L’Iran possède l’une des civilisations
continues les plus anciennes du monde. L’histoire de l’Iran couvre des milliers
d’années, depuis les civilisations antiques du plateau iranien, la civilisation
des Mannéens en Azerbaïdjan, de Shahr-i Sokhteh (« Ville brûlée ») dans le
Sistan, et l’ancienne civilisation de Jiroft, suivie du royaume d’Élam, de
l’empire Achéménide, des Parthes, des Sassanides jusqu’à l’actuelle République
islamique d’Iran.
Préhistoire et Antiquité
Des vestiges d’occupation humaine remontant au Paléolithique inférieur y ont été
retrouvés au Baloutchistan, dont certains — parmi les plus anciens — ont un âge
estimé à 800 000 ans. Au nord-ouest du pays, dans la région de la mer Caspienne,
des vestiges datant du Xe millénaire av. J. C. attestent de l’apparition d’une
économie de production de biens au Mésolithique. Des sites néolithiques
attestent que la pratique de l’agriculture remonte à 6 et 7 000 ans dans la
vallée de Gorgan, à Tureng Tepe, Yarim Tepe, et au centre du pays à Sialk II
(près de Kashan).
Des objets de cuivre et des céramiques peintes remontant à l’âge du cuivre (il y
a 4 000 ans), ont été retrouvés en Susiane (province du Khuzestan) et à Sialk.
Des recherches archéologiques commencent à peine à faire connaître des
civilisations très anciennes comme la civilisation de Jiroft qui bâtit des
villes 3 000 ans av. J.-C.
Le début du IIIe millénaire av. J. C. voit apparaître une forme d’écriture,
probablement dérivée du système sumérien, à Suse. L’Empire Élamite (précédé par
la civilisation proto-élamite) établit un nouveau pouvoir régional dans le
sud-ouest de l’Iran, et concurrence les empires voisins de Babylonie et
d’Assyrie. C’est au cours du second millénaire avant notre ère qu’arrivent sur
le plateau iranien divers peuples iraniens, provenant d’Asie centrale. Au milieu
du VIIe siècle av. J.-C., les Mèdes, groupes de tribus établis au nord et au
nord-ouest du pays, établissent leur pouvoir sur la région. À la fin de ce même
siècle, les Mèdes et les Babyloniens se libèrent définitivement du joug assyrien
en prenant Ninive en 612 av. J.-C.. C’est à la même période qu’apparaissent les
premières sources mentionnant Cyrus Ier, roi d’Anshan, petit-fils d’Achéménès,
fondateur du premier Empire Perse, celui des Achéménides.
Achéménides
Despotes éclairés, les Achéménides construisent un immense empire s’étendant de
l’Inde à l’Égypte, organisé en satrapies reliées entre elles par un immense
réseau routier. Le cylindre de Cyrus est la première trace écrite d’une
déclaration des Droits de l’Homme, datant de Cyrus II.
Persépolis
La dynastie achéménide
établit des capitales à Pasargades, Persépolis, Suse et Ecbatane. Leur règne est
marqué par les Guerres médiques les opposant aux Grecs. L’empire perse décline
après le règne de Xerxès Ier et chute en 330 av. J.-C., conquis par Alexandre le
Grand, sous Darius III.
Séleucides
Les généraux d’Alexandre établissent la dynastie des Séleucides, qui s’effondre
à son tour en 60 av. J.-C., le dernier reliquat de l’empire, en Syrie étant
transformé en province romaine par Pompée. L’empire Parthe (aussi appelé
Arsacide), fondé par Arsace et Tiridate en 250 av. J.-C., leur succède jusqu’en
224, quand le roi Artaban IV est défait par un de ses vassaux perses. Une
nouvelle dynastie naît ; les Sassanides, qui donnent naissance au second empire
perse.
