ouverture des "concertations nationales" boudées par l'opposition
Le président congolais, Joseph Kabila, réélu dans des circonstances contestées en 2011, a ouvert cette phase de consultations prévues pour une quinzaine de jours par un "discours d'orientation générale" au Palais du Peuple (Parlement).
Parlant d'un "moment historique à saisir", le chef de l'Etat a appelé les quelques 700 délégués devant participer aux assises à parvenir à un "consensus" susceptible d'assurer la "cohésion nationale et la consolidation de la paix, gages d'un développement harmonieux et durable".
En l'absence de la première force de l'opposition - l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) - et d'autres formations d'opposants comme l'Union pour la nation congolaise (UNC) qui boycottent ces rencontres, l'objectif aura du mal à être atteint, et le dialogue risque de se limiter à un simple échange entre la majorité et la société civile, elle même divisée sur la position à adopter entre participation et boycottage.
En juillet, près de 80 partis d'opposition avaient estimé que la forme retenue pour les assises ne correspondait pas à la recommandation de l'ONU d'organiser "un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises".
Dans son discours, M. Kabila a pris soin de poser clairement les limites: "les délégués aux concertations nationales n'ont pas vocation à se substituer au souverain (...) moins encore a remettre en cause les décisions qui relèvent du pouvoir exclusif de ce dernier", a-t-il dit sous les applaudissements.
Les discussions, qui étaient prévues initialement pour le début de l'année, doivent durer une quinzaine de jours et avoir lieu à Kinshasa, et dans les deux autres plus grandes villes du pays: Lubumbashi (sud-est) et Kisangani (nord-est).
Renforcer l'État
Elles s'ouvrent deux jours après un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des Grands Lacs qui a exigé que les rebelles congolais du Mouvement du 23 Mars (M23) déposent les armes pour permettre une reprise des négociations avec Kinshasa d'ici à dimanche. Ces négociations, qui se déroulent en Ouganda, sont au point mort depuis mai.
Pour M. Kabila, les "concertations nationales doivent permettre de "rétablir et consolider la cohésion interne en vue (...) de renforcer l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national et de mettre fin au cycle infernal de violences", dans l'est du pays.
Le chef de l'Etat faisait ainsi référence au M23, implanté dans la province du Nord-Kivu (est), mais aussi aux nombreux groupes armés qui sévissent dans la partie orientale de la RDC.
Aux abords du Parlement, les partisans du chef de l'Etat et leurs alliés manifestaient ostensiblement leurs présence: fanfares, drapeaux colorés et banderoles, sous le regard de nombreux policiers et soldats. Mais pas de présence de militants de l'opposition.
Alors que la majorité de la population vit dans un dénuement extrême et que l'Etat peine à imposer son autorité sur l'ensemble du territoire, face aux nombreux groupes armés, l'opposition aurait voulu que les discussions débordent du champ fixé par M. Kabila: la gouvernance, l'économie, le désarmement des groupes armés, les conflits communautaires et la décentralisation.
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