Soudan : Le Soudan revient sur les accords avec le Sud pour le pétrole et la sécurité
le 10/06/2013 09:24:36
Soudan

Le Soudan a annoncé dimanche revenir sur une série d'accords avec le Soudan du Sud sur la sécurité et le pétrole, tout en assurant être prêt à renouer si Juba cesse de soutenir des rebelles au Nord.



"Nous allons annuler l'ensemble des neuf accords, pas seulement celui sur le pétrole", a déclaré le ministre soudanais de l'Information, Ahmed Bilal Osmane, lors d'une conférence de presse.

"Nous sommes toujours engagés à avoir de bonnes relations avec le Soudan du Sud, et s'ils souhaitent sérieusement appliquer les neuf accords, nous pouvons recommencer à coopérer avec eux", a-t-il ajouté.

Samedi, le président soudanais, Omar el-Béchir, avait ordonné de bloquer le transit du pétrole sud-soudanais par les infrastructures soudanaises, ce qui revient à empêcher les exportations de Juba, qui n'a pas d'autre option pour vendre son or noir.

Fin mai, M. Béchir avait menacé de prendre cette mesure si Juba continuait de soutenir les rebelles combattant l'armée soudanaise au Kordofan-Sud et au Nil Bleu, deux régions frontalières où, selon des experts, Khartoum a récemment subi des revers humiliants.

Le gouvernement sud-soudanais a toujours démenti toute forme de soutien aux rebelles du Nord, ses anciens alliés pendant la guerre civile (1983-2005) ayant abouti à la partition en juillet 2011, et accuse en retour Khartoum de soutenir des rebelles au Sud.

Mais le chef du renseignement soudanais, Mohammed Atta, a affirmé à des journalistes que des camions-citernes étaient partis encore vendredi du Soudan du Sud pour livrer du pétrole aux rebelles de la branche nord du Mouvement de libération des peuples du Soudan (SPML-N) au Kordofan-Sud.

M. Atta a également accusé Juba d'héberger des "camps d'entraînements" du SPLM-N et de fournir des armes, des munitions et des soins aux rebelles.

Khartoum limitant fortement l'accès aux régions troublées du Sud, il est impossible de confirmer ces affirmations de source indépendante.

Dans un rapport publié en mars, l'organisation suisse Small Army Survey avait déclaré ne pas avoir de preuve de livraisons d'armes du Sud au SPLM-N depuis l'indépendance, tout en faisant état d'informations sur un soutien logistique ou encore alimentaire de Juba à des rebelles du Nord.

Dans des déclarations antérieures à celles de M. Osmane, le Soudan du Sud a renouvelé dimanche son engagement envers le Nord: "nous allons continuer d'appliquer les termes de l'accord de coopération", a déclaré le ministre sud-soudanais de l'Information, Barnaba Marial Benjamin.

Des milliards de dollars en jeu

MM. Osmane et Atta ont confirmé que la fermeture des oléoducs au pétrole sud-soudanais avait débuté, et que l'opération devrait prendre jusqu'à deux mois. Un bon déroulement du transit aurait en revanche pu rapporter des milliards de dollars à ces deux pays, parmi les plus pauvres du monde.

Après des mois d'affrontements intermittents, le Soudan et le Soudan du Sud avaient signé début mars, sous l'égide de l'Union africaine, une série de neuf accords destinés à normaliser leurs relations, avec l'établissement d'une zone tampon à la frontière.

Les autres accords portaient sur la circulation des personnes et des biens et sur la reprise du transit de pétrole, auxquels Juba avait renoncé début 2012 parce que Khartoum se payait en nature faute d'accord sur un partage des revenus.

La signature des accords en mars avait représenté une avancée, marquée par la visite de M. Béchir à Juba un mois plus tard, sa première depuis la partition, et la reprise juste après du transit du pétrole sud-soudanais.

Une partie de ce pétrole a atteint le terminal de Port-Saïd sur la mer Rouge, a déclaré M. Osmane, précisant que Juba était libre de le vendre à condition de payer les frais de transit à Khartoum.
20131006
AFP

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