Le Nigeria a annoncé mardi la libération d'un certain nombre de suspects incarcérés en lien avec des "activités terroristes", dont toutes les femmes en prison pour ce motif, au septième jour d'une vaste offensive contre les insurgés islamistes de Boko Haram.
Cette mesure d'apaisement intervient alors que l'opération militaire en cours dans trois Etats du nord-est du pays a déjà fait "plusieurs dizaines" de morts parmi les insurgés, selon l'armée, et que des réfugiés ont commencé à affluer dans les pays limitrophes pour fuir les combats.
"Conformément aux directives du président (. . . ), le quartier général des armées va libérer un certain nombre de personnes en détention en lien avec des activités terroristes", a déclaré le porte-parole des armées, le général Chris Olukolade, dans un communiqué, précisant que cela inclurait "toutes les femmes en détention".
Le groupe islamiste Boko Haram a réclamé à plusieurs reprises la libération de "ses femmes" retenues en prison.
Le communiqué gouvernemental ne fait pas explicitement mention de cette revendication. "Cette mesure s'inscrit dans la continuation de la position prise par le gouvernement fédéral en réponse aux demandes du comité présidentiel pour le dialogue et la réconciliation", est-il cependant précisé.
A Maiduguri, berceau historique de Boko Haram et capitale de l'Etat de Borno, le couvre feu permanent appliqué depuis trois jours dans douze quartiers a été assoupli mardi, mettant fin à une paralysie totale de la ville et permettant aux habitants de se ravitailler.
"Il fallait que je sorte, aujourd'hui, pour chercher de l'argent à la banque et acheter de la nourriture et d'autres biens de première nécessité pour ma famille", a déclaré à l'AFP Ibrahim Kolo, un fonctionnaire.
Mais le gouvernement nigérian, qui a demandé mardi au Niger voisin de l'aider dans sa lutte contre le terrorisme, n'a pas donné l'impression de vouloir mettre un terme à cette offensive.
Une vaste offensive contre Boko Haram
"Comme vous le savez, il y a des opérations en cours au Nigeria dans trois Etats très préoccupés par le problème de terrorisme, et nous souhaitons avoir le soutien de la République du Niger dans le combat pour venir à bout de ces terroristes", a déclaré Nurudeen Mohamed, le ministre nigérian des Affaires étrangères, selon des images diffusées mardi par la télévision nigérienne.
Le ministre, qui s'exprimait en français, a fait cette déclaration à l'issue d'un entretien lundi soir avec le président du Niger, Mahamadou Issoufou, selon la télévision. Il n'a pas précisé la nature du "soutien" attendu de la part du Niger.
L'armée nigériane a lancé depuis mercredi une vaste offensive contre Boko Haram dans les Etats de Borno, Yobe et Adamawa, où l'état d'urgence a été décrété par le président Goodluck Jonathan, pour y reconquérir des zones tombées aux mains des insurgés.
Des frappes aériennes et des combats au sol ont eu lieu au cours de cette opération qui implique plusieurs milliers de soldats. Les lignes de téléphone ont été coupées dans les Etats de Borno et Yobe.
Lundi, l'armée nigériane avait annoncé avoir repris cinq localités aux islamistes, à proximité de la frontière camerounaise, et arrêté environ 120 insurgés.
Selon la Croix Rouge, le Niger compte déjà 2. 400 réfugiés en provenance du Nigeria.
"Ces gens, pour la plupart originaires du Niger mais installés au Nigeria depuis parfois plusieurs décennies, sont complètement désoeuvrés", rapporte le communiqué publié mardi par l'organisation humanitaire.
Dans la localité camerounaise de Fotokol située à la frontière nigériane, le dispositif de sécurité a été renforcé pour tenter de repérer les insurgés parmi les milliers de réfugiés.
"Des patrouilles sont organisées aux frontières et à l'intérieur de la ville de jour comme de nuit mais ce n'est pas facile de traquer d'éventuels membres de Boko Haram, en raison de la porosité des frontières", a expliqué à l'AFP un gendarme.
Les populations peuvent traverser la frontière à pied entre 10h et 18h, mais les fouilles et la vérification des pièces d'identité sont systématiques.
Des perquisitions sont organisées ponctuellement et de brèves interpellations ont été enregistrées au poste frontalier de Fotokol, a constaté un journaliste de l'AFP.
A Abuja, la capitale fédérale, le Sénat a approuvé mardi à l'unanimité l'état d'urgence, mais le président du Sénat, David Mark, a demandé à ce que "toutes les structures démocratiques soient préservées et puissent fonctionner pleinement et activement" durant cette période.
Le Sénat a aussi demandé à ce que tous les citoyens soient traités avec respect par les forces de l'ordre. Celles-ci ont souvent été accusées de violation des droits de l'homme et d'abus envers les civils, au cours de leur répression de l'insurrection islamiste.
Selon l'ONG Human Rights Watch, les attaques de Boko Haram et la répression de l'insurrection par les forces de sécurité ont fait 3. 600 morts depuis 2009. 20132205 Jeuneafrique
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