Les rassemblements « de la colère » des Frères musulmans ont dégénéré et fait plus de 90 morts à travers le pays.




Il est 13 heures, ce vendredi, à la mosquée Sayeda Zeinab. Le prêche résonne dans les rues avoisinantes avec une intensité particulière. La voix brisée de l'imam donne le ton de la journée. Vingt-huit marches doivent converger vers la place Ramsès, ont annoncé les Frères musulmans, en réponse au massacre du 14 août, qui a fait plus de 600 morts lors de la dispersion des sit-in des Frères. Depuis deux jours, les rues du Caire sont vides. La ville retient son souffle pour cette journée d'affrontements qui promet d'être longue. Des hélicoptères décrivent des cercles au-dessus du centre-ville. Des chars de l'armée sont postés sur les artères principales du centre et autour de la place Tahrir.

En milieu d'après-midi, comme annoncé, des partisans des Frères viennent, place Ramsès, grossir les rangs de ceux qui s'y sont réunis dès la prière du vendredi. Ils sont près de 20.000. Le slogan du jour est limpide: le peuple veut la pendaison du Sanguinaire (comprendre: le général al-Sissi). Bizarrement, sur la place, il n'y a pas de trace visible de l'armée, qui, si elle l'avait souhaité, aurait pu en couper l'accès, comme elle l'a fait sur Tahrir. Des tirs commencent et les affrontements se concentrent autour du poste de police voisin. Très vite, les premières estimations de morts sont partagées sur les réseaux sociaux.

En fin d'après-midi, il est question d'une cinquantaine de morts. Mais Ramsès n'est pas le seul point névralgique de la capitale. Au même moment, une marche en route vers Ramsès se retrouve bloquée sur le pont du 15-Mai, dans le quartier de Zamalek, par des tirs de l'armée. Des photographies parlantes commencent à circuler, montrant des manifestants sautant du pont pour échapper aux balles. Les habitants de ce quartier huppé, d'habitude imperméable aux soubresauts de la capitale, n'ont pas osé sortir de leurs (...)
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