte le nouveau parlement.
Dans la foulée, le FLN et le RND ont également réussi à gagner, dans le cadre du double scrutin du 29 novembre, le plus grand nombre de sièges des APC et APW, respectivement assemblées municipales et provinciales.
Pour le scrutin du parlement national, quelque 500 observateurs étrangers, dont ceux de l'Union européenne (UE), étaient présents pour superviser l'élection.
Dans son rapport final, la mission des observateurs de l'UE a jugé que le scrutin s'était déroulé dans une atmosphère "calme et ordonnée", tout en exprimant sa satisfaction quant à "la coopération" et de l'"assistance" apportées par les autorités algériennes aux observateurs.
Toutefois, le rapport déplore "la multiplication des candidatures", qui a conduit à un "émiettement des voix", favorisant ainsi les partis prédominants, c'est-à -dire le FLN et le RND.
Malgré le bon déroulement de l'élection, l'indifférence populaire envers le scrutin règne toujours dans ce pays.
Interrogé par Xinhua sur le taux de participation aux élections, qui était de 42,9 % selon le gouvernement, le politologue Bachir Medjahed a indiqué que le taux n'était pas élevé. "Une partie de la population, qui représente plus de la moitié, ne se sent pas concernée par les législatives, parce qu'elle sait par avance que cela n'apportera pas un changement dans sa vie de tous les jours", a-t-il fait savoir.
Pour sa part, le politologue et économiste algérien, Abdelhamid Mezaache, a attribué le désintéressement de la population à une certaine rupture entre le citoyen d'une part, l'administration et la classe politique d'autre part. Il a déploré le fait que les promesses électorales n'étaient en tout cas jamais respectées. "Les promesses n'engagent que ceux qui y croient", a-t-il dit.
ARRIVEE D'UN TECHNOCRATE A LA TETE DU GOUVERNEMENT
L'autre événement politique qui a marqué l'Algérie en 2012, c'est celui du remaniement gouvernemental début septembre. A cet effet, Abdelmalek Sellal, jusqu'alors ministre des Ressources en eau, a été nommé Premier ministre en remplacement d'Ahmed Ouyahia.
Au moment de sa prise de fonctions, M. Sellal a déclaré que la priorité de son nouveau cabinet serait de poursuivre la mise en œuvre de réformes politiques du président Bouteflika. "Il existe une feuille de route pour poursuivre les tâches de développement que doit connaître l'Algérie notamment pour ce qui est des réformes", a-t-il indiqué, citant entre autres la révision de la Constitution.
Sur le plan économique, le nouveau Premier ministre technocrate a mis l'accent, dans son discours d'investiture, sur la nécessité de donner un nouveau souffle à l'économie nationale, ajoutant que l'Algérie "recèle d'importantes potentialités pour faire face aux défis imposés par les développements économiques internationaux".
Parmi ses nouvelles politiques, l'Algérie œuvre pour le renforcement de son secteur de l'énergie en proposant des incitations aux investisseurs étrangers, comme le stipule la loi sur les hydrocarbures.
Dans ce sens, le groupe public pétrolier et gazier Sonatrach a annoncé un plan d'investissement dans le pétrole et le gaz naturel d'une valeur de 80 milliards de dollars qui s'étalera jusqu'en 2016. Ce plan comprend la construction de quatre nouvelles raffineries pour réduire la dépendance sur les quantités de carburant importées.
Ce budget vise également à attirer plus de projets de partenariat en matière d'exploitation des gisements offshore et de gaz de schiste, afin de rationaliser l'exploitation des champs de pétrole et de gaz conventionnels, qui, d'après certaines recherches, vont être épuisés dans 20 ans.
En outre, l'Algérie cherche à diversifier ses sources d'énergie, en affectant un budget de 60 milliards de dollars à des projets d'énergie renouvelable.
La Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz) a annoncé novembre dernier son ambition de réaliser d'ici 2030 un taux de 40% de la production d'électricité à base d'énergie d'origine renouvelable.
PROBLEMES DE SUBSISTANCE TOUJOURS GRAVES
Malgré la stabilité politique, les difficultés socio-économiques continuent à prévaloir dans ce pays de 35 millions d'habitants.
En fait, le gouvernement n'est toujours pas parvenu à satisfaire les demandes citoyennes liées au manque de logements et d'emploi, auquel s'ajoutent la médiocrité dans les services publics, notamment au niveau des hôpitaux et des administrations.
En 2011, et dans la foulée du "Printemps arabe" ayant balayé la région, le gouvernement algérien a lancé un ensemble de mesures pour absorber la colère de la population, allant des hausses salariales pour les employés de la fonction publique, à l'octroi des prêts à faible taux d'intérêt aux jeunes pour les aider à créer leurs propres entreprises, en passant par la distribution des logements sociaux pour les citoyens vivant dans des habitations précaires ou des bidonvilles.
Conséquence : l'ampleur des mouvements de protestation a considérablement diminué en 2012. Pour cela, le gouvernement a affecté une enveloppe de 286 milliards de dollars dans le cadre d'un programme de développement quinquennal de 2010 à 2014, qui touche les secteurs de l'habitat, de la santé, de l'éducation, des travaux publics, de l'électricité, du gaz et de l'eau, etc.
Le gouvernement cherche à accélérer la cadence dans la construction des habitations en 2013, en s'engageant à réaliser 150.000 unités de logements de type location-vente afin de satisfaire les demandes des citoyens, comme l'a annoncé le Premier ministre Sellal dans son plan d'action du gouvernement.
Dans le même ordre d'idée, des projets de partenariat ont été lancés avec des entreprises étrangères spécialisées venues surtout de Chine, des Etats-Unis et d'Europe.
"Le remaniement gouvernemental a apporté de l'espoir aux populations, qui attendent toutefois que les promesses soient tenues", a fait remarquer le politologue Bachir Medjahed.
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