Afrique du Sud : Mandela hospitalisé : "Aujourd'hui, nous prions pour le père de la nation"
le 10/06/2013 09:45:39
Afrique du Sud

Image redimensionnéeDimanche matin, à l'église catholique Regina Mundi de Soweto, autrefois refuge des militants anti-apartheid, les fidèles ont prié pour Nelson Mandela , hospitalisé depuis samedi, mais, tout comme sur les réseaux sociaux, insistaient sur la nécessité d'accepter l'idée d'une mort prochaine de l'ex-président.

"Je viens à l'église aujourd'hui avec Madiba dans mes pensées. Je veux qu'il aille bien", déclarait au début de l'office Nokuthula Tshibasa, 38 ans."Tata a 94 ans, qu'est-ce que vous pouvez attendre à cet âge-là?

Ces gens-là sont nos grands-pères, leur santé décline, la même chose arrive à Tata. Il a vécu sa vie, il a travaillé pour nous. Tout ce que nous pouvons dire c'est +que Dieu l'aide+. Ce qui doit arriver arrivera, mais nous l'aimons toujours", confiait pour sa part Sannie Shezi, une paroissienne de 36 ans.

Madiba, le nom de clan de Mandela, et Tata (père), sont deux des expressions affectueusement utilisées en Afrique du Sud pour parler du premier président noir du pays.Ces deux femmes étaient encore adolescentes lorsque Mandela est arrivé au pouvoir en 1994. Mais Soweto, faubourg noir de Johannesburg, était déjà depuis longtemps devenu un lieu mondialement célèbre pour avoir été le foyer de la révolte contre le régime ségrégationniste de l'apartheid.

Des paroissiens de tous âges emplissent peu à peu l'église. Bâtie en 1964, alors que Mandela était emprisonné, elle a été surnommée "la Cathédrale du Peuple", pendant les années de lutte, pour avoir été un haut lieu du militantisme.Nelson Mandela lui-même avait décrété un "jour Regina Mundi" en 1997 pour honorer la paroisse, du temps de sa présidence.

Aujourd'hui, l'église est au coeur d'un quartier plutôt classe moyenne, entourée de maisons basses et de quelques commerces.Pendant la messe célébrée en partie en anglais et en partie en langues africaines devant environ 2.000 personnes, le prêtre a fait référence à Nelson Mandela, qui vécut à Soweto avant son arrestation: "Aujourd'hui nous prions pour notre père, le père de la nation, Madiba. Que là où il est, il sache que nos prières l'accompagnent.

Et que Dieu lui rende la santé et le ramène vers nous".De temps à autre, des touristes entrent dans l'église pendant la messe, prennent quelques photos, ressortent discrètement. Et s'en vont photographier les portraits de Mandela qui ornent le mur d'une maison, à quelques pas de l'église.

Lors de la précédente hospitalisation de Nelson Mandela fin mars, déjà pour une pneumonie, le président Jacob Zuma avait semblé préparer les esprits au décès prochain du père de "la nation arc-en-ciel"."En langue zoulou, avait dit M. Zuma, lorsque quelqu'un de très âgé décède, les gens disent qu'il ou elle est revenu à la maison. Je crois que c'est le genre de chose auxquelles nous devons maintenant penser".

Depuis l'annonce de l'hospitalisation de Nelson Mandela samedi, "dans un état préoccupant" selon la présidence sud-africaine, ses compatriotes semblent prendre conscience de son grand âge, et du fait que leur héros national arrive peu à peu au bout de son chemin."Personne n'est éternel.

Mais j'aurais vraiment voulu qu'il y ait une exception pour Mandela", écrivait dimanche matin une utilisatrice du réseau social Twitter."Est-ce que nous pouvons juste donner à ce grand homme la dignité de mourir en paix si son heure est venue ? Est-ce qu'il ne nous a pas donné assez?", interrogeait un autre tweet, relayant un sentiment apparemment largement partagé: l'agacement face à l'énorme déploiement médiatique que suscite chaque nouvelle hospitalisation de Mandela.
20131006
IRIB

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