Après la chute d'obus sur la ville de Gisenyi (Rubavu), le 29 août, au Rwanda, les Forces de défense rwandaises (RDF) renforcent discrètement leur présence sur la frontière commune avec la RDC.
"On est un peu inquiet après ce qui s’est passé ici, mais on a vu que notre armée est là et donc on est rassuré", explique James, venu participer au stade de Gisenyi à un meeting du Front patriotique rwandais (FPR), le parti au pouvoir. Depuis jeudi 29 août, les habitants de Gisenyi, ville rwandaise plantée au pied des collines verdoyantes sur les bords du lac Kivu, ont constaté des mouvements militaires "inhabituels" mais discrets aux abords de la cité.
Des blindés, des hommes et du matériel militaire ont été aperçus en train de converger vers des positions à la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), selon les témoignages.
Au pied de la chaîne des volcans, la frontière serpente ici au milieu des terres noires volcaniques, le long de villages dispersés, dans un inextricable maquis de champs de bananiers et de forêts d'eucalyptus.
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Canon tourné vers la RDC
"J’ai vu cinq tanks et des armes lourdes transportées par de gros camions passer près de chez moi. J’habite au bord de la route", explique Umulisa, villageoise de Ruzini, à environ 15 km au nord de Gisenyi. "Je n’en avais jamais vu avant. Ils sont partis en direction de la frontière".
Cette femme de ménage raconte que des chars sont également postés sur le mont Rubavu, une colline stratégique qui surplombe Gisenyi, tout comme la ville congolaise de Goma, la capitale de la province instable du Nord-Kivu."Nous avons l’habitude de passer par la colline pour aller travailler à Gisenyi. C’est un raccourci, mais depuis qu'ils sont là , on n’ose plus y aller", confie-t-elle.
Un char de combat stationne sur la colline en question, le canon tourné vers le territoire congolais, a constaté dimanche une journaliste de l'AFP. Des véhicules militaires et des armes lourdes ont également été aperçus dans les environs ces derniers jours. "D’où nous nous trouvons, nous entendons bien mieux les combats du Congo qu’à Gisenyi. On a peur que cela puisse arriver jusqu’ici", ajoute Umulisa. "En plus, on se dit que si les militaires sont ici, ce n'est sûrement pas pour rien...".
"Le Rwanda est préparé à défendre ses citoyens"
Ces mouvements font suite à la chute de deux obus d'origine indéterminée sur Gisenyi, le 29 août, qui ont fait un mort. Au même moment, de l'autre côté de la frontière, les combats faisaient rage au nord de Goma entre l'armée congolaise, appuyée par les Casques bleus des Nations unies, et la rébellion du M23, que Kigali est accusée de soutenir, malgré ses démentis. Le Rwanda a rapidement réagi, accusant les forces congolaises "d'intensifier leur bombardement délibéré" de leur territoire.
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Interrogée par l'AFP sur la présence croissante des RDF sur la frontière, Louise Mushikiwabo, la chef de la diplomatie rwandaise, n’a pas souhaité commenter. "Le Rwanda est préparé à défendre ses citoyens et son territoire, tout en poursuivant le chemin politico-diplomatique de concert avec la région", a-t-elle tout de même lâché.
Pour l'heure, la situation reste parfaitement calme à Gisenyi, où la population vaque à ses occupations. Boutiques et échoppes sont ouvertes, et le marché normalement fréquenté.
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