Le groupe islamiste nigérian Ansaru a revendiqué lundi l'enlèvement ce week-end de sept employés étrangers de la société de construction libanaise Setraco dans le nord du Nigeria.
Les enlèvements survenus dans la nuit de samedi à dimanche à Jama'are, à environ 200 kilomètres de Bauchi, capitale de l'Etat du même nom, constituent la plus importante prise d'otage jamais perpétrée dans le nord du Nigeria, une région souvent secouée par des attaques menées par des groupes islamistes mais où peu d'enlèvements ont été observés.
Ansaru est considéré comme un groupe relativement nouveau et en pleine expansion depuis sa revendication de l'enlèvement d'un ressortissant français en décembre, et certains pensent qu'il est directement lié à la secte extrémiste Boko Haram, dont les violences ont fait des centaines de morts dans le nord et le centre du pays depuis 2009.
Dans un communiqué envoyé à plusieurs journalistes par email, le groupe annonce "détenir sept personnes, dont des Libanais et leurs collègues européens travaillant pour Setraco".
Selon la police nigériane, quatre Libanais, un Britannique, un Grec et un Italien ont été enlevés lors d'une attaque survenue dans la nuit de samedi à dimanche dans le village de Jama'are, dans l'Etat de Bauchi (Nord).
La Grèce et l'Italie ont confirmé la présence de leurs ressortissants parmi les otages, mais Londres a dit être encore en train d"'enquêter" sur la présence ou non d'un Britannique parmi eux, et Beyrouth n'a évoqué que deux Libanais enlevés.
Selon des témoignages d'habitants recueillis lundi, Setraco a évacué dès dimanche tous ses employés présents sur le site et n'étant pas originaires de Jama'are, à bord de 12 véhicules arrivés peu avant dans le village.
"Nous ne pouvons pas continuer à travailler sur place, parce que la vie de nos collègues est en danger", a déclaré à l'AFP John Ogbamgba, le porte-parole de Setraco basé à Abuja, avant d'ajouter "nous sommes tous en larmes, ce sont des gens avec qui nous vivions".
Si cela était arrivé dans le Sud, "on nous aurait peut-être demandé une rançon, mais souvent quand il arrive ce genre de choses dans le Nord, on n'a aucune information", s'est inquiété M. Ogbamgba, faisant référence aux nombreux enlèvements qui ont lieu dans la région pétrolifère du Delta du Niger, où les otages sont la plupart du temps relâchés contre de grosses sommes d'argent.
Dans le Nord, un Britannique et un Italien ont été enlevés en 2011, ainsi qu'un Allemand, en 2012. Ils ont tous les trois été tués par leurs ravisseurs. Ansaru avait été cité comme étant impliqué dans l'enlèvement du Britannique et de l'Italien.
Le communiqué d'Ansaru est rédigé en anglais, une langue déjà utilisée par ce groupe dans le passé, même s'il s'était exprimé en haussa, parlé en Afrique de l'Ouest et centrale, pour revendiquer l'enlèvement de M. Collomp.
Le groupe dit avoir commis cet enlèvement "sur la base des transgressions et des atrocités commises envers la religion d'Allah (. . . ) par les pays européens dans plusieurs endroits dont l'Afghanistan et le Mali".
Ansaru avait également cité le soutien de la France à l'intervention armée en préparation au Mali pour justifier l'enlèvement de M. Collomp.
Et le groupe avait revendiqué une attaque le 19 janvier dans le centre du Nigeria tuant deux soldats en partance pour le Mali.
Dans un second paragraphe, Ansaru semble menacer de mener d'autres attaques mais la syntaxe est confuse et le sens de la phrase n'est pas claire.
On en sait peu sur Ansaru, certains affirmant qu'il s'agit d'une faction dissidente de Boko Haram, alors que d'autres pensent que les deux groupes agissent de concert. Mais on pense qu'Ansaru a des liens avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
On dit également que ce groupe serait dirigé par Khalid al-Barnawi, un des trois islamistes nigérians considérés par les Etats-Unis comme des "terroristes internationaux".
Le gouvernement britanique a qualifié en novembre le groupe Ansaru d'organisation terroriste. 19022013 Jeuneafrique
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