Sassanides
Les Sassanides furent les premiers à appeler leur empire Iranshahr ou Eranshahr
(en persan ; ????????, Terre des Aryens). Il s’agit d’une des périodes les plus
importantes de l’histoire de l’Iran ; la civilisation perse s’accomplit dans de
nombreux domaines, et influence considérablement le monde romain, les deux
empires étant perpétuellement en guerre. L’influence culturelle atteint l’Europe
occidentale, l’Afrique, la Chine et l’Inde, et continue durant la période
islamique.
Période islamique
La conquête de l’Iran commence en 637, avec 'Umar. Après avoir occupé Ctésiphon,
capitale de l’empire, les musulmans battent l’armée sassanide à Nahavand en
641-642. L’Iran est ensuite rapidement conquis. La conversion à l’islam est
progressive jusqu’au IXe siècle. L’Iran a été islamisé, mais n’a jamais été
arabisé, contrairement aux autres régions conquises par le califat. Les persans
ont même réussi à se distinguer au sein de l’islam, et l’apport culturel,
politique et même religieux des iraniens à cette religion est d’une importance
fondamentale.
Au VIIIe siècle, le Khorassan se rallie à la doctrine dissidente du chiisme et
s’émancipe de la domination arabe. Une révolte renverse la dynastie Omeyyade,
installant les Abbassides à Bagdad en 748. Le pouvoir des califes diminue
progressivement, et plusieurs dynasties régionales émergent en Iran entre 820 et
1005, dont les Samanides. Ces derniers rivalisent avec Bagdad, et créent
d’importants foyers de vie intellectuelle. Outre la culture arabe classique, ils
favorisent l’éclosion de la littérature persane et accordent leur protection à
des penseurs. En 962, la dynastie Ghaznévides s’installe à Ghazna et régne du
Khorasan au Panjâb. C’est sous le patronage de Mahmûd de Ghaznî que Ferdowsi
écrit en persan le Shâh Nâmâ (signifiant « Le livre des Rois »), poème épique
qui recueille les histoires de la mythologie perse.
Un groupe turc, les Seldjoukides, arrive dans la région au XIe siècle15. Les
Ghaznévides, puis les Samanides, sont défaits. L’Iran connaît une renaissance
culturelle et scientifique. L’observatoire d’Esfahan est créé, où Omar Khayyam
met au point un nouveau calendrier qui introduit l’année bissextile ; le
calendrier persan, encore utilisé aujourd’hui. Cette époque voit aussi une
production artistique très riche ; l’Art des Saljukides d’Iran.
Après les Seldjoukides, l’Iran est encore dirigé par des petites dynasties
locales avant d’être envahi par les Mongols de Gengis Khan en 1219. Le pays est
dévasté et l’invasion est désastreuse pour la population. La destruction de
nombreux qanats (un système d’irrigation traditionnel performant) détruit le
réseau d’habitat. Les villes sont détruites et remplacées par des oasis isolées,
la démographie chute et le pays se tribalise. De petites dynasties locales se
mettent en place après la fin de la première période mongole en 1335.
Mais rapidement, le pays est de nouveau envahi ; Tamerlan (ou Timur, d’origine
turque ou mongole), conquiert la totalité de l’Iran, et en devient l’empereur en
1381. L’empire Timouride dure jusqu’en 1507 ; les Chaybanides prennent
Samarcande tandis que les Safavides reconquièrent une bonne partie du territoire
iranien à partir de l’Azerbaïdjan iranien.
Mise en place de l’État iranien moderne
L’Iran se convertit au Chiisme duodécimain au XVIe siècle, sous l’impulsion
d’Ismail Ier, premier souverain Safavide. Cette conversion résulte d’une volonté
de s’affirmer face à la domination des Ottomans sunnites et de créer une
identité iranienne spécifique. La conversion des sunnites est obligatoire, sous
peine de mort31.
L’apogée des Safavides est atteinte sous Shah Abbas Ier le Grand. Le pays est
pacifié, son territoire étendu et son administration centralisée. Son règne est
aussi un âge d’or pour le commerce et les arts (accueil de commerçants et
d’artistes étrangers, développement de la production de tapis, construction
d’Ispahan, etc.).
