Égypte : 25 policiers et 37 détenus tués en moins de 24 heures
le 20/08/2013 11:14:46
Égypte

La spirale des violences s'accélère en Égypte. Vingt-cinq policiers et 37 détenus islamistes ont été tués en moins de 24 heures. Soldats et policiers continuent à réprimer dans le sang les partisans de Mohamed Morsi, les qualifiant de "terroristes".

Le président destitué, lui, s'est vu ajouter un nouveau chef d'inculpation pour complicité de meurtre et de torture sur des manifestants protestant devant le palais présidentiel fin 2012.

Le cycle des violences s'est accéléré, le 19 août, en Égypte avec 25 policiers et 37 détenus islamistes tués en moins de 24 heures. Selon Mena, le procureur général a, lui, ordonné quinze jours de détention supplémentaires pour le président déchu Mohamed Morsi, qui est par ailleurs visé par une enquête pour participation à des "actes violents" lors de manifestations qui ont eu lieu en décembre dernier devant le palais présidentiel.

Attaque la plus meurtrière

Dans la péninsule désertique du Sinaï, base arrière de nombreux groupes islamistes armés, des assaillants ont attaqué à la roquette, le 19 août, deux minibus de la police, tuant au moins 25 policiers qui se rendaient à Rafah. C'est l'attaque la plus meurtrière visant les forces de l'ordre depuis plusieurs années.

Dimanche soir, dans des circonstances encore troubles, 37 détenus issus de la confrérie de Mohamed Morsi, les Frères musulmans, ont péri asphyxiés dans un fourgon qui les transportait vers une prison du Caire. La police a évoqué une tentative d'évasion alors que le camp Morsi a dénoncé un "assassinat".

Dans le pays, les médias unanimes et une grande partie de la population qui considèrent désormais les Frères musulmans comme des "terroristes", soutiennent la méthode forte de l'armée, qui a suscité à l'étranger une vague de critiques de plus en plus virulentes.

Pour sa part, Amnesty International a dénoncé un "carnage total", et déploré la "faiblesse" des réactions internationales, alors que l'Union européenne, dont les dirigeants se sont dit prêts à "réexaminer" leurs relations avec Le Caire, tiendra une réunion ministérielle mercredi sur le sujet.

De son côté, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, a prévenu de son que les pays arabes étaient prêts à compenser toute baisse de l'aide occidentale à l’Égypte. L'Arabie saoudite, la Jordanie et l'Autorité palestinienne disent soutenir les autorités "contre le terrorisme", un avis partagé par Israël. En revanche, William Hague, le chef de la diplomatie britannique, a estimé que les troubles au Moyen-Orient pourraient durer "des décennies".

Des responsables de la petite communauté catholique copte égyptienne n’ont pas manqué de réagir. Ils ont qualifié les événements d’attaque "terroriste" contre le peuple égyptien, récusant toute fracture séparant les chrétiens et les musulmans, qui, selon eux, les aident et les soutiennent en majorité.

Attaque "terroriste"

Les attaques de lundi au Sinaï portent à 75 le nombre de membres des forces de l'ordre tués dans cette région instable depuis la destitution de M. Morsi. Le gouvernement a qualifié de "terroriste" cette dernière attaque qui a été condamnée par Berlin. Un autre officier de police a été tué à Al-Arich, la capitale régionale du Nord-Sinaï.

L’Égypte a décidé de fermer le point de passage de Rafah avec la bande de Gaza contrôlée par les islamistes du mouvement palestinien Hamas.

Dimanche, les pro-Morsi ont annulé des cortèges au Caire, invoquant des raisons de sécurité. Ils redoutent d’être à la fois la cible des forces de l'ordre, désormais autorisées à tirer sur les manifestants hostiles, et des groupes d'auto-défense de résidents qui s'en prennent depuis plu-sieurs jours à eux et aux journalistes étrangers accusés d'avoir pris leur parti.

Face aux craintes de la montée du phénomène de justice de rue et dans un apparent geste d’apaisement, le gouvernement a cependant annoncé dimanche l'interdiction de ces "comités populaires".

Ajoutant à la confusion politique dans le pays, la justice a annoncé que l'ancien président Hosni Moubarak, renversé début 2011, avait été remis en liberté conditionnelle dans l'attente d'un procès dans une affaire de corruption. Il ne reste plus détenu que pour un dernier chef d'inculpation.

Même si l'état d'urgence et le couvre-feu nocturne restaient en vigueur, le trafic a repris lundi matin au Caire, qui a retrouvé ses habituels embouteillages. Les habitants reprenaient le chemin du travail, tandis que des magasins étaient ouverts.

(Avec AFP)
20132008
Jeuneafrique

Format imprimable Envoyer cet article ŕ un ami Créer un fichier PDF ŕ partir de cet article
Les commentaires appartiennent Ă  leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.