Égypte : Mohamed Morsi visé par une enquête criminelle en Egypte
le 14/07/2013 10:36:53
Égypte

Une enquête pénale a été ouverte pour espionnage, incitation à la violence et destruction de l'économie à l'encontre du président Mohamed Morsi écarté du pouvoir par l'armée il y a 10 jours en Egypte.



Le chef de l'Etat qui est détenu depuis le 3 juillet par les militaires dans un lieu tenu secret, sans doute dans les locaux de la Garde républicaine au Caire, n'a pas été officiellement inculpé pour le moment.

Vendredi, l'Allemagne et les Etats-Unis ont demandé la libération du président déchu, démocratiquement élu et investi il y a environ un an, le 30 juin 2012.

Les services du procureur général ont publié samedi un communiqué affirmant avoir reçu des plaintes visant Mohamed Morsi et huit autres responsables islamistes dont le guide de la confrérie, Mohamed Badie.

Le dépôt des plaintes est la première étape de la procédure pénale, permettant au ministère public d'entamer des investigations qui pourraient déboucher sur des inculpations.

L'annonce faite samedi par le parquet est relativement inhabituelle car celui-ci attend d'ordinaire d'avoir procédé à des inculpations pour annoncer publiquement l'existence d'une procédure judiciaire.

Badie et plusieurs autres membres de la confrérie doivent déjà répondre d'accusations pour incitation à la violence retenues contre eux cette semaine mais peu d'entre eux ont été arrêtés par la police.

"Nous les laissons faire leurs discours et leurs manifestations et au final, tout sera résolu en douceur et légalement", a déclaré un haut gradé souhaitant rester anonyme.

Le bureau du procureur général n'a pas précisé d'où émanaient les plaintes contre Morsi et les Frères musulmans. La loi égyptienne l'autorise à enquêter sur des plaintes émanant de la police ou de tout citoyen.

Gehad El Haddad, porte-parole des Frères musulmans, a qualifié d'absurdes les accusations des autorités, qu'il a jugées elles-mêmes responsables des violences.

"Ils commettent le crime puis en accusent leurs opposants. Tant qu'il y aura une force de police criminelle et une justice complice, les preuves apparaîtront et les juges seront satisfaits. Et les médias vendront cela au public", a-t-il dit.

MANIFESTATION PACIFIQUE

La confrérie a appelé samedi ses membres à une poursuite des manifestations la semaine prochaine pour exiger le rétablissement de Mohamed Morsi dans ses fonctions.

Plus de 90 personnes ont été tuées dans les violences qui ont fait suite à sa mise à l'écart le 3 juillet après plusieurs jours d'une contestation de grande ampleur demandant le départ du chef de l'Etat issu de la confrérie islamiste.

Des dizaines de milliers de partisans de l'ex-président se sont à nouveau rassemblés dans la nuit de vendredi à samedi avant de se disperser pacifiquement au lever du jour.

"Qu'il y ait lundi prochain une foule encore plus importante, si Dieu le veut, sur toutes les places d'Egypte -contre le coup d'Etat militaire", a déclaré Essam el Erian, l'un des responsables du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), la branche politique de la confrérie.

"L'Egypte fait ses choix dans les urnes, par les manifestations, par les grands défilés et par les sit-in pacifiques", ajoute-t-il sur le réseau Facebook. "Aucune personne, aucun groupe d'élite ou organisation militaire n'imposera son choix au peuple".

Les manifestations de vendredi, jour de la grande prière, se sont déroulées sans violence, contrairement à celles de la semaine précédente qui avaient fait 35 morts lors d'affrontements entre partisans et adversaires de Morsi.

Lundi, 57 personnes ont été tuées lorsque l'armée a ouvert le feu sur des manifestants rassemblés près de la caserne dans laquelle l'ancien chef de l'Etat serait détenu par les militaires.

Les généraux, qui nient tout coup d'Etat, affirment avoir répondu à l'appel des millions d'Égyptiens qui ont manifesté fin juin contre leur premier président démocratiquement élu, dont ils dénonçaient la dérive autocratique.

Jean-Philippe Lefief, Julien Dury, Pierre Sérisier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français
20131407
Reuters

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