Égypte : "L'armée se bat pour conserver ses privilèges économiques"
le 20/08/2013 10:57:54
Égypte

Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS, spécialiste du Moyen-Orient revient sur la situation explosive qui persiste en Egypte, après la flambée de violence qui a fait plus de 800 morts depuis mercredi. Interview.



Que peut-on attendre de la semaine qui arrive ?

- Plusieurs scenarii sont possible : l'armée persiste à vouloir éliminer le mouvement ou met en œuvre des mécanismes de réconciliation entre les militaires et les Frères musulmans. On ne peut pas encore se prononcer, mais l'escalade de la violence n'est pas une fatalité.

On a pourtant l'impression d'un pays coupé en deux, entre pro-Morsi et anti Frère musulmans. Une résolution du conflit à long terme est-elle possible ?

- C'est une erreur de voir dans la société égyptienne une rupture entre pro-Morsi, qui seraient les partisans des Frères musulmans, et les anti-Morsi, qui seraient les défenseurs d'une jeune démocratie en péril. Les Frères musulmans ont gagné trois scrutins et se sont retrouvés au pouvoir par la voix du peuple, en prétendant ne pas vraiment le vouloir.

Les Egyptiens comptaient sur eux pour répondre à de vrais problèmes de société, comme la lutte contre la corruption, le développement de la société civile et une sortie de la crise économique... Et c'est là qu'ils ont déçu. Ils ont tenté de cacher leur échec en se focalisant sur l'ordre moral. Cela leur a coûté une chute de popularité temporaire.

Quant aux manifestants de la première heure, ceux qui ont appelé au départ de Mohamed Morsi, ils ont servi de prétexte à l'armée pour renverser un mouvement qui allait, prétendument, islamiser la société égyptienne. (...)
20132008
Le Nouvel Observateur

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