Politique extérieure        0  557 lectures

La Tunisie mène traditionnellement une politique extérieure marquée par la discrétion, la recherche du consensus, la préservation de bonnes relations avec son voisinage proche, notamment maghrébin, et le renforcement de son ancrage euro-méditerranéen. Le discours d’investiture du Président Caïd Essebsi a tracé les grandes lignes d’une politique étrangère fondée sur « le respect de la légalité nationale, la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, la diffusion des valeurs de droits de l’Homme, la consolidation de l’appartenance maghrébine, africaine, arabe, islamique, et méditerranéenne de la Tunisie ».

La priorité européenne
La Tunisie aspire à accéder au statut de « partenaire privilégié » de l’Union européenne, qui est, de très loin, son principal partenaire économique (80 % de ses échanges commerciaux). Elle est le premier partenaire du Sud à avoir conclu en 1995 un accord d’association avec l’UE. La Tunisie est aussi l’un des premiers bénéficiaires de l’aide européenne, 390 millions d’euros pour 2011-2013, et bénéficie de programmes ambitieux d’accompagnement des grands chantiers de la transition (programmes d’appui à la réforme de la justice, réforme du secteur de la sécurité). Le pays est le troisième bénéficiaire des prêts de la Banque Européenne d’Investissements au Sud de la Méditerranée.

La politique arabe
La crise libyenne, qui favorise l’implantation de foyers djihadistes sur le territoire du voisin oriental de la Tunisie, constitue la première source de préoccupation des autorités tunisiennes. Tunis privilégie la coopération régionale et la médiation entre les différentes factions libyennes. La Tunisie plaide pour une solution politique inclusive, et rejette toute perspective d’intervention militaire étrangère, s’accordant sur ce point avec son voisin algérien.

C’est à l’Algérie que BCE a réservé son premier déplacement à l’étranger, le 4 février dernier. Outre leur convergence de vues sur la question libyenne, les deux pays se retrouvent en matière de lutte contre le terrorisme : confrontées depuis deux ans à des poches terroristes à sa frontière orientale, les autorités tunisiennes comptent sur une coopération sécuritaire forte de la part de l’Algérie (en matière de renseignements notamment).

La question palestinienne bénéficie traditionnellement d’un fort capital de sympathie en Tunisie et reste prioritaire pour l’opinion publique tunisienne. La Tunisie avait accueilli le siège de l’OLP de 1982 à la signature des accords d’Oslo en septembre 1993. Hamadi Jebali, ex-Premier ministre tunisien, avait invité Ismaïl Haniyeh, chef du gouvernement Hamas de Gaza, à effectuer une visite en Tunisie en janvier 2012. Cette initiative d’Ennahda avait tendu les relations de la diplomatie tunisienne avec l’autorité palestinienne.

La réorientation de la politique étrangère vers les Etats arabes du Golfe Persique n’est pas allée aussi loin que l’espérait Ennahda au lendemain de la révolution. Le précédent Premier ministre tunisien, Mehdi Jomaa, avait effectué une série de visites officielles dans le Golfe Persique du 15 au 19 mars 2014 (Emirats Arabes Unis, Qatar, Koweït, Bahreïn et Arabie Saoudite). Les aides financières apportées par ces pays se sont avérées avantageuses, mais celles des bailleurs traditionnels de la Tunisie restent indispensables. Les nouvelles autorités tunisiennes se sont notamment tournées vers les Emirats arabes unis, après une détérioration de la relation bilatérale sous la troïka (Ennahda, le CPR et Ettakatol). Le Président Essebsi souhaite également entretenir de bonnes relations avec l’Arabie saoudite, où il s’est rendu à l’occasion des obsèques du roi Abdallah.

S’agissant de la Syrie, le Conseil national syrien (CNS) s’était réuni à Tunis du 16 au 19 décembre 2011. Cette rencontre avait été rendue possible par le soutien personnel du Président Marzouki à l’opposition syrienne. Le 4 février 2012, M. Marzouki avait annoncé que la Tunisie cessait de reconnaître l’état de Bachar Al Assad comme l’autorité légitime en Syrie et avait expulsé l’ambassadeur syrien à Tunis.

Les autres partenaires de la Tunisie
L’arrivée du gouvernement Jomaa, en 2014, avait permis un retour de la confiance dans les relations de la Tunisie avec les États-Unis, qui s’était traduit par des appuis financiers conséquents (en particulier une garantie d’émissions obligataires de 500 M USD) et la reprise d’une coopération en matière sécuritaire. Le Président Essebsi a été reçu en visite officielle à Washington en mai 2015, à l’occasion de laquelle le Président Obama a annoncé son intention d’accorder à la Tunisie le statut d’ « allié majeur non-membre de l’Otan », qui donne accès à une coopération militaire renforcée avec les Etats-Unis, notamment dans l’achat d’armements.

La Tunisie souhaite également se tourner vers les grands pays émergents que sont la Turquie (signature d’un accord de libre-échange en 2004) et le Brésil. Le Premier ministre tunisien, Mehdi Jomaa, a effectué une série de visites officielles dans plusieurs états du Golfe Persique, du 15 au 19 mars 2014. Il s’est ainsi rendu aux Emirats Arabes Unis, au Qatar, au Koweït au Bahreïn et en Arabie Saoudite

Mise à jour : 09.06.15

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