Une invasion de l’Iran par des tribus afghanes met un terme à la dynastie des
Safavides. La suprématie afghane est assez brève. Tahmasp Quli, un chef de tribu
Afshar, chasse les Afghans et prend le pouvoir en 1736 sous le nom de Nâdir
Shâh. Tout le territoire iranien est repris, depuis la Géorgie et l’Arménie
jusqu’à l’Afghanistan. Des campagnes militaires sont même menées jusqu’à Delhi
en 1739. Nâdir Shâh est assassiné en 1747 par d’autres chefs Afshars.
Le pays est ensuite la proie de luttes tribales pour la conquête du pouvoir ;
Afshar, Afghans, Qajars et Zands se battent. Karim Khan Zand réussit à réunifier
presque tout le pays en 1750. Il refuse de prendre le titre de Shah et préfère
se nommer Vakil ar-Ra’aayaa (« Le Régent des paysans »). Sa mort en 1779 est
encore suivie de luttes. C’est finalement Agha Mohammad Shah Qajar qui prend le
pouvoir en 1794, établissant une dynastie qui dure jusqu’en 1925.
Sous les règnes de Fath Ali Shah, Mohammad Shah, et Nasseredin Shah, le pays
retrouve ordre, stabilité et unité. Les marchands (bāzāris) et les Oulémas
(chefs religieux) deviennent des membres importants de la société iranienne.
Cependant, l’autorité centrale est plutôt faible, la classe dirigeante
relativement corrompue et le peuple exploité par ses dirigeants. Les puissances
coloniales russe et britannique tirent parti de cette situation ; grâce à leur
supériorité militaire et technologique, elles dominent le commerce de l’Iran et
interfèrent dans les affaires internes du pays.
Révolution constitutionnelle et modernisation de l’Iran
Les premières tentatives iraniennes de modernisation commencent sous
Nasseredin Shah. Le système fiscal est réformé, le contrôle central sur
l’administration est renforcé, le commerce et l’industrie sont développés.
L’influence du clergé chiite et des puissances étrangères se réduisent. La
montée de la colère populaire et une demande de réforme mènent le pays à la
révolution constitutionnelle de 1906. L’Iran devient le premier pays
moyen-oriental à faire une révolution et à se doter d’une constitution.
La Première Guerre mondiale voit grandir l’influence des Britanniques, déjà
intéressés par la découverte de pétrole dans le Khuzestan en 1908. Ils essaient
d’imposer l’accord anglo-persan en 1919, qui est refusé par le parlement.
Groupe de révolutionnaires à Tabriz.
Au centre Sattar
Khan et Bagher Khan.
Peu de temps après, un coup d’État fait changer le pouvoir de main, au profit
d’un officier, Reza Khan, qui devient quatre ans plus tard Reza Shah Pahlavi. Au
moyen d’un gouvernement centralisé et fort, il modernise l’Iran ; développement
d’industries lourdes, projets majeurs d’infrastructures, construction d’un
chemin de fer national, création d’un système public d’éducation nationale,
réforme de la justice (jusque là contrôlée par le clergé chiite), création du
code civil iranien, amélioration de l’hygiène et du système de santé. Les droits
spéciaux accordés aux étrangers pendant l’époque Qajar sont annulés pour
diminuer la dépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne et la Russie. Le 21 mars
1935, la communauté internationale est officiellement sommée de ne plus utiliser
le nom Perse mais Iran (nom local depuis les Sassanides - le nom officiel de la
monarchie est État impérial d'Iran). Interdiction du port du voile pour les
femmes et obligation de porter un habit « à l’occidentale » pour les hommes sont
décrétés la même année.
