En visite au Tchad, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a exhorté les partenaires africains de la France à ne pas laisser un « vide sécuritaire » au Mali, où il a appelé à des élections présidentielles en juillet.
« Puisque nous rentrons dans une nouvelle phase, la phase qui est presque après-guerre, il ne faut pas laisser le vide sécuritaire », a plaidé le ministre Le Drian, de passage samedi à N’Djamena, dernière étape d’une brève tournée africaine après le Mali et le Niger.
Le Tchad a entamé un retrait progressif de ses quelque 2.000 soldats du Mali, après avoir perdu 36 soldats dans l’opération lancée en début d’année sous la direction de Paris contre les groupes islamistes armés occupant le nord du pays.
Rompues à la guerre du désert, les forces tchadiennes ont joué un rôle de fer de lance au sein de la force africaine (Misma) déployée en appui à l’armée française, infligeant de lourdes pertes aux jihadistes.
« La décision de l’ONU de mettre en oeuvre des casques bleus nous a amené à évoquer ensemble(…) la manière dont le Tchad continuera à intervenir au Mali par le biais de cette force », a expliqué M. le Drian, après avoir rencontré le président tchadien Idriss Déby.
Vendredi, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé la création d’une force de maintien de la paix de 12.600 Casques bleus, chargée de stabiliser le nord du Mali et censée prendre le relais de la Misma.
Récemment, M. Déby avait indiqué qu’il était prêt à mettre des soldats tchadiens à disposition de l’ONU si elle en formulait la demande.
Il est « logique que le Tchad assure des responsabilités », a estimé à ce propos le ministre français. La présidentielle en juillet
Avant N’Djamena, M. Le Drian s’est rendu au Niger, autre partenaire engagé au Mali au sein de la Misma. Lors d’un entretien avec le président Mahamadou Issoufou, il a de nouveau insisté sur la nécessité d’une élection présidentielle au Mali en juillet, un calendrier qui inspire cependant des doutes en raison des délais jugés très courts.
Paris, qui insiste régulièrement sur la tenue de ce scrutin, maintient la pression sur les autorités de Bamako afin qu’elles s’engagent résolument dans la restauration du processus démocratique.
« Il faut qu’il y ait des élections au Mali au mois de juillet, c’est une question de crédibilité. Un pays qui retrouve sa souveraineté ne peut pas continuer à avoir des instances dirigeantes qui ne soient pas légitimes », a souligné le ministre a Niamey.
« Le président Issoufou partage mon sentiment et le président (malien par intérim) Dioncounda Traoré l’a redit hier (jeudi). La France est très attachée à cela et il faut tout faire pour que ça se déroule ainsi », a insisté M. Le Drian. Appel au dialogue
En visite à Gao (nord du Mali) dans le cadre de sa tournée africaine, M. Le Drian avait appelé au « dialogue » entre le pouvoir malien et les Touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui réclame une large autonomie du Nord malien.
Le MNLA contrôle la ville de Kidal et y refuse toute présence de l’armée malienne.
« Il est évident qu’il ne peut pas y avoir deux armées maliennes. Mais, dans le cas précis, pour recouvrer l’intégrité territoriale de Kidal – si on peut utiliser ce terme – il faut le dialogue. Il n’y aura pas de partition » du Mali, a déclaré M. Le Drian. Sur le plan militaire, la transition a commencé avec le début du retrait des quelque 4.500 soldats français et le passage de relais aux contingents de la Misma, composée de 6.300 hommes. Paris a toutefois annoncé qu’un millier de ses soldats resteront au Mali au-delà de 2013, pour soutenir en cas de besoin les forces de l’ONU.
Après la destruction des installations et des bases des groupes islamistes armés dans le nord du pays, ces derniers ont perdu la capacité de conduire des opérations coordonnées, mais peuvent encore mener des actions de harcèlement contre les forces maliennes et les soldats français, comme cela s’est produit ces dernières semaines autour de Gao et Tombouctou (Nord). 20132804 Maliactu
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