À Kinshasa, quatre escrocs présumés ont été déférés, jeudi 18 juillet. Ils sont soupçonnés d'avoir soutiré de grosses sommes d'argent à plusieurs hommes d'affaires africains, grâce au talent de l'un d'entre eux qui se faisait passer pour le chef de l'État, Joseph Kabila.
Quatre escrocs présumés ont été arrêtés et présentés à la justice congolaise, jeudi 18 juillet à Kinshasa. L’ampleur de l’arnaque qu’ils auraient montée est exceptionnelle. Par les moyens mis en œuvre d’abord : les malandrins avaient créé une adresse mail au nom de Joseph Kabila, s'étaient procuré des documents du ministère des Mines, avaient obtenu une garantie des Nations Unies et étaient allés jusqu’à affréter un avion…
Surtout, l’un des complices mettait à profit son don d’imitation pour se faire passer pour se présenter au téléphone le chef de l’État en personne. En se faisant passer pour Joseph Kabila, il appâtait ses interlocuteurs pour mieux les duper. L'homme d'affaires béninois Souhin Razaki a ainsi été amené à verser 3 millions de dollars pour emporter un marché de cuivre. Avant d’être finalement obligé de porter plainte dans l’espoir de récupérer une partie de la somme.
Selon les policiers, un commerçant centrafricain, Kaki Masengo, a quant à lui payé 135 000 USD pour cinq kilos d'or que le pseudo président lui avait promis. De son côté, un autre commerçant attendait une cargaison de diamants pour 14 millions de dollars... Et un notable du Nord-Kivu (Est), Léon Muheto, fait lui aussi partie de la longue liste des victimes.
Brouteurs, affairistes, imitateurs...
L’affaire roulait à merveille jusqu’à ce que l’un des candidats « pigeons » fasse part de ses soupçons à la police qui a ouvert une enquête, en 2012. Laquelle a abouti aux arrestations de jeudi. Les prévenus n’en étaient visiblement pas à leur premier coup. Ils avaient déjà été condamnés pour escroquerie après avoir dupé des militaires.
Sur le continent, les escroqueries les plus fameuses ne concernent pas qu’Internet, avec ses « brouteurs » ivoiriens ou ses arnaques dites à la nigériane. Au Mali, tout le monde se souvient encore de Babani, que l’on surnomme le « Bernard Tapie » africain. Et en RDC, l’une des plus célèbres affaires avait été, au cours des années 90, celle d’un agent du Trésor public qui, imitant la voix de l'ancien président Mobutu Sese Seko, avait ordonné qu'on mette à sa disposition un million de dollars en vue d'un prochain voyage à l'étranger.
Le subterfuge avait été éventé par le directeur de la Banque centrale qui, méfiant, avait demandé au président s'il avait bien reçu ce qu'il avait demandé. Coup double : une autre escroquerie avait été mise au jour. Le directeur du Trésor avait, de son côté, demandé deux millions de dollars. Pour garder la moitié de la somme...
(Avec AFP) 20132007 Jeuneafrique
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