Tunisie : Ennahda prĂŞt Ă  discuter d'un gouvernement d'union en Tunisie
le 31/07/2013 10:48:55
Tunisie

Le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien, s'est dit prêt mardi à discuter d'un gouvernement de salut national comme le réclament l'opposition et Ettakatol, l'un des trois partis de l'actuelle coalition gouvernementale.



Le Premier ministre, Ali Larayedh, issu d'Ennahda, avait pourtant rejeté lundi l'appel d'Ettakatol à la démission du gouvernement et à la formation d'un cabinet d'union nationale.

"Nous sommes ouverts à toutes les propositions pour parvenir à un accord, notamment un gouvernement d'union nationale ou de salut national", a dit à Reuters Ameur Larayedh, un responsable d'Ennahda. "Mais nous n'accepterons pas la dissolution de l'Assemblée constituante, c'est une ligne à ne pas franchir".

L'Assemblée nationale constituante (ANC) devrait achever d'ici quelques semaines la rédaction d'un projet de nouvelle Constitution. L'assassinat jeudi dernier à Tunis d'un opposant laïque de gauche, Mohamed Brahmi, plus de cinq mois après celui de Chokri Belaïd, une personnalité clé de l'opposition, a de nouveau plongé le pays dans une crise aiguë entre partisans et adversaires du gouvernement dominé par Ennahda.

Menaçant d'éclatement la coalition au pouvoir, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, s'est dit prêt à démissionner en l'absence de formation d'un gouvernement d'union nationale.

"Je souhaite grandement démissionner", a déclaré mardi à la radio Lotfi Ben Jeddou, qui n'appartient à aucun parti. "Un gouvernement de salut national ou d'union nationale doit être formé pour sortir la Tunisie de cette impasse."

APPEL À LA DÉMISSION

Certains dirigeants de l'opposition se sont déclarés insatisfaits de la proposition d'Ennahda de former un nouveau gouvernement tout en maintenant l'ANC.

"La rue veut dissoudre l'Assemblée constituante, qui est déjà morte d'un point de vue politique et éthique. Sa légitimité est terminée", a dit Mongi Rahoui, chef de file du Front populaire, une coalition d'opposition qui regroupe une douzaine de formations.

Les dirigeants de l'opposition reprochent à l'Assemblée d'avoir dépassé depuis longtemps la date limite d'un an qui lui avait été fixée en décembre 2011 pour remplir ses objectifs et élaborer notamment un projet de Constitution.

Mongi Rahoui a également estimé qu'Ennahda devrait renoncer au poste de Premier ministre dans le cadre d'un accord sur un nouveau gouvernement.

L'Union générale tunisienne du travail (UGTT), le premier syndicat du pays, qui compte 600.000 membres, a appelé à la démission du gouvernement pour le remplacer par un cabinet de techniciens mené par une personnalité indépendante.

La confédération syndicale a cependant aussi refusé la dissolution de l'Assemblée constituante.

"Nous considérons que ce gouvernement est incapable de continuer à travailler", a déclaré Hussein Abbassi, secrétaire général de l'UGTT. "Nous proposons de maintenir l'Assemblée constituante mais (...) avec un calendrier pour accélérer l'achèvement de son travail", a-t-il ajouté.

La mort de huit soldats dans une embuscade près de la frontière algérienne a alimenté lundi soir la colère de milliers de manifestants antigouvernementaux rassemblés à Tunis.

Le président Moncef Marzouki a qualifié l'embuscade d'attaque terroriste, décrétant trois jours de deuil national et lançant un appel à l'union nationale.

Cette attaque, la plus grave contre les forces de sécurité tunisiennes depuis des années, s'est produite dans le secteur du djebel Châambi, massif montagneux situé à 220 km au sud-ouest de Tunis, où les forces de sécurité traquent des combattants affiliés à Al Qaïda depuis décembre.

Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Kasserine, près du lieu de l'attaque, en réclamant la démission du gouvernement, rapportent des habitants de la région.

A Tunis, plus de 10.000 personnes se sont également rassemblées contre le gouvernement et le chef de file des islamistes d'Ennahda, Rached Ghannouchi.
20133107
Reuters

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