"Que nous reste-il? Rien, sauf ces quelques lits sans matelas et sans moustiquaire...": à l'hôpital centrafricain de Kaga Bandoro, le personnel en est réduit à balayer des salles vides depuis que "tout a été pillé" par les rebelles ayant pris le pouvoir en mars.
"Quatre mois après, la peur est toujours là ", témoigne Henri Ngoa, l'un des infirmiers de l'hôpital de cette préfecture du centre de la Centrafrique, à 350 km au nord de Bangui.
"Même s'ils sont malades, les gens n'osent pas venir se faire soigner. Ils préfèrent rester dans la brousse par crainte du Séléka", le mouvement rebelle qui a renversé le président François Bozizé le 24 mars.Cette crise, la énième depuis l'indépendance de l'ex-colonie française en 1960, est "la plus dure et la plus violente" qu'a connue Kaga Bandoro, une bourgade de 26.000 habitants, essentiellement des paysans, selon les témoignages recueillis par l'AFP.
Régina, une jeune femme de 21 ans, raconte ainsi que "tout a été volé" dans sa modeste maison lorsque les rebelles sont arrivés, le 25 décembre. "Des membres de ma famille sont morts et on s'est réfugié dans la campagne" par peur d'être "tué ou violé", témoigne cette mère de deux jeunes enfants. "Depuis, on se nourrit de racines de manioc et de légumes. On n'a plus qu'un repas sur deux".
"La population a beaucoup souffert depuis Noël", résume l'évêque du diocèse de Kaga Bandoro, Albert Vanbuel, un septuagénaire belge arrivé en Centrafrique il y a vingt ans. "Même si la situation s'est un peu améliorée depuis deux semaines, le principal problème est l'absence totale d'autorité. Plus de police ou de justice... Un nouveau préfet est arrivé il y a quelques jours, mais il n'a aucun moyen", explique-t-il. 20131707 Jeuneafrique
|