En 1941, Reza Shah commet l'erreur de vouloir rester neutre et refuse
l'expulsion des ressortissants allemands, alors que la Grande-Bretagne a le
contrôle de son pétrole. Les forces britanniques et soviétiques envahissent le
pays, et forcent Reza Shah à abdiquer en faveur de son fils Mohammad Reza
Pahlavi. Il est alors envoyé en exil et meurt en 1944. L’occupation du pays est
d'une importance stratégique majeure pour les Alliés. Ayant déclaré la guerre à
l’Allemagne en 1943, l’Iran se rapproche des puissances occidentales. La même
année, la conférence de Téhéran voit Churchill, Roosevelt et Staline réaffirmer
leur engagement sur l’indépendance de l’Iran, qui devient rapidement membre des
Nations Unies.
Pourtant, en décembre 1945, bénéficiant du soutien de l’Union soviétique, le
Gouvernement du peuple d’Azerbaïdjan et la République de Mahabad déclarent leur
indépendance dans les régions de l’Azerbaïdjan iranien et du Kurdistan iranien.
Des parties du Khorasan, du Gorgan, du Mazandaran et du Gilan sont occupées par
les troupes soviétiques ; la crise irano-soviétique, première de la guerre
froide, se termine en décembre 1946 avec l’effondrement des gouvernements
républicains ayant perdu le soutien de l’URSS.
En 1951, le premier ministre Mohammad Mossadegh nationalise le pétrole. Il est
alors éloigné du pouvoir à la suite d’un complot orchestré par les services
secrets britanniques et américains, l'opération Ajax. Après sa chute, Mohammad
Reza Shah Pahlavi met en place un régime autocratique et dictatorial fondé sur
l’appui américain. En 1955, l’Iran appartient au pacte de Bagdad et se trouve
alors dans le camp américain pendant la guerre froide. Mohammad Reza Shah
modernise l’industrie et la société grâce aux revenus très importants du pétrole
et à un programme de réformes nommé la Révolution blanche.
Révolution iranienne et république islamique
La protestation fracassante de l'honorable Imam Khomeiny (Ra) contre le complot
américain de la "Révolution Blanche", qui était un pas vers la consolidation des
piliers du règne du despotisme et le renforcement des dépendances politiques,
culturelles et économique de l'Iran à l'égard de l'impérialisme mondial, devint
le facteur du mouvement unanime de la nation et aboutit à la révolution
grandiose et sanglante de la communauté islamique au mois de Khordad 1342
(1963), qui était en réalité le point de départ de l'épanouissement de ce
soulèvement glorieux et étendu, consolida et renforça le rôle central de l'Imam
en qualité de guide islamique, et malgré son exil hors de l'Iran à la suite de
la protestation à l'encontre de la loi honteuse de Capitulation (immunité des
conseillers américains) l'union solide de la communauté avec l'Imam devint
permanente, et la nation musulman, et en particulier les intellectuels engagés
et le clergé combattant poursuivirent leur voie au travers de l'exil et de la
prison, de la torture et des exécutions. Au centre théologique de Qom, ses
cours, critiques à l’égard du pouvoir en place, réunissaient de nombreux
étudiants. Le 22 mars 1963, l’Ecole des Sciences islamiques de Feyzié à Qom, fut
envahie par la Savak (Service de l’information et de la sécurité nationale) le
jour de la commémoration du martyr de l’Imam Dja’far Sadeq (a.s). Ce jour-là, un
certain nombre d’étudiants périrent ou furent blessés et l’Ayatollah Khomeiny
(Ra) arrêté sur le champ. Après sa libération, il persista dans sa volonté de
critiquer, par exemple, l’influence grandissante de l’Amérique en Iran.
L’Ayatollah Khomeiny (Ra)
Il fut emprisonné une nouvelle fois le jour de la commémoration du martyr de
l’Imam Hossein (a.s). Lorsque la nouvelle parvint aux participants des
cérémonies de deuil - qui se déroulent généralement dans les rues - elle
provoqua des attroupements et des manifestations en faveur de la libération de
ce dernier, dans les villes de Téhéran, Ispahan, Machhad, Chiraz et Cachan. Les
forces de sécurité se ruèrent alors sur les manifestants. L’Imam resta incarcéré
jusqu’au mois d’août ; mais dès sa libération, il conseilla à ses sympathisants
de boycotter les élections du mois d’octobre et fut de nouveau arrêté.
