Nigeria : Au Nigeria, une start-up s'attaque au marché des chômeurs
le 16/07/2013 09:53:38
Nigeria

Quand Ayodeji Adewunmi a été confronté à de nombreux obstacles au moment de créer sa propre entreprise, il a trouvé une source d'inspiration inattendue: le chômage, qui touche plus d'un jeune sur trois au Nigeria.



"Notre mission était de créer la plus grande liste d'annonces d'emplois de tout le pays", a-t-il déclaré à l'AFP.

M. Adewunmi a atteint son but: son entreprise, Jobberman. com, est aujourd'hui le premier site d'offres d'emploi au niveau national. Il emploie plus de 50 personnes et quelques 9. 000 entreprises y déposent des offres.

Dans le bâtiment de deux étages qui sert de bureau à Jobberman, dans le quartier huppé de Lekki, à Lagos, de jeunes cadres motivés s'activent.

M. Adewunmi est passé par tous les défis auxquels sont confrontés les jeunes entrepreneurs. "Nous manquions de tout (. . . )autant au niveau des capitaux qu'au niveau du réseau", raconte-t-il.

Des éléments importants dans un des pays les plus corrompus au monde.

Démarrer une entreprise sans l'aide d'un "parrain" bien placé relève de l'impossible au Nigeria, notamment dans des secteurs comme celui du pétrole, raconte M. Adewunmi.

Il a choisi internet parce que c'est un secteur qui est "très peu voire pas du tout lié à l'establishment".

Un de ses amis avait déjà développé un concept d'offres d'emploi en ligne mais ne l'avait jamais mis en oeuvre: M. Adewunmi s'en est chargé.

Il y avait clairement un marché: Quelques 37,5% des Nigérians âgés de moins de 25 ans sont sans emploi, selon le bureau national des statistiques.

L'économie croît, mais la pauvreté a empiré, selon les chiffres officiels, notamment parce que le pétrole reste la principale richesse du pays et que ce secteur ne génère que très peu d'emplois.

Le chomâge des jeunes est une véritable bombe à retardement, le risque étant que la jeunesse désoeuvrée se tourne vers la criminalité et l'extrémisme.

Ce qui a joué en faveur de M. Adewunmi, c'est l'usage croissant d'Internet, grâce à la pénétration du téléphone portable sur le marché nigérian ces dix dernières années.

Six mois après le lancement du site en 2009, c'est un investisseur nigérian qui a d'abord contacté la compagnie, puis Tiger Global Management, un fonds d'investissement basé aux Etats-Unis qui avait investi dans Facebook et LinkedIn.

Tiger Global n'a pas souhaité commenter, et M. Adewumni a refusé de dire à combien s'élève cet investissement.

Pour l'instant, Jobberman ne fait pas de profit, mais à terme, ses revenus proviendront de la publicité et d'un accès payant récemment introduit.

Tomi Orunmuyi, diplomé en ingénierie électrique de l'université d'Ilorin, dans le centre du pays, regrette le manque d'encadrement pour orienter les jeunes sur le marché de l'emploi et à rencontrer les bonnes personnes.

Quand il a voulu changer de travail, après son premier emploi, M. Orunmuyi dit que Jobberman s'est imposé à lui. C'est par ce biais qu'il a trouvé son poste chez Fun Mobile, une société pour laquelle il crée notamment des sonneries de portable.

"Plein de gens utilisent (ce site), ils ont plein d'offres d'emploi", s'enthousiasme-t-il.

M. Orunmuyi a postulé pour dix postes, confie-t-il à l'AFP, et il a reçu trois offres d'emploi.

Au moment où il a eu recours à Jobberman, l'accès au site était gratuit. Avec le nouveau système, les candidats doivent s'acquiter d'un abonnement de 500 nairas (2,5 euros) par mois.

M. Orunmuyi pense que la stratégie est risquée dans un pays où la population, échaudée par de nombreuses arnaques internet, redoute les paiements en ligne.

Mais quand on lui demande s'il pense que les gens vont continuer à avoir recours à ce site pour chercher un emploi, il répond qu'"ils n'ont pas vraiment d'autre choix".
20131607
Jeuneafrique

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