Égypte : Adli Mansour se met au travail, l'Egypte compte ses morts
le 07/07/2013 10:28:08
Égypte

Le président égyptien par intérim Adli Mansour a mené samedi des consultations au palais d'Itihadiya pour former un nouveau gouvernement et tenter de sortir le pays de la crise, au lendemain d'affrontements qui ont fait une trentaine de morts lors d'un "jour de refus et de colère" organisé par les islamistes furieux de la destitution de Mohamed Morsi par l'armée.


La Coalition nationale de soutien à la légitimité, qui regroupe plusieurs partis et mouvements islamistes dont les Frères musulmans, a appelé ses partisans à de nouvelles manifestations dimanche.

Le nouveau président a reçu le chef d'état-major de l'armée, le général Abdel Fattah al Sissi, qui avait annoncé mercredi la déposition de Morsi, le dirigeant libéral Mohamed ElBaradeï, 71 ans, ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), pressenti pour être le prochain Premier ministre, et plusieurs personnalités de l'opposition anti-islamiste.

Etait également présent Abdel Moneim Abol Fotouh, un ancien membre des Frères musulmans qui avait quitté la confrérie en 2011 pour tenter sa chance à l'élection présidentielle.

Le nom du prochain chef de gouvernement devrait être annoncé dans la journée, a déclaré un conseiller d'ElBaradeï. Le nouveau Premier ministre aura comme priorités de relever une économie en lambeaux et de rétablir la paix civile et la sécurité.

Dans un entretien accordé à Reuters, Hamdeen Sabahi, chef de file de la gauche égyptienne, a exprimé son soutien à ElBaradeï.

L'Egypte, le pays arabe le plus peuplé avec 84 millions d'habitants, a connu vendredi une nouvelle journée de chaos, les partisans du président déchu ayant appelé à manifester contre le "coup d'Etat militaire".

VIOLENCES DANS LE NORD DU SINAÏ

Il y a eu au moins 35 morts et un millier de blessés. L'armée est intervenue au Caire, à Alexandrie et dans d'autres villes pour tenter de limiter les heurts entre partisans et adversaires de Mohamed Morsi.

Le bilan le plus lourd a été enregistré à Alexandrie, où il y a eu 14 morts et 200 blessés.

Dans le centre du Caire, des groupes rivaux se sont affrontés durant une grande partie de la nuit.

Il a fallu plusieurs heures à l'armée pour rétablir le calme sur les ponts qui enjambent le Nil près du Musée égyptien.

Dans des discours enflammés, des dirigeants des Frères musulmans ont continué à demander le retour au pouvoir de Mohamed Morsi, qui est détenu par les militaires.

Un prêtre copte a été tué par des hommes armés samedi dans la ville égyptienne d'El Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï. Mina Aboud Charouine a été abattu en début d'après-midi alors qu'il marchait dans le quartier de Massaïd.

Les Frères musulmans ont violemment critiqué le chef spirituel des huit millions de coptes d'Egypte, Tawadros II, qui a approuvé la destitution de Mohamed Morsi et la suspension de la constitution.

Vendredi, cinq policiers ont été tués par balles au cours de plusieurs attaques à El Arich, sans qu'on sache si ces opérations étaient directement liées à la destitution de Morsi.

Samedi, des attaques ont également visé des barrages militaires à Al Mahadjer et Al Safaa, dans la ville de Rafah, ainsi qu'à Cheikh Zoueïd et Al Kharouba.

NOUVEAU GROUPE ISLAMISTE

Le Sinaï, où opèrent des groupes djihadistes liés à Al Qaïda ainsi que des réseaux de contrebande, est en proie à une instabilité récurrente et le pouvoir égyptien a dû mal à y établir son autorité depuis le renversement d'Hosni Moubarak en février 2011.

Toujours dans le Sinaï, un nouveau groupe islamiste s'est constitué après la destitution de Morsi et menace d'avoir recours à la violence pour imposer la loi coranique dans le pays, rapporte l'organisation Site spécialisée dans la surveillance des activités terroristes en ligne.

Le groupe, qui a pris le nom d'"Ansar al Charia en Egypte", a annoncé vendredi soir sur internet qu'il allait commencer à rassembler des armes et à entraîner ses membres en vue d'imposer la charia.

Il précise que le coup d'Etat militaire, la fermeture d'une chaîne de télévision gérée par les Frères musulmans et la mort de manifestants constituent "une déclaration de guerre contre l'islam en Egypte".

Samedi encore, quelque 2.000 personnes se sont rassemblées au Caire devant la caserne de la Garde républicaine où se trouverait Mohamed Morsi, là-même où trois manifestants ont été tués vendredi. Des milliers d'autres partisans du président déchu ont organisé un sit-in devant une mosquée voisine. Une quinzaine de blindés étaient en position dans le secteur, mais plus à l'écart des manifestants que la veille.

Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français, édité par Pascal Liétout
20130707
Reuters

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