Le Tchad est préoccupé par les évolutions
chez ses voisins : mouvements terroristes au Sahel (attaques d’AQMI au Niger,
crise malienne), instabilité dans le sud de la Libye, crise du Darfour non
réglée, indépendance tourmentée du Soudan du Sud, menace de Boko Haram sur la
sécurité de ses voies d’approvisionnement, lente sortie de crise de la RCA.
Darfour
La crise du Darfour a aujourd’hui beaucoup moins de répercussions sur le Tchad.
Après plusieurs attaques de mouvements rebelles (2005-2009) soutenus par
Khartoum, qui ont failli prendre Ndjamena (février 2008), l’armée tchadienne a
finalement remporté une nette victoire en mai 2009. L’accord signé avec le
Soudan le 15 janvier 2010 a mis fin aux soutiens croisés aux rébellions qui
menaçaient l’un et l’autre pays. La situation dans l’est du Tchad est
stabilisée, mais cette région présente d’autres risques : violences entre
groupes arabes et non arabes, présence de bandits ou anciens rebelles non
ralliés, camps de réfugiés du Darfour (350 000) et de déplacés tchadiens (90
000).
Cette crise s’est traduite par une importante présence internationale, de 2008 à
2010, dans l’est du Tchad et le nord-est de la RCA (résolution 1778 du CSNU), à
travers la MINURCAT, mission des Nations Unies, et EUFOR Tchad-RCA, force
militaire fournie initialement par l’Union européenne et relevée par les Nations
Unies en mars 2009 (résolution 1861). En 2010, le Tchad a annoncé qu’il
s’opposait au renouvellement du mandat de la MINURCAT, qui a pris fin en
décembre de la même année.
Une force conjointe mixte soudano-tchadienne de 3000 hommes, renforcée depuis
lors à 4 000 hommes, a été mise en place afin de sécuriser la frontière et de
mettre fin aux actions des groupes rebelles. Le Tchad et le Soudan ont annoncé
des programmes de coopération ambitieux dans le domaine économique et des
infrastructures (liaisons routières et ferroviaires). Signe de la consolidation
de cette paix, le Président Béchir a assisté à l’investiture du Président Déby
en août 2011. Le président Déby participe à la médiation du conflit au Darfour.
Il a soutenu l’accord de paix de Doha pour le Darfour de 2011 (DDPD) et
accueilli à deux reprises (octobre 2013 et mars 2014) des représentants
darfouriens et des leaders politiques soudanais dans son village natal d’Oum
Jaras.
Libye
La crise libyenne a eu pour conséquence le retour de milliers de Tchadiens (100
000 en 2011, sur près de 300 000 résidents), qui ont fui les exactions visant
les subsahariens, notamment dans la zone contrôlée par les insurgés qui les
accusaient de soutenir le régime Kadhafi. Les autorités tchadiennes craignent
aujourd’hui que le Sud libyen, devenu une zone de non-droit, ne puisse servir de
refuge aux groupes armés terroristes sahéliens.
Sahel
Etat observateur à la CEDEAO, le Tchad considère avec préoccupation les
développements de la crise du Sahel. L’expertise militaire tchadienne à évoluer
dans l’environnement sahélien a été sollicitée par le Mali pour une intervention
militaire au nord du pays (2000 hommes engagés). Les opérations de l’armée
tchadienne (FATIM), menées dans l’Adrar des Ifoghas aux côtés des forces
françaises, ont conduit le Tchad à payer un lourd tribut. Le Tchad poursuit, au
prix de pertes humaines significatives, son engagement au Mali dans le cadre de
la MINUSMA.
RCA
Jusqu’en avril 2014, le Tchad a joué un rôle majeur au niveau politique et
militaire. Président en exercice de la CEEAC, le président Déby a accueilli à
Ndjamena plusieurs sommets consacrés à la sortie de crise en RCA, et avait
déployé l’un des contingents les plus importants de la force africaine MISCA.
Toutefois, s’estimant mis en cause à tort et victime d’une campagne de
dénigrement, le Tchad a annoncé le 4 avril le retrait de ses troupes (y compris
celles de la force tripartite Tchad-Soudan-RCA, déployée au nord-est du pays),
puis, le 12 mai, la fermeture de sa frontière commune avec la RCA. Malgré cette
attitude de retrait, le président Déby entend toutefois conserver une influence
sur l’échiquier politique centrafricain, étant donné les intérêts de sécurité en
jeu en RCA pour le Tchad.
Le Tchad est aussi préoccupé par la situation des personnes rapatriées ou
réfugiées de RCA, et il sollicite un appui financier de la communauté
internationale
La France soutient des projets d’assistance médicale et nutritionnelle dans le
camp de Doyaba (sud du Tchad). De son côté, l’Union européenne prévoit d’allouer
jusqu’à 15 M€ (3 M€ d’aide humanitaire, jusqu’à 12 M€ au titre de l’Instrument
contribuant à la stabilité et à la paix via deux actions : amélioration des
conditions d’accueil des retournés/réfugiés, prévention du développement de
l’extrémisme aux frontières du Tchad).
Boko Haram
La secte islamiste Boko Haram constitue une menace sécuritaire aiguë pour le
nord-est du Nigéria et, au-delà, le sud du bassin du lac Tchad (zones
frontalières entre Nigéria et Niger, Cameroun, Tchad). Face à cette menace, le
président Déby s’est montré particulièrement actif. Il a ainsi contribué à la
réussite du sommet de Paris du 17 mai 2014. Au mois de janvier 2015, devant
l’inquiétante expansion de la secte au nord du Cameroun et au Niger, les forces
tchadiennes se sont déployées dans ces deux pays, avec l’accord des
gouvernements concernés. L’armée tchadienne est aujourd’hui également engagée au
Nigéria où elle obtient, malgré des pertes importantes, d’incontestables succès.
C’est dans ce contexte que, le 15 juin 2015, deux attentats, les premiers de
l’histoire du pays, attribués à Boko Haram ont frappé des édifices publics à
Ndjamena, causant la mort de 34 personnes et en blessant une centaine d’autres.
Mise à jour : 06.07.15
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