L’Ayatollah Khomeiny (Ra) fut une fois de plus relâché, au mois de mai. En
réaction à la ratification par l’assemblée d’un décret accordant l’immunité
juridique aux conseillers militaires américains, et le vote d’un prêt de 200
millions de dollars américains pour l’achat de matériel militaire, l’Imam
Khomeiny émit au mois d’octobre un communiqué condamnant les mesures prises par
le régime. Cette fois, il fut envoyé en exil vers la Turquie, et en 1965, vers
l’Irak (à Nadjaf).
Il vécut ainsi treize années consécutives dans la ville sainte de Nadjaf où il
se distingua en sa qualité de personnalité religieuse. Durant cette période, ses
critiques vis-à-vis du régime Pahlavi continuèrent d’être secrètement diffusées
en Iran, et ses messages parvinrent même aux musulmans des différents pays par
le biais du pèlerinage de la Mecque. Ses reproches à l’égard des choix
politiques du pouvoir de l’époque visaient entre autre les réformes agraires
qu’il estimait désastreuses. Les vergers, les pâturages et les champs mécanisés
n’entraient pas dans le cadre de la réforme agraire ; ce qui permettait ainsi
aux grands propriétaires de transférer illégalement leurs terres à leurs
proches, ou encore, de les transformer en terrains affranchis de toute
partition. En Iran, seuls 9% des cultivateurs étaient alors propriétaires et
l’Etat ne leur procurait aucune aide pour augmenter leurs productions.
Le blé et les autres denrées alimentaires étaient tous importés et l’agriculture
nationale très peu encouragée. Durant toute cette période, on assista à un large
mouvement d’émigration de paysans vers les villes (8% par an) en raison du
chômage qui sévissait dans les villages. La production nationale déclina et le
pays devint de plus en plus dépendant de l’étranger. Les revenus pétroliers
favorisaient les achats de matériel militaire américain, alors que la grande
majorité de la population se démenait pour sa subsistance ; ce qui ne fit
qu’augmenter l’insatisfaction au sein de la société iranienne.
Durant les années 1970, avec l’augmentation du prix du pétrole, le Shah annonça
que l’Iran rejoindrait bientôt le groupe de tête des cinq premières puissances
mondiales ! Il fit preuve d’un véritable manque de lucidité quant à la quantité
de denrées alimentaires indispensables pour répondre aux besoins de la
population, à la démographie florissante du pays ; les occidentaux de leur côté,
transformaient les pétro-dollars du Shah en armements de toutes sortes. C’est
ainsi que l’Iran se retrouva en possession d’un nombre important de tanks
Chieftains anglais. Les américains vendaient leurs avions militaires au Shah
bien avant leur sortie des chaînes de production. Les hommes d’affaires
américains ont en fait joué un rôle essentiel dans l’économie du pays. Le ciment
et les matériaux de construction furent principalement employés pour bâtir des
bases militaires alors que ces mêmes matériaux venaient à manquer pour la
construction de maisons individuelles civiles. Le pétrole, les banques et
l’armement iranien étaient contrôlés de très près par l’Amérique. Et pour finir,
les cérémonies fastueuses du couronnement en 1971 et celles, célébrant les
soi-disant 2500 ans de règne de l’Empire perse, ne firent en fait qu’augmenter
et rendre encore plus évident l’écart trop important entre les classes pauvres
et riches de la société iranienne de l’époque. Toutes ces décisions et démarches
ne cessèrent d’être critiquées, tour à tour et très sévèrement par l’Ayatollah
Khomeiny (Ra).
