Afrique du Sud : Après Dakar, Barack Obama est en Afrique du Sud
le 29/06/2013 12:01:09
Afrique du Sud

Barack Obama est arrivé vendredi soir en Afrique du Sud, deuxième étape de sa visite en Afrique dominée par la santé de l'ancien président Nelson Mandela, qui lutte à 94 ans contre la mort dans un hôpital de Pretoria.



À quelques heures de l'arrivée du président américain, l'ancienne épouse de Mandela, Winnie, a fait état devant la presse d'une "grande amélioration" de son état de santé.

"Je ne suis pas médecin mais je peux dire que par rapport à la situation d'il y a quelques jours, il y a une grande amélioration", a-t-elle confié aux journalistes devant l'ancien domicile de "Madiba" dans le "township" de Soweto, à la périphérie de Johannesburg.

À Pretoria, où Mandela est hospitalisé depuis trois semaines, admirateurs du premier président noir de l'Afrique du Sud et détracteurs de Barack Obama se sont mobilisés à quelques centaines de mètres les uns des autres.

Ces derniers reprochent à Obama sa politique de recours massif aux drones de combat à l'étranger qui, selon eux, ont tué des centaines d'innocents, ainsi que sa promesse non tenue de fermer la prison de Guantanamo.

Certains manifestants ont même estimé qu'il ne devrait pas essayer de s'identifier à l'icône de la "nation arc-en-ciel". "Nelson Mandela accordait de la valeur à la vie humaine (...) il aurait condamné les attaques de drone et les victimes civiles. Mandela ne peut pas être son héros", affirme ainsi Yousha Tayob.

"PAS BESOIN DE ME FAIRE EN PHOTO AVEC LUI"

Aucun engagement public ne figure à l'agenda de Barack Obama ce vendredi soir et il n'est pas totalement exclu qu'il se rende à son chevet, même s'il a pris soin, à bord d'Air Force One qui venait de quitter Dakar, de préciser que la décision appartenait à la famille de Nelson Mandela.

"Je n'ai pas besoin de me faire prendre en photo (avec Mandela). La dernière chose que je souhaite faire serait d'être de quelque manière que ce soit envahissant au moment où sa famille s'inquiète pour sa santé", a dit le président américain aux journalistes accrédités.

"Pour l'heure, notre souci principal, c'est son bien-être, son confort et celui de sa famille", a-t-il ajouté.

La veille, Barack Obama avait dit avoir eu "le privilège de rencontrer Madiba et de (s)'entretenir avec lui". "C'est un héros. Même s'il venait à disparaître, son héritage lui survivra longtemps", ajoutait-il.

Les deux prix Nobel de la paix se sont rencontrés en 2005 lorsque le président américain, de père kényan, était simple sénateur. Trois ans plus tard, Mandela a salué l'élection d'Obama à la Maison blanche.

Mais un millier de syndicalistes, d'étudiants et de membres du Parti communiste sud-africain (SACP) ont défilé vendredi à travers la capitale sud-africaine jusqu'à l'ambassade des Etats-Unis, où ils ont brûlé un drapeau américain pour protester contre la diplomatie "arrogante et oppressive" de l'administration Obama.

"Nous avions énormément misé sur le premier président noir américain. Compte tenu de l'histoire de l'Afrique, nous attendions plus", a expliqué un étudiant en droit de 19 ans, Khomotso Makola. "Il nous a déçus et je pense que Nelson Mandela serait tout aussi déçu et aurait le sentiment qu'il nous a laissés tomber."

Obama, qui doit se rendre à Robben Island, au large du Cap, où Mandela a été incarcéré pendant dix-huit ans, ira aussi à la rencontre de jeunes habitants du "township" de Soweto ce samedi.

Il conclura sa visite par un grand discours, dimanche, à l'université du Cap avant de gagner la Tanzanie, troisième et dernière étape de son voyage, le premier en Afrique à l'exception d'un court séjour au Ghana en 2009.

"IMPÉRATIF MORAL"

Au Sénégal, première étape de sa tournée africaine, il a apporté son soutien à la cause des droits des homosexuels en Afrique et effectué un pèlerinage émouvant sur l'île de Gorée, haut lieu mémoriel de la traite négrière.

Les Etats-Unis, première économie mondiale, ont "un impératif moral" d'aider le continent le plus déshérité de la planète à se nourrir, a-t-il dit à Dakar où il participait à un forum sur la sécurité alimentaire.

Il a rencontré à cette occasion agriculteurs et chefs d'entreprise pour discuter des nouvelles technologies propres à renforcer la production agricole en Afrique de l'Ouest, une région victime de sécheresses à répétition.

Le président américain a annoncé que son gouvernement faisait de la sécurité alimentaire la priorité en matière d'aide au développement.

"Beaucoup trop d'Africains endurent l'injustice quotidienne que sont la pauvreté et la faim chronique. Lorsqu'on m'interroge sur ce qu'il advient des impôts en termes d'aide à l'étranger, je veux que les gens sachent que cet argent n'est pas gaspillé, qu'il sert à nourrir des familles".

avec Jeff Mason et Mark Felsenthal à Johannesburg; Eric Faye, Jean-Loup Fiévet et Henri-Pierre André pour le service français
20132906
Reuters

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