20110222 Xinhua YAOUNDE, 21 février (Xinhua) -- Dans une lettre ouverte au président Paul Biya relayée la semaine dernière par la presse, les responsables élus du Conseil national de la jeunesse du Cameroun (CNJC) mis en place en 2010 à l'initiative du gouvernement ont expliqué à Xinhua avoir voulu attirer l'attention du chef l'Etat sur le chômage et le sous-emploi, entre autres problèmes des jeunes.
S'appuyant sur les chiffres de l'Institut national de la statistique (INS) selon lesquels 77,6% de la population camerounaise aurait moins de 35 ans, le CNJC s'est indigné du « taux du sous-emploi des jeunes qui s'élève à 75% en zone urbaine et 63% en zone rurale ». Sans compter que « l'INS indique aussi que 92% de jeunes camerounais occupés évoluent dans le secteur informel, s'accrochant à des activités ne garantissant aucune sécurité sociale ».
Aux yeux des représentants de la jeunesse, malgré les nombreuses actions et la bonne volonté du président Biya, « la jeunesse reste essentiellement marginalisée, abandonnée à elle- même et confrontée au manque criard d'opportunités d'emploi, de financement de projets et/ou de bourses pour leurs études ». En conséquence, cette jeunesse « dans sa grande majorité baigne dans la peur, l'angoisse et le doute ; ce qui la rend plus vulnérable face aux défis de la mondialisation ».
« A travers cette lettre nous avons bel et bien joué notre rôle d'interface. Il était question pour nous de nous faire comprendre par le premier décideur du Cameroun, notamment lors de son discours à la jeunesse le 10 février et aujourd'hui nous avons vraiment l'impression que nous avons été compris », a déclaré le secrétaire général du Bureau exécutif national, Samuel Patrick Pang, rencontré par Xinhua au siège de l'organisation à Yaoundé.
« Parce que parmi les problèmes posés, nous avons soulevé celui de l'emploi et nous avons eu une réponse de 25.000 emplois. Ce qui veut dire que notre message est arrivé à son décideur. Nous sommes là pour transmettre les aspirations et les problèmes des Camerounais. C'est ça notre rôle. Notre démarche n'est pas du tout subversive, puisque la lettre a été rédigée le 7 février », a ajouté Pang, par ailleurs secrétaire permanent du CNJC.
Dans l'opinion, la publication par la presse de la lettre du CNJC au président de la République a créé la surprise, certains observateurs ayant très vite assimilé cet acte à un appel au soulèvement, à l'instar de la situation au Maghreb. Par le secrétaire général adjoint, Parfait Onguéné, le CNJC s'en défend en rappelant l'organisation de deux grandes manifestations en faveur de la préservation de la paix les 9 et 10 février au Boulevard du 20 mai, sis au centre-ville de la capitale.
« Nous regrettons certainement ce qui se passe ailleurs, mais la vocation du Conseil national de la jeunesse ne consiste pas ici à étouffer les actions de la jeunesse. Nous avons pour mission de relayer au niveau du gouvernement les aspirations de la jeunesse, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Et nous avons également un autre devoir, c'est de relayer les actions gouvernementales sur la jeunesse camerounaise », a fait savoir Onguéné.
« C'est la raison pour laquelle en ce moment nous sommes en train de mûrir une grosse réflexion pour saisir à bras le corps la mesure prise par le chef de l'Etat de recruter à la fonction publique 25.000 jeunes. Nous voulons que cela soit une opportunité qui est gérée par les jeunes, partant de l'adage qui dit que tout ce qui est fait pour les jeunes sans les jeunes et contre les jeunes », a-t-il poursuivi.
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