Guinée : Le 30 juin mettra-t-il enfin un terme à la longue transition en Guinée ? (analyse)
le 14/04/2013 11:19:50
Guinée

Le président Alpha Condé vient de créer la surprise à travers un décret portant convocation des électeurs guinéens aux urnes pour le 30 juin 2013.

Cette nouvelle vient ainsi détourner un peu les esprits de l'arrivée de l'ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara, dans l'extrême sud du pays, à Nzérékoré, sa région d'origine où il vient prendre part aux obsèques de sa mère, décédée le 3 avril à Rabat au Maroc.

C'est la première fois que le président guinéen fixe personnellement la date des élections législatives. Ce qui a l'air de revêtir aux yeux de certains observateurs le caractère sérieux de la chose. Cette fois ce n'est pas la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui est au devant mais le chef de l'Etat, qui est le seul habilité à convoquer les électeurs aux urnes, pour des fins d'élection.

Le mandat de la CENI se limite à la proposition de la date du scrutin. A propos de cette nouvelle du 30 juin, elle ne sera pas l'émanation de la CENI, qui avait de son côté proposé le 12 mai pour la tenue du scrutin. Un chronogramme qui avait été jugé non "tenable" par la quasi-totalité de la classe politique guinéenne.

La CENI avait déjà fait d'autres propositions de date relatives à la tenue des élections législatives, sans que cela ne soit pris en compte par l'exécutif.

C'est le cas du 29 décembre 2011, puis du 8 juillet 2012. Des dates qui ont été reportées, faute de consensus au niveau des parties prenantes au processus électoral.

L'annonce de la date du 30 juin pour la tenue des élections législatives a été précédée d'un communiqué gouvernemental diffusé dans la soirée du jeudi dernier sur les antennes des médias d'Etat.

Ce communiqué lu par le porte-parole du gouvernement Damantang Albert Camara rappelait le "souci" qui anime son équipe pour la question relative à "la sécurisation du scrutin". Ce qui du coup amène le gouvernement à faire appel à des experts de l'Union Européenne pour garantir cette sécurisation.

Damantang Albert CAMARA avait mis l'occasion à profit pour annoncer que les experts de l'Union européenne avaient "pris acte du fait que toutes les recommandations contenues dans le rapport de l'OIF ont été prises en compte par la CENI".

Et que du reste, "la Francophonie elle-même, va être de nouveau étroitement associée, et dans les semaines à venir, au processus électoral".

Dans ce même communiqué le gouvernement a fait savoir que la "CENI a décidé, lors de sa plénière du 29 mars 2013, de mettre en place, avec le concours de ses partenaires techniques et financiers, des mesures de contrôle permettant à des tiers indépendants de suivre le processus d'enrôlement".

Ces mesures sont entre autres "la mise en place du logiciel de monitoring des opérations de révision au niveau du site central et l'exécution, par une tierce partie, du dédoublonnage multi-biométriques (empreintes digitales et faciales)".

Le porte-parole du gouvernement a conclu en précisant que le dernier rapport de l'expert de l'Union européenne mandaté pour examiner les kits de l'opérateur sud-africain Waymark, souligne que "toutes les recommandations techniques de l'OIF et du PNUD ont été réglées par l'Opérateur Technique dont "La sécurité d'accès aux kits a été portée à un niveau sans précédent".

L'opposition a réagi à cette sortie du gouvernement à travers une conférence de presse tenue ce samedi au cours de laquelle, elle a fait cas de son étonnement du contenu de ce communiqué gouvernemental.

L'opposition a profité de l'occasion pour annoncer le durcissement de sa position si ses revendications ne sont pas prises en compte. Des revendications portant essentiellement sur le recrutement d'un nouvel opérateur en lieu et place de Waymark pour la gestion du fichier électoral et l'admission par le gouvernement du vote des Guinéens de l'étranger.

La désignation d'un facilitateur international et la libération des détenus interpellés lors de la manifestation du 27 février, étant des revendications subsidiaires, selon l'opposition.

Maintenant que la date du scrutin est officiellement fixée par le président, il reste à savoir ce qui va ressortir du cadre de dialogue qui est en train d'être mis en place pour tenter de trouver une issue aux questions qui fâchent.

Cette date va-t-elle enfin convenir aux différents acteurs politiques pour la tenue des élections ? Voilà une question qui taraude déjà les esprits de bien des gens, et dont on aura certainement la réponse dans les prochains jours.

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