Plusieurs candidats à la présidentielle à Madagascar ont remis en cause l'indépendance de la Cour électorale spéciale qui a validé plusieurs candidatures controversées, dont celle du président de la Transition Andry Rajoelina, déposée hors-délai, a-t-on appris samedi auprès de différents candidats.
"L'acceptation de certaines candidatures, manifestement irrecevables et le rajout clandestin d'une candidature au delà de la limite de dépôt, constitue une flagrante violation de la loi (. . . ). Nous notons ainsi une volonté de partialité manifeste, et un manque d'indépendance de la part de la CES (Cour électorale spéciale)", a déclaré Rolland Ratsiraka, candidat à la présidentielle, faisant notamment allusion à la candidature surprise du président de la transition Andry Rajoelina validée par la CES vendredi.
A l'issue d'une réunion de plusieurs candidats et de leurs représentants, une liste, distribuée à la presse, indique les noms de 25 candidats, ou leurs représentants, qui adhèrent à cette déclaration, soit plus de la moitié des 41 candidats admis par la CES.
"On se demande si réellement on est dans un Etat de droit (. . . ). La CES a failli à sa responsabilité. En donnant une interprétation politique, elle a outrepassé son mandat", a déclaré de son côté à l'AFP le ministre des Affaires Etrangères et candidat à la présidentielle, Pierrot Rajaonarivelo.
En effet, outre la candidature d'Andry Rajoelina, deux candidatures majeures - celle de Lalao Ravalomanana, épouse de l'ex-président renversé Marc Ravalomanana et celle d'un autre ancien président Didier Ratsiraka - auraient dû être refusées, ces candidats n'ayant pas résidé à Madagascar durant les six derniers mois comme l'exige la loi.
Malgré la validation de la candidature de Lalao Ravalomanana, la mouvance qui la soutient estime que "la CES n'est plus crédible", a déclaré Me Hanitra Razafimanantsoa, avocate de Marc Ravalomanana, qui dénonce pour sa part la candidature du président de la Transition Andry Rajoelina.
"Juridiquement la candidature d'Andry Rajoelina est irrecevable", a-t-elle ajouté, invoquant son absence de la liste des candidats le jour de la clôture du dépôt des dossiers.
Les représentants de la communauté internationale à Madagascar ont refusé de s'exprimer à l'issue d'une réunion à huis clos samedi.
Madagascar traverse une grave crise politique depuis le renversement du président Marc Ravalomanana en 2009 par Andry Rajoelina, alors maire de la capitale Antanananarivo. Des élections dont le premier tour est prévu le 24 juillet doivent théoriquement rétablir l'ordre constitutionnel et permettre d'apaiser les tensions. 20130505 Jeuneafrique
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