(allafrica) - Le président de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, a animé une conférence de presse hier à l'hôtel du Golf, où il est contraint de se retrancher depuis 28 novembre dernier. Au cours de cette conférence qui a duré 38 minutes d'horloge, le président Alassane a fait le tour de l'actualité liée à la situation de bocage, du fait de la tentative de confiscation du pouvoir par le président sortant, Laurent Gbagbo. Il a, à cet effet, indiqué avec optimisme que M. Laurent Gbagbo partira avant la fin du mois de janvier. Il a, pour cela, rassuré qu'il a tout une panoplie de mesures en cours qui va faire tomber Laurent Gbagbo pas comme un fruit mûr mais "comme un fruit pourri". Nous vous proposons l'intégralité de la conférence.
Mmes et MM les journalistes, c'est vrai que nous nous sommes déjà vus pour les fêtes du nouvel an mais je vous les réitère en vous souhaitant des fêtes de bonne année pour vous personnellement, pour vos familles, pour vos organes et vous dire que je suis à votre disposition. Je pense qu'en raison des contraintes de déplacement, nous n'avons pas beaucoup de temps. Nous avons à peu près 45 minutes, donc je vais vous laisser la parole sans faire de déclaration préliminaire pour gagner du temps. Je suis à votre disposition.
On a l'impression que la situation en Côte d'Ivoire est complètement bloquée. Il y a eu des négociations, mais elles n'ont pas abouti. Il y a des menaces d'intervention militaire qui nous parviennent, certainement destinée à faire partir le président Laurent Gbagbo. Concrètement, qu'est-ce que vous pouvez faire pour sortir de cette crise. Qu'est-ce qu'il faut faire maintenant ?
Oui, c'est vrai que les négociations semblent bloquées mais vous savez que dans ces genres de situation, il faut se donner un peu le temps bien que le temps soit tout contre les intérêts de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens. Parce que chaque nuit, ce sont les personnes qui sont assassinées, des femmes qui sont violées par les mercenaires et les miliciens de Laurent Gbagbo. Et c'est pour cela qu'il y a urgence. Urgence à régler ce problème. Les trois présidents qui sont venus, Cap Vert, Sierra Leone et Bénin accompagnés du Premier ministre du Kenya ont posé la question à Laurent Gbagbo à savoir quand est-ce qu'il quittera le pouvoir. Il a indiqué qu'il n'y avait pas de problème mais il voulait un comité d'évaluation. Et nous, nous avons indiqué à la mission qu'il est clair que c'est une manière pour gagner du temps et qu'un comité d'évaluation n'avait aucun sens. Parce que ce processus a été validé, pas seulement par une Commission électorale indépendante (Cei) où l'ancien chef de l'Etat est lui-même représenté.
Ses représentants ont signé les procès verbaux aussi bien à la Cei centrale que dans les Cei départementales et les Cei locales. Donc on ne va pas réévaluer. En deuxième lieu, que la Cedeao a eu à suivre le processus pas seulement le jour du scrutin en attendant 3 ans et demi avec l'accord de Ouaga puisqu'il y avait un représentant du facilitateur qui a suivi tout ce processus. En troisième lieu, les Nations Unies ont suivi ce processus également avec un représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et mis trois ans et demi également depuis l'accord de Ouagadougou. Et que nous nous étions tous mis d'accord qu'en raison de la suspicion légitime que nous avions à l'endroit du Conseil constitutionnel, qu'il n'était pas possible de s'arrêter là, qu'il fallait une certification internationale. C'est ce qui a expliqué la certification du Représentant du Secrétaire général de Nations-Unies. Alors je précise que le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies a certifié le premier tour des élections présidentielles. Parce que souvenez-vous, le président Henri Konan Bédié avait suffisamment d'éléments pour dire qu'il n'était pas d'accord avec ces