Le Mouvement du 23 mars (M23), actif dans l'est de la République démocratique du Congo, a accusé le gouvernement de brouiller sa nouvelle radio avec des émissions à caractère pornographique pour le discréditer aux yeux de la population, indique la rébellion dans un communiqué diffusé dans la nuit de vendredi.
Le gouvernement "est en train de brouiller les ondes de sa radio Dignité FM émettant sur la fréquence de 96.2. Le regret des autorités du M23 est d’autant plus grand que les émissions à caractère purement éducatif et formatif sont brouillées par des films pornographiques", écrit Amani Kabasha, chef de la communication du groupe armé.
Selon lui, des "techniciens à la solde des autorités gouvernementales" diffusent ces émissions dans le "vain espoir que la population de Goma croira que c’est le M23 qui leur sert ces recettes ordurières".
Goma est la capitale de la province riche et instable du Nord-Kivu, que la rébellion avait occupée fin novembre, avant de s'en retirer contre l'ouverture d'un dialogue avec Kinshasa.
Démenti de Kinshasa
Interrogé par l'AFP, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a démenti, affirmant que "le gouvernement ne peut pas émettre de programmes pornographiques".
Deux habitants de Goma joints par téléphone ont dit avoir des difficultés pour "capter la fréquence" de la radio, les empêchant de confirmer ou infirmer les accusations du M23.
Mardi, le M23 avait annoncé qu'il testait une radio pour combattre la "désinformation". "Certains sont en train d'appeler notre peuple à soutenir la guerre, à prendre les armes les uns contre les autres, mais nous voulons soutenir les négociations", actuellement au point mort à Kampala, en Ouganda, avait précisé à l'AFP le président politique du M23, Bertrand Bisimwa.
Le 14 juillet, de violents combats ont repris entre l'armée et le M23. Depuis deux semaines, une trêve est observée mais le M23 a menacé de reprendre les positions qu'il détenait avant son retrait de Goma. Il a justifié cette menace en expliquant que le gouvernement n'avait pas rempli sa part du contrat établi par les Etats de la région avant que la rébellion quitte Goma.
Dans un tweet posté samedi, le député invalidé Roger Lumbala, en exil et qui soutient ouvertement le M23, a appelé la Société civile du Nord-Kivu (associations, syndicats, organisations religieuses...) à "demander le départ du président (Joseph) Kabila" et à pousser la Mission de l'ONU (Monusco) à quitter Goma pour permettre au M23 de "venir sécuriser la population".
Depuis le 1er août, la Monusco et sa brigade d'intervention protègent une "zone de sécurité" comprenant Goma et sa région proche. Cette zone n'englobe pas les positions des groupes armés - y compris du M23, le principal - mais la Monusco a souligné que son tracé n'était qu'une "première étape".
(AFP) 20131208 Jeuneafrique
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