L'armée nigériane a annoncé lundi avoir repris cinq localités aux islamistes dans l'Etat de Borno (nord-est) et elle a décidé d'envoyer mille hommes en renfort, au sixième jour de l'offensive contre les insurgés de Boko Haram dans cette région.
L'armée a "sécurisé les environs de New Marte, Hausari, Krenoa, Wulgo et Chikun Ngulalo après avoir détruit toutes les bases terroristes situées autour de ces localités (. . . ) et assure la protection et la liberté" des habitants, a déclaré le général Olukolade, porte-parole de l'armée nigériane, dans un communiqué.
Toutes ces localités sont situées à proximité de la frontière camerounaise et étaient considérés comme des fiefs du groupe islamiste.
Lorsqu'il a décrété l'état d'urgence dans les Etats voisins de Borno, Yobe et Adamawa la semaine dernière, le président Goodluck Jonathan a reconnu que les insurgés avaient pris le contrôle de certaines zones d'où ils avaient retiré le drapeau nigérian et chassé les représentants de l'Etat.
Selon les témoignages recueillis précédemment par l'AFP auprès d'habitants, New Marte et Krenoa avaient été les cibles de frappes aériennes par l'armée nigériane, au début de l'offensive la semaine dernière.
Parallèlement, "le siège des armées a approuvé le déploiement de 1. 000 soldats supplémentaires dans l'Etat d'Adamawa et 200 d'entre eux sont déjà arrivés à Yola", la capitale, a déclaré à l'AFP le Lieutenant Ja'Afar Nuhu, porte-parole de l'armée dans cet Etat.
"Ces soldats supplémentaires vont être déployés dans des zones de tensions dans lesquelles ont eu lieu des attaques terroristes", a-t-il précisé.
L'armée a déclaré dimanche que "les terroristes délogés (étaient) en déroute". Mais une source sécuritaire a confié à l'AFP sous couvert d'anonymat que "l'opération n'est pas aussi facile que prévu".
A Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno et fief historique de Boko Haram, où un couvre-feu permanent est en vigueur dans 12 quartiers, les patrouilles militaires se sont intensifié, lundi, des soldats tiraient en l'air depuis leur véhicule pour libérer le chemin à leur passage, selon des habitants.
L'armée a annoncé lundi y avoir arrêté "environ 120 terroristes alors qu'ils organisaient l'enterrement d'un de leurs commandants" tué la veille.
Les activités commerciales ont presque totalement cessé dans cette ville de plus d'un million d'habitants, a constaté un journaliste de l'AFP, et les gens se sont plaint d'avoir de plus en plus de mal à gagner de quoi vivre.
"Je vends de l'igname, d'habitude je gagne au moins 5. 000 nairas (environ 25 euros) par jour mais les ventes ont chuté depuis jeudi", s'est inquiété Ba-Kaka Kolo. "Hier, j'en ai vendu à crédit parce qu'un client m'a dit ne plus avoir d'argent".
"On voulait que Boko Haram soit stoppé, mais ce couvre-feu et le blocage des routes affectent notre économie", a-t-il regretté.
Pour couper toute possibilité de ravitaillement des islamistes, l'armée impose un blocus de la région. Conséquence, le prix des denrées grimpe à Maiduguri et dans les localités du nord de Borno, les camions de marchandises ne pouvant circuler librement à l'entrée et à la sortie de la ville.
Jusqu'à présent, l'offensive a fait "quelques dizaines" de morts parmi les insurgés et 3 victimes parmi les soldats, selon l'armée. Il est difficile de vérifier ces informations de source indépendante, et de mesurer l'impact du conflit sur la population civile, car les liaisons téléphoniques sont coupées dans les Etats de Yobe et Borno.
Les forces de l'ordre nigérianes ont souvent été accusées de violation des droits de l'homme et d'abus envers les civils, au cours de leur répression de l'insurrection islamiste.
Selon l'ONG Human Rights Watch, les attaques de Boko Haram et la répression de l'insurrection par les forces de sécurité ont fait 3. 600 morts depuis 2009.
En 2009, l'armée avait pilonné plusieurs quartiers de Maiduguri pendant une vaste opération contre les islamistes, qui avait fait plus de 800 morts dans toute la région. 20132105 Jeuneafrique
|