Après une semaine d’affrontements et de traque de groupuscules jihadistes, les évènements de Jebel Chaambi contraignent les autorités tunisiennes à voir la réalité en face : la menace terroriste doit être prise au sérieux.
Il aura fallu 7 jours de traque et 9 blessés graves parmi les forces de l’ordre pour arriver à débusquer de leurs maquis 37 terroristes, dont 20 (et parmi ces derniers, 11 Algériens) sont encore retranchés sur le mont Chaambi, selon les dernières informations rendues publiques par les ministères de l’intérieur et de la Défense, mardi 7 mai.
Bien que Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur, affirme que les terroristes ont tous été identifiés, l’anxiété n’est toujours pas retombée en Tunisie, où l’on parle désormais de complot contre la sûreté de l’État. Les affrontements entre jihadistes armés et forces de sécurité dans la réserve naturelle de Chaambi, à 15 kilomètres de Kasserine (Centre Ouest) et à quelques encablures de l’Algérie, soulignent que la menace terroriste ne s’est pas évaporée après la révolution, bien au contraire.
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Les autorités algériennes, ainsi que les habitants de la zone frontalière, avaient pourtant alerté les autorités sur l’existence de camps d’entraînement. Mais le gouvernement tunisien avait, en décembre 2012, préféré nier la réalité. Organisées, équipées, bien encadrées et déterminées, les recrues des mouvements jihadistes bénéficient clairement de soutiens financiers et logistiques ainsi que de complicités locales. Reste que si les événements de Chaambi retiennent l’attention parce qu’inédits et spectaculaires – les flancs de la montagne ont été truffés de mines anti personnel -, le terrorisme n’est pas nouveau en Tunisie.
Depuis les accrochages de Rouhia, en mai 2011, et de Bir Ali Ben Khlifa, en février 2012, les combattants salafistes ont mené différentes opérations, au premier rang desquelles l’attaque de l’ambassade américaine en septembre 2012. À plusieurs reprises, ils ont également pris les armes contre les représentants de l’ordre, affirmant ainsi leur rejet total des institutions et de l’État.
Contrebande
Ces groupuscules armés, liés la nébuleuse terroriste internationale, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), visent une déstabilisation régionale au nom de la volonté divine supposée d’instaurer un califat. Or la Tunisie est confrontée aux faiblesses inhérentes à la phase de transition démocratique dans laquelle elle est engagée.
La dissolution, au lendemain de la révolution, de la direction de la sécurité de l’État, la suspension de la loi anti-terroriste, le maintien de l’état d’urgence qui implique une mobilisation constante de l’armée, la circulation de quantité importantes d’armes de contrebande et l’absence de fermeté du gouvernement à l’égard des extrémistes ont créé un terrain favorable à la prolifération de groupuscules jihadistes. Mais une chose est désormais certaine : les forces de l’ordre ne sont pas partisanes. Leur comportement patriote et républicain, malgré leur sous-équipement et leur manque de formation, est à saluer.
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Par Frida Dahmani, Ă Tunis 20130805 Jeuneafrique
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