S’il y a eu des scènes de joie vendredi soir à Conakry après l’annonce par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) des résultats provisoires du scrutin du 27 juin, elles se sont déroulées dans l’intimité. Comme à la résidence du vainqueur du premier tour (39,70% des voix), Cellou Dalein Diallo, candidat de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Vers minuit, quelques dizaines de proches et de militants euphoriques se trouvaient en effet dans le parking de son domicile où ils dansaient et chantaient sous le regard attentif de la garde spéciale accordée à l’ancien Premier ministre, en janvier dernier, suite aux accords de Ouagadougou.
Quant à Cellou Dalein Diallo, vêtu d’un grand boubou blanc immaculé, il affichait une mine sereine et des ambitions claires. « Je suis heureux d’être arrivé en tête de ce premier tour, mais nous devons maintenant tout mettre en œuvre pour que le second se passe dans de meilleures conditions car malgré notre victoire nous avons été lésés dans plusieurs de nos fiefs », a-t-il dit revenant entre autres sur les problèmes d’organisation imputés à la Ceni et sur le manque de préparation des agents des bureaux de vote.
Pour ce qui est des futures alliances, et particulièrement d’un éventuel rapprochement avec l’ancien Premier ministre Sidya Touré (Union des forces républicaines, UFR), arrivé troisième avec 15,60% des suffrages, il a souligné qu’il avait été ministre dans le gouvernement du candidat malheureux et qu’ils ont eu une « excellente collaboration ». Néanmoins, a-t-il précisé, aucune démarche n’a encore été faite en ce sens.
Alpha Condé : sans commentaire
Arrivé second au premier tour, l’opposant historique Alpha Condé, dont plusieurs sympathisants croisés à son domicile, au quartier de Madina, étaient préoccupés par les résultats du vote entaché d’irrégularités, s’est abstenu de tout commentaire. Vers minuit, des cadres de son parti ont fait savoir à la presse qu’il était fatigué et dormait. Il est néanmoins apparu quelques minutes plus tard au travers d’une porte vitrée. Accroché au téléphone, il ne s’est pas intéressé aux journalistes, pourtant nombreux.
Après la publication des résultats, à minuit, Conakry était plutôt calme malgré la présence de quelques groupes de personnes devisant devant de petits commerces restés ouverts, à Dixinn, Matam et Kaloum (trois communes parmi les cinq que compte la ville) par exemple. La mise en garde du président de la Transition, le général Sékouba Konaté, sur d’éventuels débordements y est sans doute pour quelque chose. Eléments armés du Bata (Bataillon autonome des troupes aéroportées) et de la gendarmerie étaient aussi déployés en divers points de Conakry. Notamment à l’entrée de Kaloum (commune abritant le centre administratif) où ils procédaient à des vérifications d’identité et à des fouilles minutieuses de tous les (rares) véhicules.
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