Égypte : Vastes manifestations en Egypte et tractations en cours
le 08/07/2013 11:00:01
Égypte

Des centaines de milliers d'Egyptiens manifestaient dimanche au Caire et à Alexandrie, les deux principales villes du pays, certains pour saluer l'éviction par l'armée du président Mohamed Morsi, et d'autres, moins nombreux, pour demander son retour à la présidence.

Un porte-parole de la présidence a par ailleurs annoncé que le social-démocrate Ziad Bahaa ElDin, ancien directeur des investissements égyptiens sous la présidence de Hosni Moubarak, devrait être désigné Premier ministre provisoire, tandis que Mohamed ElBaradeï, figure de proue de l'opposition laïque, deviendrait vice-président.

Les tractations avec les différentes forces politiques impliquées ont pour le moment buté sur la nomination à la tête du gouvernement de Mohamed ElBaradeï, annoncée dans un premier temps comme acquise par les médias officiels et des responsables égyptiens.

Le parti salafiste Al Nour, arrivé deuxième des dernières élections législatives, derrière les Frères musulmans, s'est en effet opposé avec vigueur au choix du prix Nobel de la paix 2005, favori des libéraux et de la jeunesse révolutionnaire. La formation a dit étudier la possibilité de désigner Ziad Bahaa ElDin au poste de Premier ministre.

Le processus de transition engagé par les militaires demeure flou, quatre jours après la destitution du président islamiste, ce qui fait craindre de nouveaux affrontements entre ses partisans et ses opposants, après des heurts qui ont tué vendredi plus de trente personnes.

MAIN TENDUE AUX FRÈRES

Même si plus de 350.000 opposants à Mohamed Morsi se sont rassemblés dimanche soir sur la place Tahrir, au Caire, soit un nombre bien plus grand nombre que lors des manifestations de vendredi, aucun affrontement violent n'a été signalé.

Des dizaines de milliers de personnes se sont aussi rassemblés devant le siège de la présidence, afin de manifester leur soutien au renversement de Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, par l'armée.

Le porte-parole d'Ali Mansour, le président intérimaire, a lui tendu la main aux Frères musulmans en annonçant qu'ils seraient autorisés à participer aux prochaines élections, y compris au scrutin présidentiel, même si l'armée s'est gardée de dire quand elles auraient lieu.

Les partisans de Mohamed Morsi se sont rassemblés devant une mosquée dans le nord-est du Caire, où ils étaient plusieurs dizaines de milliers, et où certains participent depuis mercredi à un vaste sit-in.

Une manifestation de soutien a aussi eu lieu devant la caserne de la Garde républicaine, où est détenu le président reversé, là-même où trois manifestants avaient été tués vendredi, devant les forces de sécurité déployées derrière un réseau de fils de fer barbelés.

A Alexandrie, où 14 personnes sont mortes au cours des affrontements de vendredi, des heurts ont à nouveau éclaté dimanche, mais aucune victime n'est signalée.

La justice égyptienne a par ailleurs acquitté dimanche un groupe d'opposants à Mohamed Morsi, dont le blogueur Ahmed Douma, qui étaient accusés d'avoir incité à la violence au cours de manifestations datant de mars.

MULTIPLES ATTAQUES DANS LE SINAÏ

Les violences continuent en outre dans le nord du Sinaï, où un soldat a en outre été tué à El Arich, non loin des frontières de la bande de Gaza et d'Israël, après deux attaques de postes de contrôle par des hommes armés qui se trouvaient à bord de camions pick-up.

Samedi, un prêtre copte a été tué dans cette localité, et la veille, cinq policiers y sont morts après plusieurs attaques à l'arme à feu.

Deux autres attaques contre des postes de contrôle ont eu lieu dimanche matin dans la ville de Cheikh Zoueïd et n'ont pas fait de victime.

L'un des principaux groupes armés islamistes opérant dans le Sinaï, celui des Djihadistes salafistes, a diffusé dans la journée un communiqué menaçant les policiers et les militaires qui mènent la "répression" contre la population de la péninsule.

Par ailleurs, le gazoduc qui relie l'Egypte à la Jordanie à travers le Sinaï a une nouvelle fois été endommagé par une explosion. Depuis la chute d'Hosni Moubarak en février 2011, plus d'une dizaine d'attentats ont visé ce gazoduc, dont une branche alimente Israël en gaz naturel égyptien.

Sur le plan international, le président russe Vladimir Poutine a lui estimé dimanche que l'Egypte risquait de sombrer dans la guerre civile, et prenait "le même chemin" que la Syrie, plongée depuis plus de deux ans dans le conflit entre le président Bachar al Assad et les insurgés.

Les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ont exprimé leur inquiétude après la destitution de Mohamed Morsi mais se sont gardés d'évoquer un coup d'Etat de l'armée.

Tangi Salaün, Guy Kerivel et Julien Dury pour le service français
20130807
Reuters

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