Kenya : premier débat télévisé entre candidats à la présidentielle
le 12/02/2013 09:46:22
Kenya

Les huit candidats à l'élection présidentielle kényane, dont le premier tour est prévu le 4 mars, ont débattu lundi soir en direct à la télévision pour la première fois de l'histoire du pays, encore traumatisé par les tueries sur lesquelles avait débouché le précédent scrutin, fin 2007.


Chaque candidat avait deux minutes pour répondre aux questions posées par l'animateur du débat - avec possibilité de répondre en outre à un éventuel contradicteur - sur le tribalisme dans la politique kényane, le futur procès de l'un des favoris, l'actuel vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta, devant la Cour pénale internationale (CPI) ou la sécurité.

Les propos des candidats, limités par leur temps de parole sur lequel ont strictement veillé les animateurs, se sont souvent cantonnés à des platitudes et des déclarations d'intentions sur leur programme de gouvernement en cas de victoire.

De nombreux Kényans avaient quitté le travail plus tôt que prévu, pour rentrer chez eux ou se rassembler nombreux dans des bars pour regarder le débat, également retransmis à la radio sur internet.

"Je serai capable de m'occuper de laver nos noms (. . . ) en même temps que m'assurer que les affaires gouvernementales se poursuivent", a assuré M. Kenyatta, interrogé sur la façon dont il compte gouverner, alors que son procès et celui de son colistier William Ruto doit s'ouvrir le 10 avril devant la CPI à La Haye.

MM. Kenyatta et Ruto, ainsi que deux autres Kényans, sont inculpés de plusieurs crimes contre l'humanité par la CPI pour leur implication présumée dans l'organisation des tueries sur lesquelles avait débouché la proclamation des résultats de la précédente présidentielle fin 2007.

Le principal adversaire de M. Kenyatta, l'actuel Premier ministre Raila Odinga, a répondu que "gouverner par Skype depuis La Haye allait poser de sérieuses difficultés". Skype est un service de téléphonie par internet.

En ouvrant le débat, l'animateur avait rappelé aux candidats les règles leur imposant de s'adresser les uns aux autres "avec respect", règles qui ont été observées.

Les participants se sont très rarement adressé la parole, répondant essentiellement aux journalistes menant le débat, qui n'a été marqué par aucun incident, les deux favoris, MM. Kenyatta et Odinga, échangeant même ostensiblement des amabilités.

"Je n'ai pas de différend personnel avec l'honorable Raila (. . . ) mais il se peut que nous ayons des divergences sur la façon de traiter certaines questions" dans le pays, a expliqué M. Kenyatta en regardant M. Odinga.

Ce dernier a de son côté appelé le premier "mon frère", assurant qu'ils étaient "les meilleurs des amis".

En décembre 2007, lors du précédent scrutin, M. Kenyatta soutenait la candidature du président sortant, Mwai Kibaki, déclaré réélu face à M. Odinga, à l'époque soutenu par M. Ruto.

L'annonce de la victoire de M. Kibaki avait déclenché une violente contestation qui avait dégénéré en affrontements ethniques, faisant plus d'un millier de morts et des centaines de milliers de déplacés.

A l'issue de cette première partie d'environ 90 minutes, les candidats ont répondu chacun leur tour pendant le même temps à des questions du public, concernant notamment les secteurs éducatifs et de santé et les problèmes de corruption.

Un deuxième débat est prévu le 25 février.

Le 4 mars, les Kényans voteront, outre la présidentielle, pour des scrutins législatifs, sénatoriaux et locaux. Seule la présidentielle est susceptible de donner lieu à un second tour, prévu le cas échéant en avril.

Les risques de violences lors des élections de mars au Kenya restent "dangereusement élevés" les causes profondes du bain de sang ayant marqué le précédent scrutin n'ayant pas été réglées, a estimé récemment Human Rights Watch.
12022013
Jeuneafrique

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