Partisans des islamistes au pouvoir et opposants ont manifesté mardi en ordre dispersé et sous surveillance policière à Tunis pour la "journée des martyrs", célébrant les victimes de la répression française en 1938, une commémoration qui avait dégénéré en violences en 2012.
Le parti islamiste Ennahda a réuni quelques centaines de personnes sur l'avenue Habib Bourguiba, face au théâtre municipal, devenu leur lieu de rassemblement traditionnel.
Des partisans de la mouvance salafiste et des militants de la Ligue de protection de la révolution, sorte de milice pro-pouvoir connue pour sa brutalité et honnie de l'opposition, étaient présents.
De l'autre côté de cette même avenue, près de l'ambassade de France, deux groupes de centaines d'opposants --centristes d'une part et militants de gauche d'autre part-- ont défilé à tour de rôle.
Pour prévenir tout débordement, un important dispositif policier a été déployé, des barbelés et forces anti-émeute séparant opposants et islamistes.
Un millier d'opposants a ensuite rejoint en début d'après-midi Bab Souika, quartier populaire au pied de la vieille ville de Tunis, selon une journaliste de l'AFP.
La police y craignait des débordements, l'opposition ayant choisi cet endroit en référence à un attentat en 1991 attribué à Ennahda, sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Des accrochages entre quelques individus des deux camps y ont eu lieu mais la police est rapidement intervenue et aucun incident majeur n'a été signalé.
A Bab Souika comme à l'avenue Bourguiba, les manifestants se sont dispersés dans le calme peu avant 13H30 GMT.
En 2012, cette "journée des martyrs" avait dégénéré en violences lorsque des centaines de personnes, répondant aux appels lancés sur les réseaux sociaux, s'étaient rassemblées avenue Habib Bourguiba malgré une interdiction de manifester sur ce haut lieu de la révolution de janvier 2011.
Des heurts avaient opposé manifestants et policiers qui tiraient des salves de gaz lacrymogènes, faisant une vingtaine de blessés.
Une commission d'enquête sur ces affrontements a été créée mais n'a jamais rendu son rapport.
Le 9 avril 1938, les troupes françaises avaient réprimé dans le sang une manifestation nationaliste à Tunis, faisant une vingtaine de morts.
Depuis deux ans, cette journée est également célébrée en hommage aux "martyrs de la révolution" tombés lors du soulèvement populaire qui a renversé le régime de Ben Ali le 14 janvier 2011. 20131004 Jeuneafrique
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