Après avoir montré ses limites depuis deux ans après la révolution en matière de politique économique, la Tunisie semble être contrariée à deux scénarios possibles en l'occurrence l'enlisement de son économie nationale et la reprise conditionnée, s'est exprimé samedi l'ex-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Mustapha Kamel Nabli.
Lors d'une conférence-débat sur le futur de l'économie tunisienne deux ans après la révolution, M. Nabli a insisté que ces deux hypothèses demeurent en étroite dépendance de l'environnement politique, économique et social qui prédominera en Tunisie à moyen terme. Quant au court terme, M. Nabli s'est montré peu optimiste quant à la reprise économique de son pays "étant donné la situation actuelle du pays".
D'après l'ex-patron de la Banque centrale de Tunisie (BCT), " le gouvernement devrait inverser sa démarche actuelle pour rendre possible la mise en place d'un programme d'initiative et de développement de l'économie". Il sera également question d'" abandonner la politique de relance de la consommation en oeuvrant plutôt à dynamiser l'investissement et l'exportation".
Il s'agit également de s'engager rapidement dans des mesures radicales pour réformer la finance publique, le système des dépenses et de subvention, le secteur bancaire et celui du tourisme.
Qualifiée d'alarmiste, le deuxième scénario, l'ex-gouverneur de la BCT a prévenu que "si les conflits sociaux perdurent encore et si la situation politique restera dans le flou", le système économique tunisien serait menacé de l'enlisement. "Cette situation sera encore grave en l'absence d'un climat favorable et d'un calendrier clair pour la tenue des prochaines élections".
Par conséquent, les principaux moteurs de croissance seront affectés dont l'investissement, l'exportation et la consommation. "Ainsi, le produit intérieur brut ne pourrait pas dépasser les 3% voire même en dessous de ce taux", a encore averti M. Nabli.
Limogé en juin 2012 après des tractations entre le chef d'Etat et le Premier ministre, M. Nabli a par ailleurs insisté sur d' éventuels dangers que la Tunisie pourrait faire face si la situation de découragement perdure essentiellement l'incapacité de l'Etat à honorer ses engagements à la lumière d'une finance publique enlisée et des difficultés à séduire des sources étrangères de financement.
Contrairement à ce qui a été déclaré à l'Assemblée constituante(6,6%), le déficit budgétaire réel de la Tunisie est estimée en 2012 à 8% compte non tenu des ressources exceptionnelles, dons et privatisation, toujours selon l'ex- gouverneur de la Banque centrale tunisienne. 03022013 Xinhua
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