Dans son numéro 2719, en kiosques du 17 au 23 février 2013, Jeune Afrique prend position contre le projet politique de Rached Ghannouchi. Celui, non avoué publiquement, de placer rapidement la Tunisie sous une dictature islamiste.
Le masque est tombé et le doute n’est plus permis. Rached Ghannouchi, chef charismatique du parti Ennahdha, a dévoilé son unique objectif : construire une théocratie autoritaire dans une Tunisie qui pensait avoir rompu définitivement avec la dictature. Un lent cheminement qui éclate désormais au grand jour et que Jeune Afrique reconstitue avec minutie dans son dossier spécial du n° 2719, en kiosques du 17 au 23 février 2013.
La démocratie ? Rached Ghannouchi et son clan au sein d’Ennahdha n'en ont sans doute jamais voulu. Leurs idées absolutistes chevillées au corps, ils ont choisi de noyauter tous les sphères du pouvoir. Ghannouchi ne l’a-t-il affirmé haut et fort lors d’une conversation téléphonique avec des salafistes, il y a quelques mois : « Aujourd’hui, on n’a pas une mosquée, on a le Ministère des Affaires religieuses, on n’a pas une boutique, on a l’État ! Donc il faut patienter, c’est une question de temps (…) Mais pourquoi êtes-vous si pressés ? »
Aveuglement
Aveuglés par leurs succès électoraux, au point de ne pas voir le mur qui se dresse en face d’eux, Rached Ghannouchi et ses partisans au sein d’Ennahdha n’ont pas compris que la Tunisie et les Tunisiens avaient changés. L’assassinat de Chokri Belaïd n’a pas seulement bouleversé l’équilibre fragile d’un attelage gouvernemental un peu contre-nature. Il a été le baromètre de la soif de justice et de démocratie des Tunisiens.
La colère gronde à nouveau. Dans cette Tunisie surchauffée, quelle sera la position de l’armée ? Selon toute vraisemblance, elle soutient l’initiative de Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrates sans appartenance politique. Populaire grâce à son rôle dans la révolution du 14 janvier, celle-ci restera républicaine. Tout comme elle a su habilement se défaire de Ben Ali, elle devrait se maintenir à distance des partis politiques qui jouent la politique du pire.
Les opposants à la chape de plomb liberticide que promet le machiavel d’El-Hamma se recrutent même au sein des militants islamistes. Et non des moindres. Abelfattah Mourou, le vice-président du parti, n’hésite plus à hausser le ton contre ses camarades. Les défections se multiplient. Dernière en date, celle de la députée Fattoumata Attia. « Ennahdha ne veut pas combattre la corruption. Elle doit se retirer et dégager. Le parti a d’autres ambitions que la réalisation des attentes du peuple », assure-t-elle. 19022013 Jeuneafrique
|