Avant la tenue de son comité central, qui se réunira les mercredi 29 et jeudi 30 août, la guerre des clans fait rage au FLN. En jeu, l'élection du nouveau chef du parti, à quelques mois de l'élection présidentielle d'avril 2014.
Le 31 janvier dernier, Abdelaziz Belkhadem était destitué de son poste de secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), renversé par un comité central hostile à ses ambitions personnelles. Sept mois plus tard, le parti historique de l'indépendance algérienne n'a toujours pas de chef légitime. La guerre des clans y fait même rage, chacun espérant prendre l'ascendant en vue de l'élection présidentielle cruciale d'avril 2014.
Jeudi et vendredi se tiendra la septième session du comité central, censée désigner le nouveau secrétaire général du FLN. Cette réunion aiguise les appétits et laisse planer, depuis quelques semaines, une ambiance délétère au sein du parti. L'heure est même franchement à la cacophonie. "Tout le monde sent qu'il va y avoir du changement, analyse une journaliste algéroise. Maintenant qu'Abdelaziz Bouteflika a perdu son influence, tous ceux qui étaient dans l'ombre essaient de décrocher leur part du gâteau."
Au cœur de ce méli-mélo partisan, deux clans se distinguent. Le premier, composé de membres du bureau politique, est regroupé derrière Abderrahmane Belayat, le coordinateur du parti. Il est notamment composé d'anciens artisans de l'éviction de Belkhadem, tel Abdelkrim Abada. Face à eux se tient le groupe des "redresseurs", conduit par Ahmed Boumehdi, membre du bureau de la dernière session du comité central. Ces derniers soutiennent la nomination d'Amar Saadani - un proche de Saïd Bouteflika, l'influent et mystérieux frère cadet du chef de l'État - au poste de secrétaire général.
Bataille d'hĂ´tels
Ex-président de l’Assemblée entre 2004 et 2007, Amar Saadani traine une mauvaise réputation dans la presse algérienne, qui l’a impliqué à maintes reprises dans des affaires de détournement d’argent public. En retrait de la vie politique depuis sa disgrâce de 2007, lorsque Abdelaziz Bouteflika avait mis un véto à sa candidature à la députation, Saadani revient désormais sur le devant de la scène grâce au concours du frère conseiller.
La proximité des "redresseurs" et de Saadani avec le clan Bouteflika est d'ailleurs à l'origine d'une situation explosive. Comme le prévoit la loi, les membres du FLN doivent organiser un congrès soumis à autorisation du ministère de l'Intérieur pour élire leur nouveau chef. Alors que le clan Belayat et le bureau politique veulent tenir le comité central à l'hôtel El Riadh de Sidi Fredj, à l'ouest d'Alger, le ministère a donné son aval au clan Boumehdi, qui souhaite lui organiser la réunion partisane à l'hôtel algérois El-Aurassi. Mardi soir, l'incertitude planait toujours sur le lieu exact de la septième session, qui doit s'ouvrir jeudi matin...
C'est donc peu dire que l'issue de ce comité central est incertaine. Si aucun consensus clair ne se dégage, le FLN, déjà miné par de vieilles dissensions internes, se présenterait encore plus affaibli dans les starting-blocks de la présidentielle 2014. Face à des islamistes en ordre de bataille, l'ancien parti unique aura pourtant plus que jamais besoin de cohésion et de sérénité.
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Benjamin Roger 20132808 Jeuneafrique
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