La répression de la liberté de parole, de la presse en somme, et de toute
opposition vis à vis du pouvoir, aboutirent à cimenter les oppositions à
l’étranger. La distribution des messages émis par l’Ayatollah Khomeiny (Ra), se
faisait sous forme de cassettes et encourageait d’autant plus la résistance.
Dans ces enregistrements, l’Imam Khomeiny demandait aux religieux présents sur
le terrain en Iran, de condamner la répression politique et le gaspillage des
ressources nationales. Lorsque le Shah se rendit en 1977 à Washington pour y
rencontrer Jimmy Carter, il dut faire face à des manifestations hostiles à son
égard. D’un autre côté à l’intérieur même de l’Iran, certaines étudiantes
décidèrent de porter le voile islamique dans les universités, en guise de
contestation. En 1977, des agents de la Savak assassinèrent Mostapha, le fils
aîné de l’Imam Khomeiny. Suite à son martyr de nombreuses cérémonies de deuil
furent organisées par les opposants au régime pour célébrer sa mémoire.
Au mois de janvier 1978, un article outrageant, à propos de l’Ayatollah Khomeiny
(Ra), fut publié dans le journal Etela’at. Le lendemain, les étudiants de Qom
organisèrent une manifestation pacifique et prirent l’initiative de se
rassembler en signe de protestation ; mais les forces de sécurité réagirent très
violemment et un certain nombre de personnes tombèrent en martyr. Ce mouvement
se propagea dans le reste du pays, et l’Ayatollah Khomeiny (Ra) demanda au
peuple de poursuivre la lutte pour renverser le régime du Shah et instaurer un
gouvernement islamique. Lors de chaque cérémonie souvenir, quarante jours après
le martyr des étudiants en religion de la ville sainte de Qom, qui se déroulait
dans les différentes villes du pays, des étudiants tombèrent sous les assauts
des forces de sécurité. Les manifestants réclamaient en tout premier lieu le
retour de l’Ayatollah Khomeiny (Ra).
Au mois de septembre de la même année, le Shah demanda l’extradition de l’Imam
de l’Irak, espérant ainsi ébranler son autorité religieuse en séparant ce
dernier de ses sympathisants. L’Imam Khomeiny accepta alors de se rendre dans un
pays, en dehors du domaine d’influence du régime des Pahlavis. En octobre,
l’Imam Khomeiny s’installa à Neauphle-le-Château, proche de Paris.
l’Imam Khomeiny à Neauphle-le-Château
L’année suivante, toujours au mois de septembre (mois de Ramadhan) une
manifestation importante eut lieu qui aboutit à la déclaration et à
l’installation d’un état de siège dans tout le pays. Le lendemain, des citoyens
de Téhéran, non avertis, se rendirent à la tristement célèbre place Jaleh pour y
proclamer une nouvelle fois leurs revendications ; les forces de l’ordre firent
alors feu, tuant un grand nombre de protestants. La nation horrifiée, se souleva
alors toute entière. L’étendue des grèves provoqua la fermeture des bazars, des
écoles et des universités. Des arrêts de travail eurent également lieu dans les
administrations, les usines et l’industrie pétrolière. Pendant ce temps les
proches et les amis de la famille régnante quittèrent le pays en toute hâte.
L’Ayatollah Khomeiny (Ra) continuait pour sa part d’envoyer régulièrement des
missives depuis Paris. Au cours du mois de Moharram, les 10 et 11 décembre de la
même année (journées de deuil général en souvenir du martyr du troisième Imam
chiite), environ 4 millions de personnes sortirent dans les rues pour réclamer
un gouvernement islamique avec à sa tête, l’Imam Khomeiny. Durant ces journées
des milliers de participants non armés furent tués. Ceux qui étaient arrêtés,
étaient systématiquement torturés. Les fortes pressions de l’opinion publique
obligèrent l’Amérique à encourager le Shah à nommer un nouveau premier ministre,
espérant ainsi neutraliser l’influence de l’Imam Khomeiny dans le pays.
