Deux personnes ont été tuées par la chute d'un obus, samedi sur un faubourg de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, trois jours après la reprise des affrontements entre les rebelles du M23 et l'armée gouvernementale, ont indiqué des témoins.
"Une bombe vient de tomber sur mon quartier de Ndosho", a dit à l'AFP un habitant de la capitale de la province instable du Nord-Kivu, Charles Paluku, faisant état de deux morts. Selon un autre témoin, l'obus est tombé "à côté de la paroisse Saint-Francois de Ndosho".
Les témoins ont ajouté que deux autres obus étaient tombés près de la ville, dont l'un sur le camp de réfugiés de Mugunga 3, mais aucun bilan n'a été établi.
Ces bombardements ont provoqué une vive tension à Goma où des habitants ont manifesté contre la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) qu'ils accusent de passivité.
Des manifestants ont porté le corps d'un enfant tué dans le quartier de Ndosho tandis que les boutiques étaient fermées et la circulation réduite.
"Je comprends la frustration de la population civile", a dit le porte-parole de la Monusco, le lieutenant-colonel Prosper Basse.
Il a réitéré le "soutien indéfectible" de la Monusco aux forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), un jour après que les Casques bleus se furent dits engagés aux côtés de l'armée régulière contre la menace que fait peser le M23 sur Goma. Jeudi, des tirs d'artillerie ont fait quatre morts, selon l'ONU, dans des faubourgs de la ville.
La Monusco avait annoncé il y a trois semanes la formation d'une zone de sécurité d'un périmètre de 30 km autour de Goma pour protéger les populations civiles des exactions du M23 et d'autres groupes armés.
Elle comptait notamment sur une nouvelle brigade d'intervention qui doit compter à terme quelque 3. 000 hommes au mandat offensif venant renforcer les 17. 000 soldats de la Monusco déjà présents en RDC depuis 1999.
Mais les affrontements ont repris mercredi au nord de Goma avec le M23, un groupe créé en 2012 par des Tutsi, l'ethnie au pouvoir au Rwanda, actif au Nord-Kivu, une région en proie à une instabilité chronique depuis deux décennies. Kinshasa et l'ONU ont accusé le Rwanda de soutenir la rébellion, ce que Kigali a toujours démenti.
Les Nations unies n'ont donné aucune indication sur l'origine des tirs de samedi.
Le porte-parole du M23, le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, a mis en cause l'armée régulière, affirmant que les tirs visaient la communauté rwandophone de Goma. "Nous déplorons ce crime grave, ce crime de guerre que les FARDC sont en train de commettre", a-t-il dit.
Samedi, le président du M23, Bertrand Bisimwa, a adressé une lettre ouverte au secrétaire général de l'ONU accusant Kinshasa de bombarder les populations civiles. Il y demande à Ban Ki-moon de former "une commission d'enquête indépendante pour faire toute la lumière sur les événements de ces jours dans cette partie du pays".
De son côté, l?armée rwandaise a accusé la RDC d'avoir bombardé vendredi des villages situés du côté rwandais de la frontière et averti qu'elle ne resterait pas indéfiniment sans réagir. Kigali avait déjà accusé jeudi son voisin d'avoir bombardé un village rwandais.
"Ces bombardements continuels et insensés de l?armée congolaise sont inacceptables et doivent cesser immédiatement", a déclaré vendredi soir le porte-parole de l?armée du Rwanda, le général Joseph Nzabamwita.
"Les actes de provocation qui mettent en danger les vies de citoyens rwandais ne resteront pas sans réponse indéfiniment", a-t-il poursuivi. 20132508 Jeuneafrique
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