Les sept membres de la famille Moulin-Fournier, enlevée mardi matin par un groupe d’hommes armés dans le nord-est du Cameroun, ne sont pas les seuls Français détenus en otages au Nigeria. Depuis 65 jours, Francis Collomp est entre les mains de l’organisation jihadiste nigériane Ansaru.
À la fin du mois de novembre 2012, Francis Collomp, ingénieur à la retraite qui a travaillé dans de nombreux pays africains (Tchad, Niger, Congo…), reprend du service pour Vergnet, une entreprise avec laquelle il a collaboré durant sa carrière professionnelle. La société française spécialisée dans les énergies renouvelables construit un champ éolien à Rimi, près de Katsina, dans l’extrême nord du Nigeria. En cette fin d’année, les deux salariés en charge du projet s’apprêtent à rentrer auprès de leur famille en France pour les fêtes. Francis Collomp est donc appelé en renfort pour assurer l’intérim.
Dans la nuit du 19 décembre, jour de son 63e anniversaire, il dort dans la résidence des employés de Vergnet, dans le bourg de Rimi. Il est le seul Français dans le bâtiment. Comme d’habitude, l’endroit est surveillé : deux gardes nigérians sont postés sur le palier. Soudain, une trentaine d’individus en armes déboulent devant la maison. Ils exécutent les deux agents de sécurité avant de faire exploser la porte d’entrée blindée. Les assaillants pénètrent à l’intérieur, embarquent Francis Collomp, et prennent rapidement la fuite. Ils ne laisseront aucune trace.
"Aucune nouvelle"
Quatre jours plus tard, le 23 décembre, le groupe islamiste Ansaru, dissidence de la secte Boko Haram, revendique l’enlèvement de l’ingénieur, le justifiant notamment par « le rôle majeur de la France » dans la préparation d’une intervention militaire internationale au nord du Mali.
« Depuis, nous n’avons plus aucune nouvelle, déplore Gilda Marbois, belle-sœur de l’otage. Plus de deux mois après son enlèvement, le Quai d’Orsay nous dit qu’il n’a toujours pas été localisé. » Le 31 décembre, elle diffuse une vidéo sur internet pour interpeller les ravisseurs. Elle leur demande de libérer le mari de sa sœur, Anne-Marie Collomp, rappelant qu’il est atteint d’une maladie cardiaque pour laquelle il a besoin d’un traitement régulier. Son appel est, sans grande surprise, resté sans réponse.
Au Port, sur l’île de la Réunion, où Francis et son épouse sont installés depuis six ans, la mobilisation s’organise. Les deux sœurs ont créé le « Collectif pour la libération de Francis Collomp ». Elles ont organisé une marche de soutien et fait circuler une pétition. Le document sera remis à Didier Le Bret, directeur du Centre de crise du ministère des Affaires étrangères, attendu lundi 25 février à la préfecture de Saint-Denis pour une réunion avec la famille Collomp.
« Ma sœur est dévastée. Elle attend beaucoup de cette rencontre, confie Gilda Marbois. On espère que M. Le Bret arrivera avec de bonnes nouvelles, ou au moins plus d’informations sur le sort de mon beau-frère. » Et d’ajouter, un brin remontée, que sur cette affaire comme pour le reste, les Réunionnais sont « les oubliés de la France ».
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Benjamin Roger 23022013 Jeuneafrique
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