Les autorités tunisiennes ont qualifié jeudi d'"organisation terroriste" le groupe salafiste Ansar al Charia pour son rôle dans le meurtre, ces six derniers mois, de deux responsables politiques et la mort de plusieurs militaires.



"Nous avons découvert la preuve que le groupe Ansar est responsable de l'assassinat (des députés de l'opposition laïques, NDLR) Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et des attaques au djebel Châambi", a déclaré le Premier ministre, Ali Larayedh.

"Nous avons décidé d'inscrire officiellement ce groupe sur la liste des organisations terroristes. Tout membre (d'Ansar al Charia) en subira les conséquences judiciaires", a dit à la presse le chef du gouvernement, lui-même issu du parti islamiste modéré Ennahda au pouvoir.

Ansar al Charia est le groupe islamiste le plus radical ayant émergé sur la scène politique tunisienne depuis la "révolution de jasmin" de janvier 2011, qui a chassé le président Zine ben Ali du pouvoir et a précédé les autres "printemps arabes".

Son chef de file, Saïfallah Benahssine, connu aussi sous le nom d'Abou Iyadh, est un ancien combattant d'Al Qaïda qui s'est battu en Afghanistan. Il est recherché par la police pour son rôle présumé dans les préparatifs de l'attaque contre l'ambassade des Etats-Unis à Tunis en septembre 2012.

Cette attaque, qui avait pris initialement la forme d'une manifestation contre un film tournant en dérision le Prophète Mahomet, s'était soldée par la mort de quatre personnes.

Ansar al Charia est aussi soupçonné dans le meurtre des deux députés de l'opposition, en février et fin juillet, à Tunis qui ont provoqué un grand émoi dans le pays et à l'étranger. D'après les enquêteurs, c'est la même arme qui a tué les deux parlementaires de premier plan.

Le groupe est en outre mis en cause dans la mort, en juillet, de huit soldats envoyés au mont Châambi, à la frontière tuniso-algérienne, pour traquer des maquisards djihadistes. L'aviation tunisienne a mené en août des raids pour tenter de déloger ces maquisards retranchés dans des grottes.

L'opposition laïque, qui réclame avec force la démission du gouvernement dominé par Ennahda, accuse pour sa part l'exécutif de faire preuve de laxisme dans le combat contre les éléments djihadistes qui sèment l'insécurité dans le pays.
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Reuters