Mais la population considérait le Shah comme principal responsable. Le 16
janvier 1979, le Shah quitta enfin l’Iran à destination de l’Egypte, abandonnant
ainsi le pays à un gouvernement impuissant face au soulèvement populaire. Début
février, l’Imam rentra en Iran et une foule chaleureuse lui fit un accueil sans
précédent. L’Imam ordonna sans plus attendre la formation d’un gouvernement
islamique provisoire.
Peu après ce sont des centaines de membres de l’armée de
l’air qui se rendirent auprès de l’Imam pour lui apporter leur soutien. Pour
toute réponse des gardes impériaux s’attaquèrent de manière imprévisible à l’une
des bases militaires de la capitale. La foule privée d’armes demanda alors
l’aide du personnel des forces aériennes, et les gardes furent en fin de compte
obligés de regagner leur caserne. Peu à peu la majeure partie des forces de
sécurité adoptèrent l’Imam Khomeiny en tant que guide, et les postes de police,
les prisons, les bases militaires et les administrations gouvernementales
tombèrent aux mains des révolutionnaires.
Les 21 et 22 Bahman de l'année mille trois cent cinquantesept(10 et 11 février
1979) furent les jours de l'effondrement dufondement de la royauté, brisant le
despotisme intérieur et ladomination étrangère s'appuyant sur lui; et avec cette
grandevictoire, l'aube de l'Etat islamique, qui était un souhait delongue date
du peuple musulman, a annoncé la bonne nouvellede la victoire finale. La nation
iranienne a proclamé, de manière unanime et avecla participation des sources
d'imitation religieuse, des ulémas del'Islam et du Guide, au cours du référendum
sur la RépubliqueIslamique, sa décision finale et catégorique d'instaurer
lenouveau régime de la République Islamique, et a voté à lamajorité de 98,2%, en
faveur du régime de la République Islamique.
L'occupation de l’ambassade des États-Unis à Téhéran entre le 4 novembre 1979 et
le 20 janvier 1981 pousse l’administration Carter à rompre ses relations
diplomatiques avec l’Iran, puis à imposer des sanctions économiques le 7 avril
1980. Le 22 septembre 1980, profitant de la faiblesse des forces armées
iraniennes l’Irak envahit l’Iran. La politique officielle des États-Unis cherche
à isoler l’Iran. Les États-Unis et leurs alliés fournissent des armes et de la
technologie à Saddam Hussein, qui a pour objectif de s’emparer des champs de
pétrole du Khuzestan. Ironiquement, des membres de l’administration Reagan
vendent secrètement des armes et des pièces détachées à l’Iran dans ce qui est
connu sous le nom de affaire Iran-Contra. L’Iran accepte de respecter le
cessez-le-feu exigé par la résolution 598 du conseil de sécurité de l’ONU le 20
juillet 1987. Le 15 août 1990, Saddam Hussein accepte de revenir aux accords
d’Alger de 1975 ; retour à un statu quo ante.
L'Imam est décédé le 4 Juin 1989 (29 CHAWWAL 1409) à Téhéran. Il est inhumé près
du cimétaire Beheshté Zahra, à 25 Km de Téhéran (sur la route de Qoum), où une
Grande Mausolée lui est consacrée.
Après la mort de l’Imam Khomeiny (Ra) le 3 juin 1989, l’assemblée des
experts choisit le président sortant, l’Ayatollah Khamenei comme l’honorable
Guide suprême de la Révolution islamique. La constitution est modifiée à la
suite de son arrivée au pouvoir.
Depuis la modification de la constitution en 1989 qui a supprimé la fonction de
Premier ministre et a fusionné la plupart des tâches du Premier ministre avec
celles du président, la présidence de la République est devenu un poste
significatif en termes d'influence gouvernementale. En contraste avec la plupart
des républiques, le chef de l'État iranien n'est pas le président de la
République mais le Guide suprême. Le président actuel est Mahmoud Ahmadinejad.
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