résultats. Mais à l'issue de la certification par le représentant spécial des Nations-Unie, il a dit c'est l'engagement que nous avions pris tous ensemble à Pretoria donc je laisse aller au deuxième tour le président Laurent Gbagbo et le président Alassane Ouattara. Alors ceci étant fait, M. Laurent Gbagbo devrait faire la même chose. La certification a dit clairement que la Commission électorale indépendante avait donné de bons chiffres, les chiffres réels. Le Premier ministre qui a suivi le processus de bout en bout pendant trois ans et demi, a eu les mêmes chiffres. Ce représentant du facilitateur a eu les mêmes chiffres. Même le Conseil constitutionnel a eu les mêmes chiffres. Et bien entendu, Laurent Gbagbo et moi-même avons les mêmes chiffres. Au niveau donc des chiffres, il n'y a pas du tout de nécessité de faire une évaluation ou un nouveau décompte. Donc ce processus de décompte a été fait et refait par toutes les sources que j'ai indiquées. Donc ce chapitre est clos. Alors l'autre élément, c'est qu'est-ce que le Conseil constitutionnel a fait. Le Conseil constitutionnel a pris les votes dans sept (07) départements du Nord et du Centre pour dire qu'il y avait eu des fraudes sans aucune preuve parce que c'étaient des procès verbaux fabriqués hors bureau de vote. C'étaient des mensonges. Les préfets dans ces différents départements ont fait des rapports pour dire que ces élections se sont bien passées et dans tous les bureaux de vote, le Centre de commandement intégré (CCI) qui comprend les militaires des Fds et des Forces nouvelles ont dit la même chose. Les observateurs internationaux ont dit la même chose. Les observateurs nationaux ont dit la même chose. Même des religieux que nous avons rencontrés, Monseigneur Ahouana a dit qu'à Bouaké, tout s'était bien passé. Monseigneur Dadié à Korhogo nous a dit que tout s'était bien passé. Donc vous voyez clairement que ce sont des mensonges.
C'est de la manipulation. Dans ces sept (07) départements, les votes se sont passés exactement dans les mêmes conditions au deuxième tour comme au premier tour que vous savez. Soyons sérieux. Si je devais frauder, ce n'est pas dans mon fief que j'irais frauder. Au premier tour, j'ai fait plus de 90% dans certains de ces départements et Laurent Gbagbo a fait 88% dans l'Agnéby. Et au deuxième tour, grâce au concours des autres partis du Rhdp et notamment du Pdci, mon score était à 93, 94%. Donc il n'y a aucune fraude, aucune contestation de ces résultats. Et je le répète, Laurent Gbagbo essaie de gagner du temps et on sait pourquoi. C'est pour importer des armes, des munitions, des mercenaires pour continuer de tuer des Ivoiriens. Donc je suis à l'aise pour dire que pas de nouveaux décomptes. Il n'en est pas question. Ce scrutin a été certifié. La Côte d'Ivoire a dépensé plus de 300 milliards pour ce scrutin et il n'est pas nécessaire de continuer de faire perdre du temps à la Côte d'Ivoire. En deuxième lieu, c'est un point important puisque c'est ce que ses deux (02) vieux avocats sont en train de propager partout. Ils ne comprennent rien au processus, c'est pour cela qu'ils font ces déclarations. Ce n'est pas comme dans d'autres pays où le scrutin n'a pas été surveillé. Le scrutin a été surveillé pendant trois ans et demi parce que cher à tout le monde, à la Côte d'Ivoire, à la communauté internationale. Alors pour les Ivoiriens qui ont perdu aussi des ressources qui auraient pu être utilisées pour la santé, pour l'éducation, etc. ça a été un gâchis considérable. Mais nous l'avons accepté parce que nous voulions, un, la démocratie et nous voulions une sortie pacifique de la crise. Alors ces rencontres des chefs d'Etat n'ont pas donné grand'chose parce que Laurent Gbagbo qui a pour l'habitude de boulanger, comme on le dit, essaie de gagner du temps. Mais vous savez, il faut arrêter.
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