Les sept Français d'une même famille enlevés en février au Cameroun ont été libérés dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 avril. Ils devraient quitter vendredi soir Yaoundé pour Paris, où les autorités se montrent très discrètes sur les conditions de leur libération.
Deux mois jour pour jour après leur enlèvement dans l'extrême nord du Cameroun par le groupe islamiste nigérian Boko Haram, les sept membres de la famille Moulin-Fournier sont arrivés sains et saufs vendredi, en fin de matinée, dans la capitale camerounaise, Yaoundé, où ils ont immédiatement été conduits à l'ambassade de France.
« Les enfants vont bien », a confié à l'AFP Tanguy Moulin-Fournier, le père de famille, évoquant ses quatre garçons âgés de 5 à 12 ans. « Nous sommes tellement heureux de retourner au Cameroun, de pouvoir retrouver tous nos amis et tous nos frères camerounais, c'est avec les larmes que je vous le dis », a confié l'homme, portant une longue barbe, à son arrivée à l'ambassade à Yaoundé.
Tanguy Moulin-Fournier est apparu très amaigri, tout comme son frère et son épouse. Les enfants ont été maintenus à l'écart des médias. Il n'a fait aucun commentaire sur les conditions de la libération et les autorités françaises et camerounaises sont également restés très évasives. Dans la nuit de jeudi à vendredi, « la famille a été libérée à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria près de Kolofata », commune de l'extrême nord du Cameroun, a simplement indiqué un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères devant la presse.
Avant son départ pour le Cameroun, Laurent Fabius a annoncé un retour de la famille, samedi matin « première heure », en France. Il était accompagné par Gérard Mestrallet, PDG du groupe GDF Suez (gaz et électricité), employeur de Tanguy Moulin-Fournier.
"Immense soulagement"
Une équipe médicale était également du voyage pour effectuer un bilan de santé des sept Français. Ils « sont en bonne forme, fatigués évidemment mais extrêmement heureux », selon Laurent Fabius, qui a relevé que « les conditions de nourriture et de détention étaient très, très difficiles ». À Paris, le président français François Hollande a exprimé vendredi son « immense fierté » pour la « bonne nouvelle », précisant qu'il avait eu au téléphone Tanguy Moulin-Fournier, et lui avait fait part de son « immense soulagement ».
À Yaoundé, la présidence camerounaise avait annoncé dès vendredi matin la libération de la famille, par un communiqué lu à la télévision nationale. « M. Tanguy Moulin-Fournier, son épouse Albane, son frère et les quatre enfants sont sains et saufs », avait précisé la présidence camerounaise, remerciant « les gouvernements du Nigeria et de la France pour leur aide ». De son côté, le président Hollande a remercié « les autorités camerounaises et nigérianes qui ont travaillé à cette issue heureuse, et notamment le président Biya, en étroite collaboration avec la France », selon l'Élysée. « C'est en étant le plus discret possible que nous pouvons être les plus efficaces », a fait valoir le chef de l'État.
« Ils sont libres, enfin libres ! C'est formidable ! Après ces deux mois d'attente interminable... », a réagi un proche de la famille, tandis que de nombreux membres du comité de soutien ont aussitôt annoncé la nouvelle sur Twitter et posté des messages de joie sur la page Facebook du comité.
Pas de versement de rançons, assure Paris
Le père, la mère et leurs quatre garçons résidaient depuis 2011 à Yaoundé où Tanguy Moulin-Fournier est employé comme expatrié par GDF Suez. Cyril Moulin-Fournier, le frère de Tanguy, qui vit en Espagne, les avait rejoints pour des vacances. Tous avaient été enlevés le 19 février dans l'extrême nord du Cameroun où ils étaient allés visiter un parc national. Leurs ravisseurs se réclamaient de la secte islamique Boko Haram, active dans le nord du Nigeria, une zone troublée depuis plusieurs années par des attentats et des assassinats, réprimés dans le sang par les forces de sécurité nigérianes.
Dans une vidéo diffusée fin mars, Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram avait déclaré : « Nous affirmons au monde que nous ne libérerons pas les otages français tant que les membres de nos familles sont emprisonnées au Nigeria et au Cameroun. La force ne servira pas à les libérer, nous sommes prêts à nous défendre avec force ».
Ces revendications avaient été jugée « hors de portée de la France », par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui avait toutefois effectué un voyage au Cameroun à la mi-mars pour rencontrer le président Paul Biya ainsi que la communauté française.
« Vous connaissez la position de la France: nous recherchons tous les contacts, nous utilisons les intermédiaires qui sont les plus utiles, mais nous ne cédons pas sur les principes », a martelé vendredi le président français. Questionné sur le versement de rançons, François Hollande a tranché : « je crois avoir été suffisamment clair pour dire que nous ne changeons pas notre principe, qui est le non versement par la France de rançons ». « Pour les otages qui viennent d'être libérés, des contacts avaient pu être établi ces dernières semaines et en particulier ces derniers jours », a-t-il dit, Laurent Fabius, indiquant avoir parlé avec le président Biya « presque tous les jours au cours de ces dernières semaines ».
(Avec AFP) 20132004 Xinhua
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