Le Forum social mondial 2013 s’est ouvert, mardi 26 mars à Tunis, par un débat sur la condition de la femme. Un sujet qui fera l'objet de nombreuses manifestations durant les quatre jours de l'événement.
Pour la douzième édition du Forum social mondial (FSM), organisé du 26 au 30 mars à Tunis, les organisateurs attendent entre 30 000 et 40 000 personnes. Organisé pour la première fois dans un pays arabe, l'événement se veut le rendez-vous alternatif au Forum de Davos, qui regroupe le gratin économique et politique mondial.
Une « assemblée de femmes en luttes » contre la discrimination a fait entendre sa voix lors du débat d’ouverture, mardi. Deux ans après le début du Printemps arabe, qui a vu des islamistes arriver au pouvoir dans plusieurs pays, la question de la place de la femme dans la société est sensible. L'enflamement médiatique de ces derniers jours, provoqué par les quelques femmes tunisiennes posant seins nus sur internet, et se réclamant du groupe fémniste ukrainien Femen, en témoigne largement.
Charia contre liberté
Les féministes tunisiennes ont en particulier vivement critiqué les islamistes du parti Ennahdha, qui dirigent le gouvernement tunisien, les accusant de vouloir revenir sur leurs acquis, uniques dans le monde arabe, au lieu de consacrer l'égalité des sexes. « Ennahdha veut instaurer la charia et priver les femmes de leurs libertés, c'est le même projet qu'en Égypte » où les Frères musulmans sont au pouvoir depuis la révolution de 2011, a martelé Zeineb Chihi, une universitaire participant à cette assemblée réunissant des centaines de personnes.
Le parti islamiste au pouvoir en Tunisie est aussi accusé de vouloir limiter la participation des femmes dans la vie politique du pays. Prenant la parole devant la foule, Ahlem Belhadj, présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates, a dénoncé « la violence faite aux femmes pour qu'elles quittent l'espace politique ». Les milieux associatifs tunisiens ont à maintes reprises formulé les mêmes accusations contre Ennahdha.
Complémentarité contre égalité
La tentative avortée en 2012 d’introduire dans la future Constitution tunisienne l’idée d’une « complémentarité » des sexes et non d’une « égalité », n'a laissé que peu de doutes aux nombreuses organisations présentes sur la nature réelle des intentions du parti au pouvoir.
Des dizaines d’ateliers consacrés au rôle des femmes sont programmés durant les quatre jours du Forum. Ils toucheront non seulement aux questions économiques et politiques mais aussi à des thèmes très sensibles dans le monde musulman comme la sexualité.
(Avec AFP) 27032013 Jeuneafrique
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