Le sort du Franco-Camerounais Michel Atangana, détenu au Cameroun depuis 20 ans, est "inadmissible", a dit vendredi le président François Hollande, en précisant l'avoir dit à son homologue Paul Biya et en se défendant de ne pas soutenir les droits de l'Homme en Afrique.
"Ca fait trop longtemps, 20 ans que ça dure, et c'est inadmissible", a-t-il dit dans un entretien aux médias France 24, Radio France Internationale et TV5Monde. "Au Cameroun, j'ai dit au président Biya que, bien sûr dans le respect de l'indépendance de la justice camerounaise, tout devait être fait pour qu'il puisse y avoir une solution qui soit apportée" à la situation de Michel Atangana, a-t-il ajouté.
Michel Atangana, né au Cameroun et naturalisé français en 1988 à la suite de son mariage avec une Française, avait été condamné à 15 ans de prison en 1997 pour détournement de fonds. Alors même qu'il avait purgé sa première peine, il a été de nouveau jugé en 2012 et condamné à 20 ans de réclusion supplémentaires.
François Hollande s'est aussi défendu de ne pas intervenir pour défendre les droits de l'homme dans d'autres pays, comme la République démocratique du Congo (RDC) ou le Tchad.
"En RDC, j'y suis allé moi-même, j'ai porté mon soutien pour que le procès" des accusés dans l'affaire Floribert Chebeya "puisse avoir lieu". "J'ai dit combien il était indispensable que ce procès ait lieu et je continuerai ma pression sur le président (Joseph) Kabila pour que ce procès ait lieu et pour que la vérité éclate quoi qu'il en coûte", a assuré le président français.
Floribert Chebeya est un militant des droits de l'Homme assassiné en juin 2010 à Kinshasa. En première instance, en 2011, la cour militaire de Kinshasa avait condamné à mort le colonel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police, ainsi que trois policiers jugés par contumace car en fuite. Un autre avait été condamné à la prison à perpétuité et trois avaient été acquittés.
Tous sont rejugés depuis le 19 juin 2012 devant la Haute cour militaire mais le procès a subi de longues interruptions.
L'un des policiers en fuite, a dans diverses interviews formellement mis en cause le général Numbi, le chef de la police suspendu de ses fonctions depuis l'affaire, que les parties civiles considèrent comme le "suspect numéro 1". Mais la Cour a refusé de l'entendre.
Interrogé enfin sur le Tchad, où des députés et des journalistes sont emprisonnés, le président français s'est défendu d'être l'obligé de son homologue Idriss Deby dont l'armée a combattu aux côtés des Français au Mali.
"Non, ce n'est pas la relation que j'ai avec l'Afrique et avec le Tchad. Le Tchad a payé un lourd tribut à la libération du Mali de l'emprise terroriste et je ne l'oublierai pas parce que je sais ce que les armées du Tchad ont été capables de faire", a répondu François Hollande.
"En même temps, j'ai des principes et quand un opposant, un ministre se voit mis en cause y compris pour sa propre liberté, je le dis. Il n'y a pas de dérogation, d'indulgence en fonction de ce qu'a été à un moment notre solidarité dans un combat qui devait être mené. Les droits de l'Homme ne sont pas à éclipse. Ils sont toujours la position intangible de la France et je l'ai dit au président Deby", a assuré le chef d'Etat français. 20130106 AFP
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